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Rupture des relations diplomatiques Burkina-Taïwan : « Je pense que nos étudiants ne devraient pas avoir de problèmes », Jacques Sawadogo, ancien ambassadeur

Publié le vendredi 25 mai 2018 à 23h42min

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Rupture des relations diplomatiques Burkina-Taïwan : « Je pense que nos étudiants ne devraient pas avoir de problèmes », Jacques Sawadogo, ancien ambassadeur

Jacques Sawadogo est certainement l’un des ambassadeurs qui auront travaillé à consolider les relations entre le Burkina Faso et la Chine Taïwan. Envoyé à Taipei en tant que premier ambassadeur du Burkina Faso auprès de la République de Chine Taïwan après la reprise des relations entre les deux pays en 1994, il y aura passé une vingtaine d’années. À l’annonce de la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays, il a accepté de donner sa lecture de la situation à votre journal en ligne lefaso.net. Lisez plutôt !

Lefaso.net : Durant tout ce temps que vous avez passé en Chine Taïwan, comment appréciiez-vous les relations entre les deux pays ?

Jacques Sawadogo (J.S.) : Les relations étaient, de mon point de vue, excellentes. On avait une belle coopération dans presque tous les domaines et Taïwan nous appuyait beaucoup dans les domaines de l’agriculture, de la production du riz, des aménagements, dans le projet Bagré. Il nous appuyait aussi dans le domaine médical avec l’équipe médicale à Koudougou et aussi l’hôpital Blaise-Compaoré. Ils ont contribué au financement et à la construction de cet hôpital.

Lefaso.net : Le Burkina Faso vient de rompre ses relations diplomatiques avec la Chine Taïwan ; quelle lecture faites-vous de cette rupture ?

J.S. : Comme on le dit, les pays n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts. Les relations entre pays relèvent de la responsabilité du chef de l’État. Si notre président, son excellence Roch Kaboré, a jugé utile de renouer les relations avec la Chine continentale, c’est son rôle, c’est lui seul qui est habilité à prendre de telles décisions. C’est lui qui juge si c’est opportun ou non de continuer ces relations.

Je suis resté en Chine Taïwan pendant plus de 20 ans en tant qu’ambassadeur, sentimentalement, je suis pour cette coopération. Mais comme je le dis, dans les relations diplomatiques entre pays, il n’y a que les intérêts entre Etats qui comptent, ce ne sont pas les sentiments.

En ce qui concerne les nombreux étudiants burkinabè qui sont là-bas, je crois que malgré tout, Taïwan permettra qu’ils puissent terminer leurs études. C’est vraiment un pays qui admire notre pays, donc je pense que nos étudiants ne devraient pas avoir de problèmes. Quelle que soit la situation de nos relations, Taïwan, c’est un pays qui a de la considération pour notre pays et pour ses ressortissants, donc je crois qu’ils vont permettre aux étudiants de terminer et de rentrer avec leurs diplômes. Ça, c’est mon sentiment personnel.

Propos recueillis par Justine Bonkoungou

Lefaso.net

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Vos commentaires

  • Le 26 mai 2018 à 08:00, par Ka En réponse à : Rupture des relations diplomatiques Burkina-Taïwan : « Je pense que nos étudiants ne devraient pas avoir de problèmes », Jacques Sawadogo, ancien ambassadeur

    Son excellence J. Sawadogo, on peut vous classé parmi les doyens de nos ambassadeurs à l’extérieur comme Gomkoudougou Victor Kaboré le feu ancien doyen des ambassadeurs des pays Africains en France, ou les T. M. Garango a l’ONU et en Allemagne, comme Anatole Tiendrebeogo, qui ont porté fièrement le drapeau de la Haute-Volta au Burkina pour lier amitié et coopérations sans tabou.

    Avec Taiwan vous l’aviez bien prouvé. Ne serait-ce à vos débuts en 1996 dans ce pays avec l’appui du secteur agricole dont des encadreurs Taiwanais et Burkinabé mains dans la mains ont montré la voie de la culture du riz, et sur le plan du système sanitaire, Taiwan en cœur et âme a prouvé que la santé des Burkinabé était aussi la leur : La commune de Koudougou qui ne peut le nier, ou les CSP du Nord de notre pays, en passant par l’hôpital Blaise Compaoré, sont des preuves de la marque de Taiwan dans notre pays. Et aujourd’hui le Burkina ne peut en aucun cas se donner dans l’angélisme, ni voiler la face du bien fait de Taiwan ou de sa sincérité en amitié vers le peuple Burkinabé.

    Oui comme vous le dites, la décision de cette rupture compréhensif par la pression de la Chine continentale, et l’incompréhension pour des Burkinabé lambda qui recevaient des aides de ce pays ami, vienne du premier Burkinabé qui est le président Roch Kaboré dont l’objectif est de défendre là où il y a plus d’intérêt pour son pays : Car, en politique de coopération internationale, il n’y a ni sentiment ni éthique de quoi que ça soit, comme le président Trump le prouve au 21e siècle, un siècle de profit sans reconnaissance. Merci excellence pour votre humble témoignage.

  • Le 26 mai 2018 à 12:11, par Africa En réponse à : Rupture des relations diplomatiques Burkina-Taïwan : « Je pense que nos étudiants ne devraient pas avoir de problèmes », Jacques Sawadogo, ancien ambassadeur

    Dans ses relations avec la Chine (continentale) de Mao Zedong et la Chine (Île de Formose) de Tchang Kaï-chek, le Burkina joue à la navette de tisserand depuis 1961. Nous venons ainsi de boucler le 2ème va-et-vient. Depuis le 24 mai, nous entendons ressasser la célèbre formule du Général Chargé de Gaulle " les États ont des intérêts, ils n’ont pas d’amis". Quels sont donc les intérêts poursuivis par la Haute-Volta, devenue Burkina, pour justifier ce jeu de navette de tisserand avec les deux Chines ?
    En 1961, le Président Maurice Yaméogo noua des relations avec Taïwan dans un contexte de guerre froide larvée entre les tenants de deux blocs idéologiques diamétralement opposés. Les pays d’Afrique nouvellement indépendants se réclamaient non-alignés tout en s’alignant dernière un bloc. Le Président Yaméogo fut un des fers de lance de l’anti-communisme en Afrique l’Ouest. En retour, il bénéficia de plaines rizicoles aménagées par Taïwan et la bienveillance du camp occidental. Il fut reçu avec tous les honneurs à la Maison Blanche et à sa descente d’avion à Paris par le General de Gaulle.
    En 1973, le Président Aboubacar Sangoulé Lamizana, rompit les relations avec Taïpei, suite à la révocation de Taïwan et à la reconnaissance de la Chine de Mao par l’ONU en 1971. Le Pays en a tiré des avantages matériels (stade de l’amitié devenu stade du 4 Août) et des avantages immatériels (circulation des documents et des idées marxiste-léninistes, importation du petit livre Rouge de Mao, du Capital de Karl Marx et et bien d’autres par les étudiants sans subir la répression), ce qui a contribué à l’éveil des consciences politiques dans divers milieux.
    En 1994, le Président Blaise Compaoré décida de revenir à Taïpei dans un contexte d’après-guerre froide marqué par la fin des batailles idéologiques au profit de la mondialisation économique. Taïwan faisait alors partie des tigres d’Asie (Corée du Sud, Singapour et Hong Kong) avec un taux de croissance à 8,5% pendant 30 ans, des universités au top de la recherche et de la formation, et une haute maîtrise des technologies de l’informations et de la communications (TIC) avec une production de 98,5% des cartes mère d’ordinateurs dans le monde.
    Pendant ce temps, la Chine continentale faisait face aux évènements de la place Tienanmen en 1989 ; les observateurs politiques prédisaient la chute du régime communiste. Mais la Chine réussit à endiguer les mécontentements et adopta une nouvelle approche "d’annexions économiques" de plusieurs pays de la région y compris Taïwan. De sorte que de nos jours, ce sont des dizaines de milliers d’industriels de Taïwan qui se sont délocalisés sur la Chine continentale afin de profiter d’une main d’œuvre qualifiée et peu chère, conséquence du néolibéralisme sans frontière. Le "made in Taïwan" est devenu "made in China". La réunification économique est une réalité. La nouvelle stratégie de Pékin a triomphé.
    En 2018, le Président Rock Christian Marc Kaboré, tirant les bonnes leçons des forces en présence, a donc décidé de repartir à Pékin. Désormais, la Chine super-puissante et courtisée par le monde entier, est incontournable. La décision du président est donc logique et sage. Il n’y a donc pas lieu de ressasser la fameuse formule du Général de Gaulle en la sortant de son contexte pour justifier cette décision. Ne faisons pas croire aux pays amis du Burkina que nous sommes un peuple ingrat et opportuniste, courant après des subsides faciles. Le peuple de Taïwan mérite l’amitié éternelle du peuple du Burkina comme semble d’ailleurs le suggérer avec diplomatie l’ambassadeur Jacques Y Sawadogo

    Pour conclure, je cite le leader chinois Deng Xiaoping (la stratégie en 28 caractères chinois) :
    "Observons avec calme, garantissons nos positions, gérons les affaires avec sang-froid, cachons nos capacités et attendons notre heure, sachons garder un profil bas, ne prétendons jamais au leadership, toujours cherchons des réalisations".

  • Le 26 mai 2018 à 15:34, par sidbala En réponse à : Rupture des relations diplomatiques Burkina-Taïwan : « Je pense que nos étudiants ne devraient pas avoir de problèmes », Jacques Sawadogo, ancien ambassadeur

    Si sur le plan politique beaucoup pensent que la rupture diplomatique avec la chine Taïwan est une bonne chose, il faudra aussi voir le revers de la médaille dans le long ou le court terme. Le projet des six engagements qui a fait beaucoup de réalisations d’infrastructures sociales de bases (forages équipements sanitaires et sportifs entres autres) a fait naitre beaucoup d’entreprises parce que la chine Taïwan donne les moyens et vous laisse l’exécution dans le sens de promouvoir l’emploi et lutter contre le chômage ; par contre la chine pop va vous construire tout ce que vous voulez sans qu’aucun Burkinabè ne s’y mêle.
    Je prends pour exemple le stade du 4 aout où les chinois coulaient le béton tard dans la nuit où aucun Burkinabè ne pouvait voir quoi que ce soit, les ouvriers eux étaient de simplement des prisonniers qu’il faisait venir pour purger leurs peines. Pour le cas du stade du 4 aout après leur départ ont était obliger de changer carrément les projecteurs parce qu’aucun Burkinabè ne maitrisait la technique à chaque fois qu’une ampoule venait à céder.
    Le pouvoir veut à tout prix faire du populisme à fin de vouloir lancer des projets gauches droits dans le but de laver les esprits des Burkinabès en préludes des élections à venir.
    AU BURKINA ON EST TROP SENSATIONNEL, APRES L’EUPHORIE ON VERA BIEN SI C’EST LA MEUILLEUR OPTION.
    ON A L’IMPRESSION QUE LE GOUVERNEMENNT EST PANIQUE.
    CE QUI EST SUR LA CHINE POP SAIT QUE NOUS AVONS FRAPPER A BEAUCOUP DE PORTES SANS SUCCES, VOILA POURQUOI ON A VITE FAIT DE ROMPRE AVEC LA CHINE TAIWAN, EN PLUS L’AUTRE ARGUMENT ON VA ROMPRE D’AVEC LES AMIS DE L’ANCIEN REGIME.
    • LE PNDES = ECHEC
    • LE PPP = ECHEC
    Les partenaires traditionnels ne veulent pas du tout accompagner ce gouvernement de poltrons, résultats on va briser toutes sortes de politesse pour ne pas quitter du pouvoir les mains vides.

    ON NE FAIT PAS LE BONHEUR D’UN HOMME A SA PLACE. LA CHINE TAIWAN NOUS APPRENAIT A PECHER QUE DE NOUS DONNER DU POISSON TOUT LE TEMPS.
    POUR TOUT DEVELOPPEMENT COMMENCONS A SECURISER LE PAYS DABORD

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