Conférence de Paris sur le réchauffement climatique (COP 21) : Le sommet de la rupture d’avec les engagements non contraignants ?

Du 30 novembre au 11 décembre prochain, se tient à Paris, la 21e rencontre au sommet des dirigeants du globe pour discuter des mesures de protection de l’environnement notamment par la limitation des émissions des gaz à effet de serre. Un consensus semble se dégager de la part des pays les plus industrialisés sur les engagements à prendre à cet effet. Engagements contraignants ou pas ? C’est sur cette question que les avis sont partagés. Pourtant la situation du réchauffement de la planète est grave et s’empire d’année en année.
En effet, la terre a chaud ! Au propre comme au figuré. L’homme, les animaux, les plantes sont de moins en moins à l’aise sur une planète malade de sa surchauffe. La faute à la cupidité de l’homme qui coupe, creuse, brule tout, pour se construire un confort de vie sans grands égards pour son biotope.
Il en a toujours été ainsi depuis qu’il a domestiqué le feu et le fer. Mais la note devient trop salée pour l’environnement en proie à des paradoxes mortels : les inondations récurrentes côtoient les sécheresses rédhibitoire, les déserts s’élargissent pendant que le niveau des mers monte à faire déguerpir les côtes. A ce rythme, quelle planète les générations futures font-elles hériter dans cent, cinq cent, mille ans ? Une île désertique au milieu d’océans en geyser ?
L’être humain doit se convaincre de sa responsabilité pleine et entière dans la dégradation de l’environnement qui rend la planète terre, son vaisseau spatial, de plus en plus inhospitalière, difficilement habitable. Or, à l’étape actuelle des connaissances scientifiques, la terre est unique en son genre pour abriter la vie humaine. Continuer de l’exploiter en l’exposant comme c’est le cas actuellement, c’est creuser la tombe d’extermination lente mais sûre de la vie abondante qui s’y est essaimée sur plusieurs centaines de millions d’années. Dans l’immédiat, la multiplication des catastrophes naturelles et leurs conséquences fâcheuses sur le bien être des êtres vivants, est un signe fort d’une interpellation pressante à repenser le mode de vie des humains et leur manière de modifier l’environnement. Il y a urgence et les faits sont têtus qui poussent à lancer un SOS pour la planète terre. Cependant, les conférences sur le climat se suivent et se ressemblent. On attend alors de la COP 21 de Paris, la rupture. Une rupture dans la politique du un pas en avant, deux pas en arrière que mènent les dirigeants des nations sur la protection de l’environnement ; et pour cause !
Selon des observations climatologiques faites sur plus de 150 ans, 2015 a été l’année la plus chaude pour la terre depuis 1880. La faute aux industries qui continuent d’éjecter dans l’espace 200 millions de tonnes de gaz à effet de serre par an pendant que c’est l’équivalent d’une superficie de 10 terrains de foot de forêts qui sont détruites chaque minute. Une telle agression de l’environnement ne pouvait que conduire à un malaise profond de la planète et l’on ne peut que se réjouir de la prise de conscience de plus en plus vive de l’humanité pour sauver la terre. La conférence sur l’environnement qui va se réunir à Paris ne doit pas être une rencontre de plus. Les délégations des 195 pays invités, sous l’égide des Nations Unies, doivent se montrer plus audacieuses dans les propositions de solution pour sortir la planète du bourbier du réchauffement qui dérègle son climat. Espérons alors que les fruits de cette 21ème conférence mondiale sur l’environnement – la première s’était tenu à Stockholm en Juin 1972 – tiennent la promesse des fleurs vues durant les préparatifs. En effet de l’Union Européenne aux Etats Unis en passant par les pays africains, on assiste à une harmonisation des points de vue et à des engagements fermes visant à limiter le réchauffement climatique.
Dans cette prise de conscience en faveur de la protection de l’environnement, l’UE fait partie des bons élèves. Ses 28 Etats sont parvenus à conclure des accords pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et cherchent maintenant à convaincre les autres pays fortement pollueurs à suivre cette voie.
Ces accords inter européens ont conduit de nombreux Etats membres de l’union a adopté au niveau national des lois sur la transition énergétique. De fait, la réduction du recours aux énergies fossile et nucléaire en faveur d’un développement des énergies renouvelables – Solaire, éolienne, hydraulique – sont des éléments incontournables du processus de réduction des émissions de gaz a effet de serre. Mais la réalisation des objectifs relatifs à la lutte contre le changement climatique implique une stratégie environnementale, énergétique et économique globale de la part de tous les pays. On se félicite alors de la modernisation écologique des transports et plus généralement du basculement progressif vers une économie verte qui figurent parmi les orientations partagées au niveau européen.
Aux Etats Unis, les engagements du président Obama pour l’ « America’s clean Power plan » font oublier le refus de ce grand pollueur de signer le protocole de Kyoto en 1997. Dans sa lancée, Barack Obama a annoncé début Août la décision de son pays de réduire de 32% d’ici 2030 les émissions de carbone des centrales électriques par rapport au niveau de 2005. C’est un engagement important car les centrales électriques sont responsables de 40% des émissions américaines des gaz à effet de serre. Par ailleurs cette décision laisse penser que les Etats Unis signera le protocole que la conférence de Paris viendra à adopter.
La grande déception pourrait venir de la Chine. En effet, Pékin n’a pas encore fait d’annonce sur l’objectif de limiter à 2° Celsius la hausse de la température mondiale due aux gaz à effet de serre, objectif primordial de la conférence de Paris. Pourtant la Chine est avec les Etats Unis les plus grands pollueurs avec 40% des émissions des gaz à effet de serre.
Quant à l’Afrique, avec 2,3% d’émissions de gaz à effet de serre, c’est le petit poucet pollueur qui ira à cette conférence, plus pour écouter et prendre acte des décisions qui seront prises que pour autres choses. Néanmoins, on note de la part des états, des ONG et OSC du continent, la volonté de participer à trouver des solutions à la menace planétaire du réchauffement climatique sans compromettre ses efforts de développement. A ce propos, Paris fera-t-il mieux que Kyoto ?
Derbié Terence Somé
Pour Lefaso.net