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Circulation : Des drames silencieux sur nos routes

Publié le vendredi 1er février 2008 à 10h13min

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Morts bêtes ? Non ! Il n’y a pas de morts bêtes. Par contre, il y a des morts survenues par la faute de l’inconscience, de l’insouciance et de la voracité de leurs semblables. C’est ainsi que l’on pourrait tenter d’expliquer les nombreuses morts sur nos routes, causées par des véhicules sans phares, des véhicules "borgnes", des camions sans freins, des automobiles en stationnement qui n’ont pris aucune précaution pour indiquer leur position.

Il y a aussi ces morts provoquées par ces bennes qui transportent des agrégats, et roulant sans phares et sans freins, sans autre papier que la carte grise. Sans oublier ces morts causées par ces véhicules qui transportent à la fois hommes, animaux et sacs et parfois du bois, alors même qu’ils ne sont pas en règle. Ils sont à l’origine de drames qui endeuillent des villages et des familles. Ils sont la cause de ce que d’aucuns appellent des morts bêtes.

Les véhiculent tueurs sont une préoccupation de tous les pays. En France, le président Jacques Chirac en a fait son thème de campagne pour sa dernière élection en 2002. A l’Assemblée nationale du Burkina Faso, les camions tueurs ont fait plusieurs fois l’objet de questions orales adressées par des députés au Ministre de la Sécurité et à son homologue des Transports. Pourtant, ces monstres continuent d’ôter des vies humaines à tel point que l’on est tenté de se demander si la question préoccupe les responsables au sommet du Burkina. Pourquoi les hécatombes continuent-elles ? Y aurait-il des responsables ? Qui sont-ils ? Que faut-il faire ?

La liste noire s’allonge pour deux raisons principales. Tout d’abord, tout un chacun, sauf leurs propriétaires, se demande comment ces véhicules - disons ces épaves - circulent toujours sur nos routes. Ils devraient être envoyés depuis des lustres à la casse, mais ce n’est pas le cas. C’est la première raison. Comment les conducteurs de ces camions échappent-ils tous les jours aux contrôles de la police et de la gendarmerie ? Dans ce climat ambiant de corruption et d’affairisme qui est celui du Burkina d’aujourd’hui, on comprend aisément qu’un billet de 1000 F CFA glissé entre les papiers, au cas où ils existent, adoucisse les moeurs de certains policiers ou gendarmes chargés de veiller sur la sécurité routière. Un billet qui obstrue leur conscience professionnelle. Et l’absence de cette conscience professionnelle est à l’origine de dizaines de morts sur les routes. Au nombre des pièces exigées, il y a celle délivrée par le Centre de contrôle des véhicules automobile (CCVA). Malheureusement, là encore, les agents techniques sont floués, certains propriétaires de véhicules louant tout simplement roues, phares etc., juste le temps de la visite technique. Les conséquences ?

Ensuite, il y a l’obstination des propriétaires de ces cercueils roulants. Généralement, le chauffeur qui désire garder son travail évite soigneusement de leur parler de réparations à faire, de freins et de phares qui doivent être fonctionnels. Ils se débrouillent jusqu’au jour fatal où il fonce sur un autre véhicule stationné à un feu tricolore, sur un cycliste ou un motocycliste. Il est arrivé aussi que le chauffeur, ne pouvant pas maîtriser son véhicule parce que celui-ci n’a pas de freins, termine sa route dans une cour ou à l’intérieur d’une chambre. Des chauffeurs, fatigués après plusieurs rotations pour augmenter leurs gains, s’endorment et perdent le contrôle de leur véhicule. Dans cette situation, on sait ce qui se produit, malheureusement !

Tout ce qui a été dit plus haut n’excuse pas les conducteurs des camions tueurs. Ils en portent la plus grande responsabilité. Ils se sont engagés en toute connaissance de cause à conduire un véhicule tout en sachant qu’il n’est pas en état de circuler. Ils sont les premiers responsables de ces "crimes" presque quotidiens. Ils sont des criminels. C’est pourquoi, mesurant la gravité de leur acte, des conducteurs s’enfuient quand survient un drame, laissant leurs apprentis face à des foules déchaînées. Ils devraient être sanctionnés conséquemment. Malheureusement, et comme écrit plus haut, la corruption aidant, ils s’en sortent très souvent, laissant des hommes, des femmes, des pères et des mères éplorés. En temps normal et sous d’autres cieux, ils devraient être arrêtés, jugés et emprisonnés, puis interdits de conduire désormais.

Ces drames à répétition ne doivent laisser personne indifférent, surtout pas les autorités compétentes en matière de transport. Que peuvent-elles et que doivent-elles faire pour arrêter les hécatombes sur nos routes ? Comme il n’est pas tout d’avoir de bonnes routes pour éviter les accidents de la circulation, elles doivent mener un travail de sensibilisation en direction des conducteurs et des propriétaires d’épaves. Cette phase de sensibilisation devra être employée pour leur trouver des voies pour acquérir d’autres véhicules ou pour réparer correctement ceux qu’ils possèdent, ceux qui sèment la mort sur les routes. A l’issue de ce travail de sensibilisation, la puissance publique devra sévir dans toute sa rigueur pour empêcher les épaves de circuler. De nuit comme de jour.

Les dégâts humains que causent les véhiculent sans phares et sans freins sont un problème de sécurité publique. Il interpelle les pouvoirs publics. Ils doivent agir. Vite ! Il faut empêcher ces véhicules tueurs de tuer davantage.

Le Fou

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