Ceux qui ont eu le courage de s’approcher du corps coincé entre les rails retournaient aussitôt la tête entre les mains. Une scène des plus horribles s’offrait, en effet, aux rares curieux qui ont osé s’avancer dans le souci de reconnaître la victime à l’aide d’une torche. Mais il était pratiquement difficile, voire impossible d’identifier ce cadavre presque réduit en pièces détachées.

Les hypothèses ne manquaient pas pour certains qui ont vite fait de lier ce drame à un banal accident d’un fou alors que pour d’autres, il pourrait s’agir d’un drogué surpris par le train. Mais rien de tout cela, et les supputations allaient bon train pendant que la police de SITARAIL procédait aux constatations d’usage. Habillée d’un pantalon jean et d’une chemise en pagne, la victime avait néanmoins pris le soin de porter sur lui son porte-monnaie contenant une pièce d’identité, un passeport et d’autres documents.

C’est à partir de là que les choses allaient finalement se clarifier pour les agents de la sécurité, qui ont enfin pu identifier le corps. La victime, du nom de Mory Kaba, était âgée d’à peine 35 ans et habitait l’avenue de l’Unité, à quelques deux cents mètres du lieu du drame. Alertée par la police aux environs de 23 heures, la famille n’avait plus que ses yeux pour pleurer.

Comme une traînée de poudre, la triste nouvelle allait vite se répandre dans le quartier. Il n’en fallait pas plus pour ameuter les nombreux parents, amis et connaissances de la victime devant la cour mortuaire. Une mort brutale qui a laissé perplexe de nombreux habitants du quartier. Surtout ceux avec qui Mory Kaba avait passé ses derniers instants de vie. Accident ou suicide ?

La deuxième hypothèse semble la plus plausible. Car pour ceux qui l’ont côtoyé aux derniers moments, Mory Kaba semblait manifester un certain dégoût pour la vie. Pour preuve, les propos de cette dame de la cour voisine, qui, en apprenant la nouvelle, s’est écriée en ces termes : « A-t-il osé se suicider comme il nous le disait ? ».

La thèse du suicide pourrait aussi se confirmer par ce message SMS, au contenu assez révélateur, qu’il aurait adressé en début de semaine à un de ses amis et dans lequel Mory Kaba ne cachait plus ses réelles intentions de se suicider. « Je veux disparaître de ce monde. Je te demande de prendre soin de mon enfant en mon absence », écrivait-il.

Mais pourquoi avoir choisi de mettre fin à ses jours et de cette manière atroce ? Pour l’instant, aucune réponse à cette question. Toujours est-il que Mory Kaba, qui a été inhumé hier en fin de matinée, est parti avec son secret. Peut-être qu’on en saura davantage les jours à venir.

Jonas Apollinaire Kaboré

L’Observateur