Burkina : 51,6% des femmes sont mariées avant d’avoir 18 ans
LEFASO.NET | Moussa DIALLO
Le Burkina a adopté en novembre 2015 une stratégie nationale de prévention et d’élimination du mariage d’enfants. Dans le cadre de la mise en œuvre de cette stratégie, une session ordinaire de la plateforme multisectorielle, l’organe de pilotage de ladite stratégie s’est tenue le 20 octobre 2017, à Ouagadougou. Objectif : dresser le bilan des activités réalisées depuis la dernière session, en juin 2016. En introduction à cette session, un panel a été animé par les membres de l’amicale des épouses des membres du gouvernement, avec l’accompagnement technique et financier de l’UNICEF et de l’UNFPA.
Chargée de définir les grandes orientations en matière de promotion de l’abandon du mariage d’enfants au Burkina et d’assurer le suivi de la mise en œuvre des plans d’opérationnalisation de ladite stratégie, la plateforme multisectorielle a tenu sa 2e session ce 20 octobre 2017, après celle de juin 2016.
Cette session, en plus d’être le cadre d’évaluation des progrès enregistrés, des défis et des options stratégiques pour accélérer la mise en œuvre de la stratégie, a servi de plaidoyer à l’endroit des autorités. C’est dans cette perspective, qu’a été organisé un panel, en prélude à l’ouverture de la session. Ledit panel a été animé par les membres de l’amicale des épouses des ministres et modéré par l’épouse du Chef de l’Etat, Sika Kaboré. « Cette activité s’inscrit dans le cadre des initiatives novatrices pour accélérer l’élimination des mariages d’enfants dans notre pays », a confié Mme Kaboré.
Une femme sur 10 est mariée avant d’avoir 15 ans
Les mariages d’enfants, les mariages forcés sous toutes leurs formes restent fortement soutenues par les pratiques coutumières, traditionnelles et religieuses dans notre pays. A en croire les panélistes du jour, « le Burkina, avec un taux de mariages d’enfants de moins de 18 ans estimé à 51,6% occupe le 5e rang des pays où sévit cette pratique ». C’est donc dire que plus de la moitié des femmes burkinabè sont mariées avant leur majorité, donc pendant qu’elles étaient encore enfants. Une femme sur 10 est mariée avant l’âge de 15 ans. Si toutes les régions sont touchées par le phénomène, le Sahel et de l’Est ont des taux plus qu’inquiétants, respectivement 72% et 76% des femmes mariées avant 18 ans.
Ce phénomène n’est pas sans conséquences pour les victimes aussi bien pour leur santé que pour leur épanouissement social et économique : accouchements difficiles, mortalité maternelle et infantile élevée, dépendance économique…
Les épouses des membres du gouvernement s’engagent
Au regard de l’ampleur de la pratique et des conséquences qui en résultent, il s’avère indispensable d’insuffler à la lutte une plus grande manifestation de la volonté politique. Et la tenue du panel visait à rappeler l’enjeu de développement que constitue la lutte contre les mariages d’enfants dans notre pays, mais aussi susciter une plus forte implication des ministres concernés dans la dynamique engagée pour son élimination au Burkina.
« C’est donc dictée par cette motivation profonde que j’ai décidé de conduire cet évènement de haut niveau avec membres de l’amicale des épouses des membres du gouvernement sous l’accompagnement technique et financier de l’UNICEF et de l’UNFPA », a précisé l’épouse du chef de l’Etat. Qui dit espérer que ce panel marquera un nouveau crépuscule pour l’accélération de la fin des mariages d’enfants, des mariages précoces et ou forcés. En tous les cas, elle a tenu les membres de la plateforme multisectorielle et tous les acteurs engagés dans cette lutte, de son engagement personnel et de celui de l’amicale des épouses des membres du gouvernement dans cette lutte. Toute chose qui devait permettre de débarrasser notre pays des mariages d’enfants et de toutes les pratiques qui portent encore atteinte à la dignité des femmes et des enfants.
La « bombe atomique » du Premier ministre pour gagner le combat
Faut-il le préciser, le Premier ministre paul Kaba Thiéba a pris part à cette rencontre, en compagnie de sept de ses ministres et un secrétaire d’Etat. Tous ont pris la parole pour saluer cette initiative. Mieux, ils ont pris des engagements, chacun dans son domaine de compétence, pour accompagner la promotion de l’abandon des mariages d’enfants. Ils ont également fait des suggestions et l’épouse du chef de l’Etat s’est engagée à développer des initiatives pour concrétiser ces suggestions en actes concrets sur le terrain.
« Les exposés faits par l’amicale des épouses des ministres ont été brillants et très didactiques. Ils nous ont permis de nous édifier sur la réalité des mariages des enfants au Burkina Faso. Le constat est accablant parce que nous avons appris que nous sommes 5e parmi les pays les moins performants en matière de prévalence de mariage d’enfants, avec un taux proche de 52%. Ça, je ne le savais pas. C’est une situation qui est grave et constitue une menace pour l’avenir du pays. Alors, c’est pourquoi l’engagement de l’amicale des épouses des ministres, accompagnée par les PTF mérite d’être soutenu par le gouvernement. Ma présence ainsi que plusieurs membres du gouvernement témoigne également du soutien du gouvernement pour toutes ces initiatives qui sont prises », a confié le Premier ministre Paul Kaba Thiéba.
Pour le chef du gouvernement, l’éducation est l’une des clés pour vaincre ce phénomène. « La seule bombe atomique dont nous disposons pour lutter contre le mariage des enfants, c’est l’éducation », a-t-il martelé.
Moussa Diallo
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