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Sidwaya AN XXI : "Il faut développer un dialogue intelligent avec l’Etat", Michel Ouédraogo, directeur général des Editions Sidwaya

Publié le mercredi 6 avril 2005 à 07h56min

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Les Editions Sidwaya ont célébré mardi 5 avril leurs 21 ans d’existence. A cette occasion le directeur général Michel Ouédraogo fait le point des engagements pris lors du XXe anniversaire, l’année dernière.

Il se prononce sur les fréquentes défaillances techniques constatées à l’imprimerie, les promesses relatives à la motivation des agents et à l’intégration des pigistes. Michel Ouédraogo s’insurge également contre ceux qui accusent les médias d’Etat de battre campagne pour le parti au pouvoir.

Sidwaya (S) : 5 avril 1984-5 avril 2005, les Editions Sidwaya ont 21 ans. Quel est à l’heure actuelle, l’état des engagements qui ont été pris à la célébration du XXe anniversaire du 2 au 4 juillet 2004 ?

Michel Ouédraogo (M.O) : Tout d’abord, joyeux anniversaire à tous les lecteurs de Sidwaya et à l’ensemble des travailleurs des Editions Sidwaya pour l’intérêt qu’ils portent au journal. C’est grâce à leur concours que le quotidien national a atteint ses 21 ans. C’est une prouesse qu’il faut saluer à sa juste valeur car des pays sont toujours à la recherche d’un média de service public.

21 ans peuvent être perçus comme l’âge de la majorité. Mais pour un journal, c’est toujours un début. Parce que Sidwaya a connu une évolution. La ligne éditoriale n’a pas été stable. Elle est le reflet du contexte politique national. Sidwaya est toujours jeune si l’on lie son histoire à l’expérience démocratique qui ne date que de 1991. Pour ce faire, nous devons tous œuvrer à ce que Sidwaya soit l’image réelle de son slogan : "Le journal de tous les Burkinakè". Que l’ensemble de la population continue de le soutenir pour qu’il arrive à plus de mâturité dans sa ligne éditoriale. Il faut que Sidwaya fasse évoluer son appellation de "quotidien d’Etat" pour devenir véritablement un "média de service public".

En effet pour les 20 ans du journal, nous avons fait un arrêt introspectif pour mesurer les acquis et les insuffisances et ouvrir des perspectives. Autant nous crions que nous sommes un média d’Etat, autant nous souhaitons aujourd’hui être pris comme un média de service public. C’est là la continuité des engagements que nous avons pris à la célébration du XXe anniversaire. Ce vingtième anniversaire a été une occasion de donner plus de visibilité au journal. Tous ceux qui avaient des a priori sur le quotidien ont dû changer de langage.

Le feed back sur les informations laisse croire que de plus en plus les lecteurs situent Sidwaya dans son vrai rôle. Le journal n’est pas au service d’un seul individu, ou du parti majoritaire mais de l’ensemble des acteurs sociaux et politiques du pays. Que ce soit la société civile, l’opposition ou la majorité ; cet anniversaire a permis à Sidwaya de faire un grand bond en avant, en s’offrant plus d’ouverture et de liberté pour que le journal puisse s’affirmer comme un organe de soutien à l’Etat burkinabè et de l’ensemble des acteurs de la vie sociopolitique du pays.

S. : Le clou du XXe anniversaire a été la modernisation de l’imprimerie qui avait-on dit, permettrait de sortir tôt un journal de qualité. Comment expliquez-vous aujourd’hui les défaillances techniques qui continuent d’entacher ce maillon important du journal ?

M.O. : Lorsque nous avons pris fonction le 13 avril 2000, nous avons trouvé l’imprimerie dans un état de déliquescence très poussée. Nous avons voulu effectivement voir dans quelle mesure nous pouvons opérer une modernisation de cette imprimerie. Parce que pour un journal, l’outil de production qui est l’unité industrielle à travers son imprimerie et l’ensemble du matériel technique demeure la cheville ouvrière. Il fallait pour être performant, disposer de matériel de pointe.

Les plus hautes autorités ont répondu favorablement à cette requête en mettant des moyens conséquents. Cependant, il faut reconnaître que l’acquisition de ce matériel ne résout pas tous les problèmes. Parce que les nouvelles machines sont venues avec leurs réalités et leur propre mécanisme. Les difficultés que nous avions à l’époque avec le système purement mécanique, aujourd’hui sont liées à l’électronique.

Aussi chaque technologie vient avec ses problèmes. Il n’y a pas cette technologie qui peut mettre fin aux difficultés techniques. Nos problèmes ne sont pas toujours liés au matériel acquis mais à l’environnement. Les bâtiments qui abritent le journal sont d’une époque reculée avec des installations électriques défectueuses.

Celles-ci ne répondent plus aux nouvelles conditions de modernisation de l’imprimerie. Aussi, il nous faut revoir l’ensemble du système électrique. Les propositions financières qui nous ont été faites sur cette question sont tellement élevées que nous avons envisagé d’entreprendre une délocalisation du journal. Ce projet de transfert des services vers un autre site au voisinage de Ouaga 2000, a été introduit. Nous sommes en pourparlers avec les autorités communales. Et le maire Simon Compaoré a manifesté son soutien à un tel projet. Des discussions sont également en cours avec le ministère de l’Information. Le ministre Joseph Kahoun fait du combat de nouveau siège des Editions Sidwaya, son cheval de bataille. Les plus hautes autorités sont prêtes à nous soutenir dans ce combat.

Donc, il faut relativiser lorsque l’on parle des difficultés de l’imprimerie. Elles ne sont pas liées à l’acquisition des nouvelles machines mais à l’environnement. Nous sommes en train de travailler à maîtriser ces aspects. D’autres problèmes peuvent subsister mais l’important, c’est d’arriver à les surmonter et pouvoir produire un journal apprécié de tous les Burkinabè.

S. : Le journal paraît certes tôt, mais parvient difficilement aux lecteurs dans les provinces. Qu’est-ce qui est entrepris pour résoudre le problème de distribution ?

M.O. : Je voudrais rassurer les Burkinabè des zones éloignées, de la capitale, que nous sommes en train de tout mettre en œuvre pour que tous les produits de Sidwaya (Quotidien, Sidwaya Plus, Sidwaya Sport, Sidwaya Magazine) leur parviennent à temps. Seulement le désir de rendre le journal accessible à tous sur l’étendue du territoire ne dépend pas de notre propre volonté en matière de distribution.

Nous avons à cœur de mettre les journaux à la disposition de tous les lecteurs. Pour ce faire, nous avons initié des campagnes d’abonnement comme ce fut le cas dans le Centre-Est. L’objectif est d’aller dans les 13 régions. Nous allons dans les plus brefs délais, adresser des courriers officiels aux gouverneurs pour annoncer les missions qui seront de passage dans leur juridiction pour des campagnes promotionnelles.

En réalité, la question d’accessibilité du journal dans les provinces n’est pas spécifique aux Editons Sidwaya. Elle fait appel à tout un ensemble d’infrastructures. Aussi s’il n’y a pas une route praticable pour rejoindre aisément Dori, il va de soi que le journal n’y arrivera pas dans un délai acceptable. De même, si nous n’avons pas en face des transporteurs organisés qui souhaitent acheminer le journal, les difficultés de distribution persisteront. Il y a certes notre volonté de mettre le journal à la disposition des lecteurs mais également il y a les réalités nationales qui sont un frein à cette démarche. Et ce problème de distribution se rencontre dans la commercialisation des produits agricoles. Les zones excédentaires n’arrivent pas à évacuer leur surplus vers les localités déficitaires. C’est donc une préoccupation nationale.

Il faudra que les secteurs de soutien à la production soient efficaces, performants et compétitifs. Ainsi, les prestataires de services pourront distribuer facilement leurs produits. Pour l’instant, nous assumons notre part de responsabilité et nous faisons ce qui est en notre pouvoir pour que le journal arrive à temps aux lecteurs.
Maintenant, il faut œuvrer à asseoir une messagerie forte et performante avec l’ensemble des médias écrits.

S. : Quel est le niveau de réalisation de vos promesses relatives à la motivation des agents ?

M.O. : La motivation du personnel est une préoccupation manifeste et constante de tout dirigeant d’entreprise. Il y a très peu de patrons qui ne font pas de cet aspect, leur cheval de bataille. Il est aussi évident que tout responsable doit être en phase avec les idées qu’il professe et les moyens d’action sur le terrain. Pour cela, il faut être logique.

Nous avons toujours travaillé à conscientiser le personnel sur ses propres capacités. Car la motivation trouvera sa source dans le rendement des travailleurs. En tant que responsable, je ne devrai pas rechercher les richesses ailleurs. Celles-ci doivent être générées par le personnel. Les travailleurs doivent comprendre cela et l’intégrer comme une nécessité et une réalité.

La motivation part de la responsabilité des travailleurs. Et nous sommes là pour manager et veiller à ce que les ressources générées aillent effectivement aux agents. Nous sommes en train de réfléchir aux moyens de fructifier le travail intellectuel produit. Ainsi, nous développons des initiatives qui ne vont pas certainement plaire aux financiers de l’Etat. Elles ont le souci d’amener l’Etat à assumer ses responsabilités. Car nous sommes un organe d’Etat avec des missions de service public. Or, l’information de service public n’est pas payée dans notre pays.

Nous la fournissons gratuitement. Il faut bien que quelqu’un puisse payer les reportages que nous couvrons à cet effet. Dans d’autres pays comme le Mali, le Sénégal, le service public est payé. En France pour citer le cas des pays développés, l’Etat paie sa contribution pour le service public. Ce que l’Etat burkinabè ne fait pas. Il ne prend pas en charge le service public. Il faut que l’Etat se rende compte de ses responsabilités vis-à-vis des médias publics. C’est vrai qu’il accorde une subvention assez modeste de 150 millions de FCFA aux médias privés pour les soutenir.

Mais la grande partie du service public est supportée par les médias d’Etat. Si nous prenons une moyenne de 4 000 reportages de service public par an à raison de 100 000 F CFA, par couverture médiatique, nous sommes à un chiffre de 400 millions de FCFA l’année. Si l’Etat pouvait accorder cette somme à Sidwaya au titre de sa contribution pour le service public rendu, les questions de motivation qui ont été évoquées seront résolues.

Par ailleurs, nous sommes en train d’engager avec les autorités, une autre initiative pour imposer un système de péréquation comme cela se fait pour des produits de première nécessité (eau, électricité, hydrocarbures). Dans tout processus démocratique, le journal doit être aussi perçu comme un produit de première nécessité. L’information est aussi une denrée commerciale. Et il faut avoir cela à l’esprit.

Sidwaya quotidien est produit à 433 F CFA. Vendu à 200 F CFA, il y a une perte de 233 F CFA. Le manque à gagner d’un tirage journalier de 5 000 exemplaires pendant 6 jours est énorme. Il en est de même de Sidwaya Plus qui est fabriqué au coût de 407 F CFA et vendu à 200 F CFA). Sidwaya Sport sorti des presses coûte 330 F CFA mais le coût de vente est de 200 F CFA. Sidwaya Magazine a un coût de production unitaire de 2 445 F FCA mais vendu à 500 F CFA. Lorsque nous faisons annuellement le point des pertes, nous atteignons un chiffre de plus de 447 612 000 FCFA. Voilà un autre volet de la question. Puisque nous sommes obligé de maintenir le prix du journal à 200 FCFA ou même baisser le prix, il faut que l’Etat nous soutienne quelque part dans cette politique en instaurant ce système de péréquation dans le domaine des médias.

Aucun responsable d’organe de presse ne veut ni baisser le prix du journal car il ne pourra plus produire ni augmenter le coût parce qu’il ne vendra pas. Ce système n’est pas de faire des profits commerciaux mais a le souci de maintenir un prix convenable pour les journaux et les rendre accessibles à tous les lecteurs. En cela, il faut que l’Etat apporte son concours aux médias.

Le dernier aspect, c’est d’amener l’Etat à prendre en charge l’information qu’il fait passer dans le journal, c’est-à-dire les communiqués. Cette information institutionnelle que l’Etat diffuse par notre canal représente la bagatelle de 120 millions de FCFA par an. Ce n’est qu’un forfait de 20 millions de FCFA qui est alloué sur cette somme. En définitive, le service public rendu par Sidwaya représente plus d’un milliard de FCFA contre une subvention de 220 millions de FCFA que l’Etat accorde pour les salaires. Le manque à gagner est énorme. La volonté de la motivation existe. Il faut la réaliser par une production intellectuelle viable.

Aujourd’hui, il est indéniable que Sidwaya assure ses missions de service public. Il se positionne de plus en plus dans le paysage médiatique et il a besoin du concours de l’Etat comme beaucoup de structures publiques. Car si l’on y prend garde, il arrivera qu’avec la concurrence, l’organe se démarque de cette mission. Ce sera dommage parce que l’Etat n’aura pas assumé ses responsabilités.

S. : Quel est votre plan pour résoudre l’épineuse question du matériel roulant aux Editions Sidwaya ?

M.O. : Tout plan ne trouvera sa réussite que par les moyens dont il dispose. Si c’est la production littéraire en matière de stratégie, nous avons su faire la preuve que nous avons de la suite dans les idées. Le problème n’est pas d’élaborer des plans. Il faut se donner les moyens d’acquisition. C’est là la réalité et la contradiction entre notre stratégie et son financement.

Cependant, nous sommes conscient que nous sommes de plus en plus sollicité et il faut de la logistique performante pour aller partout où l’on aura besoin de nos services. A ce niveau, nous devons en partie travailler à acquérir par nos propres recettes, le matériel roulant. Il faut aussi que l’Etat accepte de venir à notre secours en payant ce qu’il doit. Nous faisons un travail qui doit être rémunéré. Aujourd’hui, l’Etat est et demeure notre principal client. Nous n’avons jamais voulu tout attendre de l’Etat. Seulement, nous lui rappelons ses responsabilités et demandons qu’il nous soutienne dans notre démarche. C’est ainsi que nous arriverons à résoudre la question du matériel roulant.

Nous sommes également prêt à nouer des partenariats dans ce sens. Nous voulons voler de nos propres ailes. Si l’Etat s’exécutait promptement en réglant le service public pour l’information, cette forme de mendicité à son égard n’aura plus lieu. C’est l’occasion pour les médias de développer un dialogue intelligent avec l’Etat.

S. : Comment se présente le combat que vous avez promis d’engager en 2005 pour l’intégration des pigistes de Sidwaya ?

M. O. : Le combat pour l’intégration des pigistes est aussi vieux que Sidwaya. Les pigistes ont toujours été présents dans les médias de service public. Des actions ont été menées à plusieurs niveaux pour assurer leur intégration. Aujourd’hui, le ministère de l’Information à travers son premier responsable, le ministre Joseph Kahoun a pris à bras le corps ce dossier. Il y a des avancées notables. A Sidwaya, nous ne faisons qu’accompagner le processus et développer des idées qui aideront à cette intégration.

Telle est notre détermination fondamentale. La fonction publique réagit positivement face à ce dossier. Il en est de même de l’ensemble du gouvernement. Cela doit se faire dans la patience. Car ce sont plus de 200 agents qui sont concernés. Il ne s’agit pas seulement des pigistes de Sidwaya mais aussi de ceux de la RTB. Donc, ce combat n’est pas personnel, il est collectif. Par conséquent, il demande beaucoup de patience. Notre ambition, c’est d’arriver à stabiliser la situation sociale des agents concernés. Nous sommes conscients de notre rôle qui est celui de faire des propositions aux autorités et d’en informer les pigistes.

S. : Malgré les efforts consentis pour faire de Sidwaya le journal de tous les Burkinabè, des préjugés subsistent. Que répondez-vous à ceux qui soutiennent que Sidwaya fait l’apologie du parti au pouvoir ?

M. O. : Nous avons toujours soutenu qu’il ne doit pas avoir de tabou quand on parle de Sidwaya. C’est un organe d’Etat, un média de service public. Aujourd’hui, Sidwaya reste une victime de ce qu’il a été. Beaucoup ne jugent pas le journal à partir de la donne actuelle mais en se référant au passé. C’est vrai que Sidwaya ne peut pas et ne doit pas se défaire de son passé. Il doit tirer les leçons de cette expérience pour se faire une place de média de service public dans le paysage actuel. Nous nous attelons à cela : passer de la pensée unique à la pensée plurielle. A moins de vouloir être quelqu’un qui n’a pas une lecture intelligente de la situation, à travers la ligne éditoriale, aucun lecteur consciencieux, aucun acteur politique responsable ou social averti ne peut aujourd’hui dire, faire croire ou prétendre que Sidwaya fait l’apologie du parti au pouvoir.

Les charges que nous recevons ne viennent pas de l’opposition seulement mais aussi du parti majoritaire. Les uns et les autres doivent comprendre que nous sommes un média de service public. C’est dommage que ce soit des médias eux-mêmes qui tentent de créer la confusion au sein des lecteurs et d’accuser les médias publics de faire de la pré-campagne pour le parti au pourvoir et son éventuel candidat.

En réalité, nous sommes conviés comme les autres organes privés ou publics à couvrir des manifestations. Pour preuve, nous avons reçu un communiqué de l’UFR de Yamba Somanda qui s’engage à soutenir la candidature de Hermann Yaméogo. Nous l’avons publié dans notre organe. Ce parti aurait organisé un meeting à cet effet que Sidwaya aurait couvert l’événement. Le candidat déclaré de l’UNIR/MS, Me Bénéwendé Sankara est en action sur le territoire national. Chaque fois que nous sommes invités à ses meetings, nous nous y rendons. Mieux, nous le faisons dans un souci de service public quand bien même nous ne sommes pas invité.

Il faut que des confrères arrêtent de semer la confusion au sein de l’opinion nationale. La concurrence saine n’est pas celle qui consiste à travailler au dénigrement de l’autre.

Je défie un seul acteur politique, ou de la société civile organisée ou pris individuellement de nous contredire s’il a envoyé une demande de couverture à une manifestation ou de soutien à des candidatures que nous avons refusé de couvrir.

Pour critiquer, il faut aller à l’information. Nous ne voulons pas jeter l’anathème sur qui que ce soit, mais nous refusons que des médias jettent leur dévolu sur les organes d’Etat.

S. : Au-delà des a priori et des dénigrements, comment se porte aujourd’hui Sidwaya ?

M. O. : Le premier constat est que Sidwaya continue de paraître 21 ans après sa création. Il faut donc se satisfaire que dans un cadre démocratique, il y ait un organe, un support de soutien et d’incarnation de la souveraineté de l’Etat. L’autre satisfaction qu’il faudra retenir 21 ans après, c’est que la modeste unité de presse que l’on avait hier, est aujourd’hui transformée en un pôle industriel en naissance. Nous avons dépassé l’étape de la PME (petite et moyenne entreprise). Cela dénote de l’évolution que cet organe a connue en 21 ans d’existence.

Ces mutations sont aussi perceptibles au niveau du personnel. Le journal a commencé avec 40 personnes environ et aujourd’hui, on enregistre plus de 188 employés. Il y a un nombre important de familles qui vivent autour des activités de Sidwaya. Des vendeurs à la criée aux correspondants régionaux. Tous ces aspects font de Sidwaya une réalité nationale, une fierté du peuple burkinabè.

Propos recueillis par Jolivet Emmaüs


XXIe anniversaire de Sidwaya : Des lecteurs apprécient

5 avril 1984-5 avril 2005, le quotidien Sidwaya a soufflé hier ses 21 bougies.

A l’occasion, des lecteurs portent des appréciations sur la forme et le fond du "Journal de tous les Burkinabè".

Issouf Nana (photographe, reporter privé) : Sidwaya en tant qu’organe d’Etat, a opéré des avancées significatives par rapport au travail qu’il fait chaque jour. Surtout à travers "Sidwaya Sport" que je lis plus que le quotidien parce que je suis un amoureux du ballon rond. Dans son ensemble, j’apprécie positivement Sidwaya surtout qu’aujourd’hui, le journal paraît en couleur. Sidwaya a beaucoup progressé et on le lit comme un journal occidental. C’est vraiment bien la couleur et j’aurai préféré que tout le journal soit en couleur au lieu de quelques pages, si cela est vraiment possible.

Par rapport au contenu, ce qui m’impressionne c’est que Sidwaya n’agit pas comme un journal "pro-gouvernemental". C’est un journal impartial, si je puis m’exprimer ainsi. Il traite l’actualité telle qu’elle est.

Siaka Barro (Conseiller au Conseil d’Etat) : Sidwaya s’améliore de jour en jour et je vous félicite pour cela. Mais la taille du journal, je préférerais qu’elle soit comme celle d’avant qui était très bien. Je ne sais pas pourquoi vous êtes revenu à cette taille d’aujourd’hui. A part cela, le journal est plus fourni. Mais, il y a des fautes d’orthographe et cela n’est pas bien pour un journal comme Sidwaya. La qualité que Sidwaya a, de par ses articles, ne permet pas que des fautes d’orthographe paraissent dans le journal. On ne devrait plus avoir des fautes d’orthographe dans Sidwaya.

Vous faites des analyses parfois sur la santé. Ces analyses sont très intéressantes pour nous qui sommes en train de décliner un peu. Il y a souvent aussi, de petits encarts sur un sujet précis, par exemple des coups de gueule ou de cœur, qui sont très bien. Il n’y a pas longtemps, vous avez fait un dossier sur la décentralisation qui était très intéressant. Ce genre d’article apprend beaucoup de choses à ceux qui n’ont pas étudié la décentralisation. Mais, vous ne parlez pas assez souvent des plantes médicinales. Ce serait bien d’en parler.

Pour améliorer le contenu, il faut parler plus du développement. Des analyses, des reportages qui nous montrent comment faire pour se développer. Essayez de proposer des articles sur le développement. La semaine dernière, je lisais quelque part dans Sidwaya, deux articles, côte à côte, d’opinions différentes sur un même sujet. Cela est bien car quand on lit les deux, l’on se fait une opinion claire. De mes années de jeune fonctionnaire, j’ai des journaux de Sidwaya que je conserve soigneusement comme des livres qui traitent des sujets qui me permettent de me ressourcer.

Je lis aussi "Sidwaya Plus" mais pas le sport. Dans le "Sidwaya Plus", vous avez des sujets qui sont variés et qui n’ont rien à voir avec ce qui s’écrit dans le quotidien. Et cela est très bien. Je vous parlais tantôt de mettre l’accent sur le développement mais mettez aussi l’accent sur la culture. Parce que sans la culture, on ne sera jamais développé du fait que nous sommes en retard sur tous les plans. Aussi, j’ai remarqué dans le "Sidwaya Plus" que vous dites des choses sur la santé qui sont scientifiquement démontrées. Je lis plus "Sidwaya Plus". Par rapport à la ligne éditoriale, vous arrivez à critiquer l’Etat et cela est bien. Il faut dégager la vérité et je vous félicite pour ce courage. Nous, qui vous suivons depuis 20 ans, voulons quelque chose qui évolue et cela est bien.

Aloïs Ganemtoré (revendeur) : En tant que revendeur de journaux, je peux vous affirmer que depuis 1 ou 2 ans maintenant, Sidwaya est beaucoup apprécié des lecteurs. Que ce soit le Sidwaya quotidien, Sidwaya Sport, Sidwaya Plus etc, les clients les apprécient beaucoup. En deux ans, il y a eu une amélioration et même les clients viennent nous le dire. La quantité vendue a augmenté. On "écoule" deux fois plus par jour qu’avant. Je peux vendre 100 journaux (le quotidien) par jour et 50 "Sidwaya Sport". "Sidwaya Plus" n’est pas encore très connu .

Et aussi, c’est un journal qui sort tous les weekends, ce qui fait que les travailleurs n’étant pas en ville ce jour-là, ne savent pas que "Sidwaya Plus" existe. L’amélioration du contenu a permis aujourd’hui de faire baisser les critiques. Les critiques ne manquent pas mais elles ne sont plus comme auparavant.

Propos recueillis par Daouda Emile OUEDRAOGO
Sidwaya

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