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Mémoire de Maîtrise en lettres modernes : Mariam Zihiri scrute « les carnets secrets d’une fille de joie »

Publié le vendredi 6 juillet 2007 à 08h34min

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L’étudiante en lettres modernes Mariam Zihiri a soutenu, le samedi 30 juin 2007 à l’Université de Ouagadougou, son mémoire de Maîtrise. Elle a obtenu la mention « bien », 15/20.

Pour sa recherche de maîtrise au département des Lettres modernes, l’étudiante Mariam Zihiri a choisi d’étudier les états d’âme d’une fille tombée dans le gouffre de la prostitution. « Critique et autocritique purificatoires de l’instance narrative dans les carnets secrets d’une fille de joie de Patrick G. Ilboudo », tel est le titre du mémoire défendu devant le jury présidé par Bernardin Sanon, Marc Nébié et le directeur de mémoire Issouf Go comme membres.

L’étudiante a justifié le choix de son thème parce qu’ayant trait au phénomène de prostitution et du fait de l’importance accordée à la narration dans cette œuvre. Pour elle, « cette œuvre se situe dans la mouvance de la critique sociale qui cherche à débarrasser la société burkinabè des tares qui entravent son progrès ».

Après avoir défini les éléments de l’énonciation, Mariam Zihiri a analysé les différentes techniques narratives utilisées dans le récit. Dans l’œuvre, la narratrice Fatou Zalme, jeune fille mère qui cheminera pendant longtemps en marge de la société, donne une voix au silence des prostituées. Celle-ci raconte sa vie de misère, de souffrance, sa haine des hommes politiques, de la société qui ne condamne la prostitution qu’en théorie.

Entres autres, l’étudiante relève que « l’autocritique en « je » semble être la plus importante car le récit ressemble à une confession à travers l’étalage de l’intimité de la narratrice ». En outre, « les adverbes et les adjectifs évoqués mettent en évidence les plaies de la société. Par les comparaisons, l’instance narrative apporte des critiques sur la société et ses valeurs ». L’amour, l’abandon, la vie de débauche, le regard d’autrui et la mort sont des sentiments qui traduisent la souffrance de Fatou Zalme. Après avoir souffert du regard négatif d’autrui sur elle, elle en devint indifférente.

Mais, sa douleur s’intensifie lorsqu’elle perd son deuxième enfant qu’elle a tant souhaité. Les expressions employées par la narratrice montrent alors qu’elle veut se purifier par la critique et l’autocritique puis mourir comme son enfant. « Cette voix frustrée, voix de critique démesurée de la société semble faire une sorte de procès à tous ceux qui pratiquent la prostitution. Mais elle ne manque pas de faire sa propre critique lorsqu’elle dit qu’elle est sans point d’attache fixe et peut s’offrir comme bon lui semble à qui elle veut « , a précisé l’impétrante.

De plus, a-t-elle indiqué, la narratrice semble faire une critique interne lorsqu’elle s’identifie à Marie de Magdala, sa consoeur biblique. Elle admire la sainteté recouvrée de celle-ci et déplore par la même occasion sa propre impureté « éternelle ». De toutes les critiques faites, l’étudiante Zihiri conclut que l’œuvre dénonce des abus et tares et par delà le ressentiment. « On sent une révolte toute humaine face aux souffrances et injustices.

C’est un plaidoyer pour l’humain parsemé d’humour et d’ironie », a-t-elle affirmé. Le jury a positivement apprécié le mémoire en soulignant la pertinence du thème et la qualité de l’analyse. Il a néanmoins décelé des points à améliorer au niveau du fond et de la forme du document. En définitive, le jury a décerné à Mariam Zihiri la note de 15/20 mention « bien », à la satisfaction de celle-ci ainsi que de ses parents, camarades et amis venus la soutenir.

Bachirou NANA

Sidwaya

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