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Ensablement du lac de la Kompienga : Une initiative locale pour sauver un « trésor » national

LEFASO.NET | Soumaila Sana

Publié le dimanche 23 juillet 2017 à 00h48min

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Ensablement du lac de la Kompienga : Une initiative locale pour sauver un « trésor » national

Dans le cadre de l’accompagnement de l’Etat burkinabè pour la mise en œuvre de ses stratégies et politiques, un cadre de concertation et de réflexion sur la problématique de la gestion du lac de la Kompienga s’est tenu ce mercredi 19 juillet 2017 à la Kompienga.

Le lac de la Kompienga représente une richesse nationale d’une capacité de 2050 millions de m3 d’eau formée par le barrage sur l’Oualé et un affluent de la Pendjari (Oti au Togo). Construit à la fin des années 1980, ce barrage hydroélectrique alimente Ouagadougou et Kompienga en électricité. La production du riz, de poisson, de l’écotourisme grâce à ce barrage génèrent chaque année des revenus pour les populations et l’Etat.

Les exploitations des eaux de surface se font donc à des fins diverses comme la culture irriguée, l’élevage, l’industrie, l’hydroélectricité, la pêche... Cependant, il est menacé par l’ensablement, l’érosion des berges, l’évaporation sur fond de changements climatiques. Des études ont montré que si rien n’est fait d’ici 50 ans, ce barrage verra son exploitation menacée. En effet, depuis sa mise en exploitation en 1989, environ 3m de hauteur de sable (450 millions de m3 de sable) s’y sont entassés alors qu’en aval du lac, la hauteur de l’ensablement atteint au moins 1m aujourd’hui.

La cote maximale étant de 180 m et minimale de 165m pour être capable de produire l’électricité sur une profondeur du lac de 41m, la Kompienga a frôlé en 2017, l’arrêt de la centrale. En effet, la cote était descendue jusqu’à 67,32 le 30 juin 2007. En dessous de 2m de cette barre, la centrale s’arrêtait. Si en 20 ans, 3m de sable se sont accumulés au fond du lac, il est à prévoir qu’en moins d’un demi-siècle, le fonctionnement des turbines soit durablement perturbé. Ainsi, la centrale ne pourra plus fournir les 14 Mégawatts pour soutenir la demande en électricité de Ouagadougou.

Au regard de ce danger qui menace le lac et le barrage, les acteurs locaux ont initié un cadre de concertation pour réfléchir sur la gestion de l’infrastructure. C’est en présence des gouverneurs des régions de l’Est et du Centre-est que le cadre s’est réuni. Avant l’entame des travaux, les deux délégations (régions de l’Est et Centre-est) ont effectué une visite sur le site du barrage afin de toucher du doigt la réalité. Avec l’accompagnement du programme national de gestion des terroirs (PNGT2) dont l’objectif est de renforcer les capacités des communautés rurales et des structures décentralisées pour la mise en œuvre des plans locaux de développement qui favorisent la gestion durable des terres, des ressources naturelles et des investissements rentables au niveau des communes, etc.

Le cadre de réflexion autour de la gestion du lac de Kompienga avait pour objectifs de contribuer à la gestion durable du lac à travers la dynamisation d’un dialogue permanent entre les différents acteurs et de partager avec les acteurs les principales préoccupations liées à la gestion durable du lac. De plus, il visait à analyser les moyens d’existence et de production des différents acteurs qui exploitent la ressource et les impacts de leurs actions sur sa gestion durable, à échanger sur les stratégies à développer pour assurer une meilleure gestion du lac et à convenir d’un dispositif régional, provincial et communal de suivi des engagements et des actions à développer ou à mettre en œuvre. A la fin de la rencontre, les acteurs ont accordé leurs violons.

A entendre Ousmane Bolly, coordonnateur régional du PNGT-2 Est, le lac qui a un intérêt national et sous régional est menacé par l’ensablement et des actions des hommes. « Nous sommes confrontés à des problèmes de délestage, raison pour laquelle le programme a décidé d’accompagner les acteurs de la région du Centre-est et de l’Est pour réfléchir autour de la problématique de la gestion durable du lac et jeter les bases pour que les différents acteurs qui sont impliqués puissent vraiment s’organiser afin de sauver le lac pour les générations futures », a-t-il soutenu.

Soumaila SANA
Lefaso.net

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