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Ramadan de la vie chère : Dur, dur sera le carême

Publié le lundi 1er septembre 2008 à 20h03min

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Si dans certains pays le mois du Ramadan a la particularité d’être sanglant, au Burkina, il est plutôt saignant. C’est en effet la période où la spéculation sur certains produits tels que le sucre, le riz, l’huile atteint un degré qui dépasse l’entendement. Cette année, les musulmans vont se saigner davantage pour accomplir l’un des 5 piliers de l’Islam, pour cause de vie chère.

Ce sera la double pénitence du jeûne et de l’envolée des prix des produits de première nécessité. La véritable inquiétude des musulmans et même des non musulmans - qui doivent offrir du sucre en soutien à des parents ou amis - est que l’Etat fait peu, pour ne pas dire rien, pour desserrer l’étau.

Les consommateurs sont contraints de serrer chaque jour un peu plus la ceinture. Certains en sont déjà étranglés et d’autres ont dépassé, il y a très longtemps, le dernier cran de leur ceinture. Pendant ce temps, des commerçants, on ne sait au nom de quelle logique et sans aucune crainte, se livrent à de la rétention puis à des augmentations sauvages, dans une totale impunité. Ailleurs comme au Togo récemment où des commerçantes de céréales ont vu leurs produits bloqués par l’observatoire pour la sécurité alimentaire de ce pays, les commerçants véreux auraient trouvé l’Etat sur leur chemin.

Certes, le Burkina a épousé le régime libéral auquel il fait voeu de fidélité. Mais est-ce pour autant qu’il faut laisser les populations souffrir à ce point, pour permettre à d’autres de s’enrichir dans une démesure indécente ? Les gouvernants ont-ils peur des commerçants ou est-ce la collusion exacerbée entre le politique et l’économique qui leur impose cette inertie ? Malgré toutes les mesures gouvernementales prises dans le but disait-on à l’époque de diminuer la pression sur les consommateurs, les commerçants demeurent maîtres du jeu. Visiblement, le combat entrepris contre la vie chère a fait long feu.

Mais comme il n’est jamais tard pour bien faire, surtout pour permettre à des croyants d’accomplir l’acte de foi qu’est le jeûne, nos gouvernants ont encore la capacité et surtout la responsabilité d’alléger le faix de la vie chère qui devient impossible à porter. Une chose est certaine : avec le ramadan, il faut s’attende à la flambée des prix du sucre, du petit mil, du riz, de l’huile, etc., produits pourtant essentiels pour confectionner les menus des repas de début et de rupture de carême. Au lieu de chuter comme à Bamako et dans certains autres pays, les prix risquent d’augmenter pour se stabiliser à la hausse, selon les calculs sordides et machiavéliques de commerçants obnubilés par le profit exagéré.

La situation sera d’autant plus pénible que le carême coïncide avec la rentrée scolaire et ses éternelles angoisses. En attendant que les uns et les autres s’entendent sur la date précise du carême qu’on situe entre fin août et début septembre, le jeûne de la vie chère continue de sévir. Allah saura reconnaître les siens !

Par Morin YAMONGBE

Le Pays

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