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Fermeture de l’UO et de l’Université Ouaga II : "L’environnement ne permettait plus de travailler ", selon le président de l’UO

Publié le lundi 30 juin 2008 à 12h14min

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Les Pr Bayo et Kouldiati

Dans l’optique d’éclairer l’opinion publique sur la nature des mesures prises et qui concernent l’Université de Ouagadougou et celle de Ouaga II, des responsables du ministère en charge des Enseignements avec à leur tête, le secrétaire général Luc Yé, ont animé un point de presse dimanche 29 juin 2008, en fin d’après-midi.

"L’Université de Ouagadougou et celle de Ouaga II ont été fermées parce que ces deux institutions étaient au bord du précipice", selon le secrétaire général Luc Yé. Trop de meeting et de marches étaient programmés, alors que depuis le 17 mai 2008, les responsables des deux Universités tentaient de "sauver" l’année académique. C’est ainsi que le 20 mai 2008, ils ont reçu les responsables des associations d’étudiants pour leur dire qu’on "allait à la catastrophe", au vu de l’inachèvement du programme académique. Dans cette même lancée, les syndicats d’enseignants ont été reçus le 21 mai et les directeurs d’UFR (Unités de formation et de recherche) le 26. Le 15 juin 2008 enfin, une réunion de "sauvetage" de l’année a été tenue.

Malheureusement, "les revendications de blocage" (le cas des dérogations) ont entraîné des troubles deux jours plus tard (le 17 juin 2008). Depuis, on est allé de mal en pis, entre le procès des étudiants et les menaces de grèves et de marche-meetings, brandies par certains syndicats d’étudiants. Etant donné que l’année académique avait été mal engagée du fait qu’il fallait rattrapé deux mois d’enseignement perdus en 2006/2007 à cause des grèves à répétition, le constat, inéluctable, c’est qu’il fallait fermer les deux Universités. Et, comme à côté de la partie académique il y a "des structures d’accompagnement" comme l’a indiqué le directeur des Œuvres universitaires, Robert Sangaré, il fallait fermer lesdites structures. Dans le cas du CENOU, la fermeture de l’UO entraînait d’importantes déperditions financières, du fait de la non consommation des repas. Le CODE qui est le siège des organisations démocratiques des étudiants est aussi fermé, parce que c’est le CENOU qui en a la charge financière. Les bourses sont aussi suspendues, conformément à l’esprit et à la lettre de l’arrêté du 27 juin 2008.

Cette fermeture ne signifie pas pour autant la "mort" de l’année 2007-2008 car, le "cas" de cette année est toujours à l’étude. "Si les conditions de la réouverture se rétablissent, il n’y a pas de problème, l’Université sera réouverte" a indiqué son président Jean Kouldiati. "Le dialogue n’est pas rompu" a-t-il souligné et, "si les étudiants veulent revenir en classe, il n’y a pas de problème". Le conseil de la formation et de la vie universitaire va se réunir le 14 juillet 2008, pour statuer sur la conduite définitive à tenir.

L’ensemble des conférenciers a tenu à saluer les enseignants de l’UO qui n’ont "pas failli" dans l’accomplissement de leur tâche. Aux journalistes qui ont évoqué le "cas" des étrangers et des étudiants provinciaux devenus "sans domicile fixe", il leur a été répondu que nous étions dans "un cas de force majeure". "Si l’activité reprend, nous étudierons leur cas" a précisé Robert Sangaré, qui a tenu à souligner qu’il avait servi des repas aux étudiants le 17 juin dernier, parce qu’il ne voulait pas rester avec "ses repas sur les bras".

C’est dire que la balle est dans le camp des étudiants, "qui doivent mettre de l’eau dans leur vin pour que tout aille pour le mieux".
Il faut préciser que ces mesures ne concernent pas les autres universités à savoir ; Koudougou et Bobo-Dioulasso.

Les étudiants sacrifiés ?

La mesure gouvernementale décidant de la fermeture de l’Université de Ouagadougou est diversement appréciée dans le milieu étudiant, même si le sentiment qui domine est que les étudiants sont "sacrifiés" par cette "décision hâtive". Une position qui se comprend, mais qui interpelle surtout les étudiants sur la nécessité de se défaire de la "férule" intellectuelle de certains syndicats dont les accointances avec une certaine chapelle politique sont avérées.

Si lesdits syndicats ont pu avoir "des revendications de blocage", ce n’est pas pour améliorer les conditions de vie et de travail des étudiants (en quoi des dérogations à répétition peuvent-elles contribuer à cela), mais bien pour créer, de concert avec leur maître à penser, les conditions subjectives de leur "révolution nationale démocratique et populaire". Persuadés que le Burkina Faso est en "crise généralisée" et qu’il faut hâter la création de ces conditions subjectives, ces maîtres de l’ombre activent leurs "répondants" pour pourrir davantage le climat social. Grève dans le secteur médical, "djafoul" au campus, déclarations enflammées dans la presse, participent de cette logique révolutionnaire. C’est de bonne guerre, sauf que ce sont "les moutons du sacrifice" qui paient la note.

Désemparés, certains étudiants ruminent leur colère, alors qu’il faut ici et maintenant, prendre ses responsabilités en se démarquant de ces pratiques anarcho-syndicalistes. Ce n’est pas de la "capitulation" face à "l’ordre bourgeois", mais bel et bien, la perception claire de ses intérêts et la défense conséquente de ceux-ci. Il reste deux semaines pour sauver les meubles et, les étudiants devront saisir ce temps d’introspection pour choisir la bonne option. De cet exercice intellectuel, s’affirmera ou non leur personnalité et donc leur capacité à diriger demain.

B. SY

Sidwaya

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