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Grève générale : Jus et liberté pour le peuple !

Publié le jeudi 19 juillet 2007 à 07h40min

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Des milliers de travailleurs ont répondu à l’appel des mouvements syndicaux hier en battant le pavé contre l’augmentation du prix des hydrocarbures et contre "les sanctions attentatoires à la liberté syndicale". Une journée de grève générale qui sonne comme un avertissement avant la prochaine négociation avec le gouvernement, prévue pour septembre prochain.

C’est une immense foule de travailleurs qui a pris le départ à la bourse du travail autour de 9 heures pour une marche qui a duré plus de 2 heures. "Il y a quoi même, on est fatigué" ; "A bas les affameurs du peuple" ; "en avant pour la levée des sanctions contre le SAMAE et le SATEB", "en avant pour le respect des libertés syndicales", "contre l’augmentation du prix des hydrocarbures, mobilisons-nous".

Ce sont, entre autres, les slogans que les marcheurs ont scandés pour traduire leur désapprobation face aux mesures prises par les autorités. Il s’agit des sanctions à l’encontre du Syndicat autonome des agents du ministère des Affaires étrangères (SAMAE) dont 105 des membres ont été chassés et répartis dans les administrations publiques ; le gazage et les affectations arbitraires des membres du Syndicat des agents du Trésor du Burkina (SATEB) et l’augmentation récente du prix des hydrocarbures. Si les premières mesures citées sont considérées par les centrales syndicales et les syndicats autonomes comme une volonté manifeste du pouvoir de les liquider, la dernière mesure est perçue comme une détermination des autorités de maintenir le peuple dans la misère. Un meeting à la bourse du travail a consacré la fin de la marche.

Au cours de cette rencontre, les secrétaires généraux des centrales syndicales ont pris la parole pour fustiger l’attitude du gouvernement. Le premier responsable de la Confédération syndicale du Burkina (CSB) Jean Mathias Liliou a souligné dans son intervention que l’Etat gagne 264 FCFA sur chaque litre de super 91 sur le dos des consommateurs, en dépit de la diminution récente de 50 FCFA. Une situation qu’il ne s’est empêché de qualifier d’injuste.

Le secrétaire général de Forces ouvrières/Union nationale des syndicats libres (FO/UNSL) Joseph Tiendrébéogo préviendra qu’il y aura un "tin-kiiga", ville morte en langue nationale mooré, si le gouvernement continue dans cette lancée. Le secrétaire général de la Confédération générale des travailleurs du Burkina (CGT-B), Tolé Sagnon, s’est lui demandé de savoir ce que sont les mesures précitées si elles ne sont pas des actes antisyndicaux et liberticides.

Quant au président du mois El hadj Mamadou Nama, il a relevé que cette grève est un avertissement donné au gouvernement en attendant les prochaines négociations prévues pour septembre prochain : "jusque-là, nous nous comportons en hommes civilisés ; que le gouvernement ne nous oblige pas à aller au-delà", a-t-il prévenu. Selon lui, le gouvernement a tapé sur le SAMAE qui est un poussin à peine sorti de l’œuf. Ce que les coqs que sont les centrales syndicales ne toléreront pas.

Dans cette lutte qui s’annonce, le président du mois a interpellé les responsables syndicaux à obéir à leur serment et à éviter de trahir les masses laborieuses. Pour décourager les traîtres, il a fait remarquer que depuis les années 60 jusqu’à nos jours, tous ceux qui ont trahi ont fini mal. En attendant de voir ce que seront les mouvements à venir, voyons comment cette journée de grève s’est déroulée dans notre capitale.

Aucun brancardier aux urgences traumatologiques

Parti de la Bourse du travail de Ouagadougou, le cortège s’est dirigé vers le marché Rood-Woko pour ensuite contourner le commissariat central de police et rejoindre l’avenue Kwamé N’Krumah. De là, il est passé devant l’école des douanes en traversant le quartier Dapoya. Il a alors emprunté l’avenue de la Liberté jusqu’à son intersection avec la rue de l’Armée - à la cité An III - qu’il a remontée pour arriver à la place de la Nation.

Le cortège a enfin longé les côtés ouest et sud de la BCEAO pour se retrouver à son point de départ. Tout au long du trajet, nous avons pu nous rendre compte de visu que les boutiques situées au bord des voies n’avaient pas baissé pavillon et de nombreux commerçants vaquaient à leurs occupations. Cet état de faits a entraîné l’excitation de certains marcheurs qui ont proféré des injures, notamment à Sankar-yaaré.

Un tour aux urgences traumatologiques du Centre hospitalier universitaire Yalgado Ouédraogo nous a permis d’apprendre que les brancardiers observaient le mot d’ordre de grève. Résultat : certains accompagnants ont dû conduire eux-mêmes leur patient sur les chariots pour des examens. Du côté de la Direction, le premier responsable, Christine Naré, nous a confié que le service minimum était assuré au niveau de toutes les unités depuis 0 heure.

Aussi, certains services avaient reçu du personnel en renfort, recruté par Yalgado parmi les sans-emploi formés dans des structures sanitaires de la place. Seuls les laboratoires ne peuvent pas bénéficier de ces solutions de rechange, car n’est pas laborantin qui veut. La directrice a profité de notre micro pour préciser qu’en pareille circonstance, les urgences (traumatologique, médicale, pédiatrique) étaient prioritairement dotées en personnels d’appui par rapport aux services hospitaliers.

Au hasard de notre balade dans la cour, nous avons pu entendre des plaintes de quelques accompagnateurs déplorant l’absence de tel ou tel médecin de leur patient. C’est dans ce seul service névralgique que nous avons pu prendre véritablement le pouls de la grève. Le moins que l’on puisse dire c’est que les travailleurs ne sont pas prêts à perdre leur liberté syndicale ni à observer indifférents leur paupérisation grandissante.

Pierre Tapsoba
Abdou Karim Sawadogo

L’Observateur Paalga

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