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Université de Ouagadougou : Halte aux ingérences politiciennes !

Publié le mercredi 11 mai 2005 à 07h13min

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L’Université de Ouagadougou bascule tout doucement vers le chaos. C’est du moins le constat qu’on peut faire au regard des derniers développements de la crise. Après que le contingentement à l’UFR sciences de la santé ait embrasé tout le campus en fin avril, aujourd’hui ce sont les différents syndicats d’étudiants qui s’affrontent avec surtout, l’interposition de loubards recrutés.

Et le danger est réel dans cette ambiance électrique des marches de soutien et des meetings où les esprits sont déjà occupés par la campagne électorale. Il y a urgence en la matière. Manifestement, la collusion du politique, qui complique la donne, avec le milieu estudiantin, n’a jamais été aussi importante.

Tapis dans l’ombre, ces pêcheurs en eaux troubles ont encouragé la création de multiples syndicats ou clubs d’étudiants financés à coup de millions de F CFA pour occuper le terrain. Du coup, les politiciens (du pouvoir comme de l’opposition) ont développé chacun une antenne, prenant ainsi en otage l’université. Cette situation constitue assurément le terreau de la violence dans les cités et au campus. Dans ce contexte où la force de l’argument fait place à l’argument de la force, l’Etat doit prendre ses responsabilités.

Sur les revendications de l’UFR sciences de la santé, les étudiants disent attendre, malgré l’abrogation du contingentement en 2e année de médecine et pharmacie, que les différents points d’accord soient matérialisés par écrit. Le plus dur a été certainement de dialoguer et de s’entendre. Le ministère des Enseignements secondaire, supérieur et de la recherche scientifique peut donc logiquement débloquer la situation pour une reprise des cours.

Mais cela doit d’abord passer par la pacification du temple du savoir en mettant fin à la dérive dangereuse des gourdins et des machettes. Certes, la police spéciale des universités divise encore les étudiants parce que les autorités ont plusieurs fois dans le passé privilégié la répression.

Mais la situation donne aujourd’hui raison à l’administration car la présence des policiers pourrait dissuader ces loubards qui écument l’université. Il reste que leurs missions et leur champ d’action doivent être clairement définis pour que la communauté universitaire se sente vraiment en sécurité.

Ailleurs, l’expérience a été réussie dans certains pays de la sous-région. La police spéciale des universités au Burkina est victime de son contexte de naissance et des préjugés, et c’est aux initiateurs de rassurer ceux qu’elle est censée protéger par rapport aux franchises universitaires.

Mais, autant les ingérences des politiciens doivent être dénoncées, autant il faut stigmatiser le manque de clairvoyance des étudiants. Il leur appartient, à travers un esprit critique, de refuser la manipulation et l’embrigadement qui se traduisent par des mots d’ordre irréalistes et suicidaires pour leur formation universitaire.

Pour des futurs cadres, le premier objectif devrait être d’acquérir une bonne formation. En prenant en compte les intérêts égoïstes et inavouables des partis politiques, c’est leur cursus universitaire et la démocratie à l’université qui risquent d’en pâtir sérieusement.

Il faut aussi appeler le monde estudiantin à la culture de la tolérance. Si la tension est perceptible aujourd’hui entre les différents syndicats, c’est certainement parce que les étudiants ne veulent plus accepter les règles de la démocratie. Et il faut craindre l’arrivée de telles générations aux affaires si la liberté d’association ou d’expression est réservée à ceux qui bandent mieux leurs muscles.

C’est pourquoi, les différents regroupements et associations doivent sensibiliser leurs militants pour que le calme et la sérénité nécessaires aux activités académiques reviennent sur le campus. Il y va de l’avenir de toute cette jeunesse et donc de la nation.

Le Pays

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