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CONFRERIE DES DOZOS DE LA COMOE : Guerre autour du fauteuil de président

Publié le mercredi 10 juin 2009 à 02h18min

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La confrérie dozo (chasseurs traditionnels) de la Comoé a convoqué ses membres le samedi 6 juin 2009 à une assemblée générale aux fins de renouveler son bureau. Ledit renouvellement n’a pas eu lieu au regard des nombreuses convoitises pour le fauteuil de président de la confrérie.

Face à la nécessité de s’unir pour la défense de leurs intérêts, les chasseurs de la Comoé ont créé une association qui a longtemps été présidée par Gnayori Abdoulaye. Mais depuis la mort de ce dernier, le bureau mis en place, du fait de la disparition d’autres membres, n’était plus au complet. Cette situation dure depuis environ deux ans et les chasseurs se sont réunis le samedi 6 juin à la maison des jeunes de Banfora pour la corriger. Dès le début de la rencontre, il était aisé de constater l’existence de clans au sein des dozos tant les huis clos étaient nombreux. Pour certains, il fallait renouveler tout le bureau. D’autres par contre, opposés à cette idée, voulaient tout simplement que les postes vacants, au nombre de quatre (président, SG adjoint, 2e vice-président et du président d’honneur) soient simplement pourvus. Finalement, c’est l’intervention d’un doyen qui amena le groupe a opté pour la seconde option, celle de combler les postes vacants.

Les candidatures ont été ouvertes immédiatement et le premier vice- président, Béma Ouattara, résident à Niangoloko, était candidat pour succéder au défunt président Gnayori Abdoulaye. Du coup, c’est la grogne dans l’assemblée. Une bonne partie des membres ne semblait pas cautionner cette candidature. Béma Ouattara tient pourtant mordicus. Fort du rôle qu’il a longtemps joué au sein du bureau, des efforts qu’il a fournis tels la mise en place de confréries dans des contrées éloignées de Banfora, il pense que le tour est venu pour lui de présider aux destinées de la confrérie. Pendant ce temps, et puisque l’unanimité ne se dégageait pas autour de la candidature de Béma Ouattara, un participant proposa Diao Guouan Ouattara, fils du président défunt Gnayori Abdoulaye, au poste de président. Béma Ouattara et ses partisans s’y opposèrent farouchement. Dès lors la salle devint incontrôlable. Exaspérés, les membres quittèrent la salle.

La confrérie n’est pas une monarchie"

Nous avons approché Béma Ouattara pour comprendre sa position. Voici ses explications : « La confrérie dozo n’est pas une monarchie où le poste de président est occupé de père en fils. Dans un premier temps, ceux qui ne veulent pas de moi au poste de président disent que je réside à Niangoloko. Pourtant depuis là-bas, je gère les questions courantes depuis la mort de Gnayori Abdoulaye. En plus, ils m’accusent d’avoir détourné les cotisations des membres et que, par conséquent, je ne peux devenir président. Pourtant je suis celui qui a travaillé pendant longtemps aux côtés du défunt président. J’occupe le poste de premier vice-président depuis la mise en place de la confrérie. Je me suis dis que comme il n’est plus, la présidence me revient de droit puisque les choses se déroulent ainsi dans la confrérie dozo. Au lieu de cela, c’est le fils du défunt président qu’ils veulent investir tout en me demandant de demeurer son premier vice-président. Celui-ci doit encore beaucoup apprendre avant de prétendre à un tel poste. Les autres auraient pu attendre que je prenne sur moi la décision de ne pas briguer la présidence ou de confier cette responsabilité à quelqu’un d’autre. »

Des prétendants pas propres

De la maison des jeunes qu’ils ont vidé, la majorité des chasseurs (venus des quatres coins de la Comoé pour l’AG) se sont retrouvés au domicile de Tikan Héma, SG de la confrérie où un repas les attendait. Pour ce dernier, la candidature de Béma Ouattara a été refusée simplement parce qu’il a détourné de l’argent de l’association. « Depuis 2003, j’ai réclamé ladite somme en vain. Pourtant elle devait servir à organiser des AG. » Tikan Héma se porte en faux contre la déclaration de Béma Ouattara lorsqu’il dit que la volonté de Tikan Héma et de ses partisans est de remplacer le défunt président par son fils Guouan Diao Ouattara. « C’est une proposition faite par quelqu’un parce que nous n’arrivions pas à nous mettre d’accord. Elle a d’ailleurs été battue en brèche par des promotionnaires de Gouan Diao Ouattara car lui aussi est auteur de quelques malversations au sein de la confrérie », dit-il avant de conclure que la présidence de l’association ne saurait être confiée à un membre auteur de trahison. En attendant que l’unanimité se dégage autour d’une autre candidature et qu’une AG soit convoquée pour son investiture, le vieux Tikan Héma dit qu’en tant que SG de la confrérie, il sera chargé des questions courantes.

Par Mamoudou TRAORE

Le Pays

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