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Indemnités des agents de l’Action sociale : Un décret non appliqué depuis 7 ans

Publié le jeudi 21 juin 2007 à 07h49min

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A travers cette lettre qu’il adresse au Premier ministre, Hamadé Guiro, élève administrateur des affaires sociales, revient sur certains problèmes de cette profession.

Excellence Monsieur le Premier ministre, tout le plaisir est pour moi de prendre mon stylo et vous livrer mon opinion de travailleur social. Mais avant, je tiens à vous féliciter pour votre nomination à la tête du gouvernement burkinabè. Si la nomination à la tête d’un gouvernement est hautement politique, force est de reconnaître que Son Excellence Monsieur le Président du Faso a tenu compte de vos valeurs techniques.

Mais l’objet de cet écrit n’est pas de vous encenser béatement, cette manière de faire étant d’une autre époque et adressée aux gens en mal de réputation et de légitimité populaire. Je voudrais tout simplement attirer votre attention sur un de vos départements ministériels qui a mal et même très mal à son personnel. Si votre temps vous le permet, faites l’état des différents ministères et vous comprendrez aisément qu’il ne peut s’agir que du ministère de l’Action sociale et de la Solidarité nationale.

En rappel, vous aviez signé en 2000, en tant que ministre de l’Economie et des Finances, un décret octroyant l’indemnité d’accueil et de permanence aux agents des catégories A et B (seulement) du ministère de l’Action sociale et de la Solidarité nationale. Je parie que vous n’aviez pas douté de la pertinence de cette indemnité lorsque vous apposiez votre signature sur le décret, vous connaissant homme de dossier et de bon sens. Mais permettez-moi de vous dire (retenez votre souffle) que cela fera bientôt sept (7) ans que le fameux décret n’a toujours pas connu un début d’application. Sept (7) ans ! Sept ans d’attente, d’illusions, de désillusions, de pessimisme, de frustration qui aboutissent à la démotivation des agents sociaux.

Excellence Monsieur le Premier ministre, si certains de vos collaborateurs pensent que les services de l’Action sociale sont improductifs en termes monétaires, il y a lieu de leur rappeler que n’est piètre économiste que celui qui n’est qu’économiste. C’est la croissance qualitative de l’homme qui entraîne la croissance économique. Si vos techniciens financiers mettent au centre de tout la valorisation du billet de banque, il y a lieu de leur rappeler que le programme du chef de l’Etat met l’accent sur la valorisation du capital humain.

Si les services de l’Action sociale ne jouent pas efficacement leur rôle dans l’atténuation ou l’éradication des misères morales et matérielles des groupes sociaux en situation particulièrement difficile, permettez-moi, Excellence Monsieur le Premier ministre, d’affirmer qu’il n’y aura pas un environnement favorable aux affaires, aux investissements, bref, à la stabilité dont vous avez besoin pour créer des richesses.

Un forum sur l’Action sociale présidé par le Premier ministre

Excellence Monsieur le Premier ministre, au-delà de mon indignation par rapport au traitement fait aux agents sociaux, fonctionnaires de seconde zone, je voudrais attirer votre attention sur la nécessité de renforcer les capacités institutionnelles des services de l’Action sociale afin qu’ils puissent soulager les conditions de vie des populations et principalement celles doublement victimes d’un système social et économique. Pour cela, je vous suggère d’inscrire dans votre agenda l’organisation d’un forum sur l’Action sociale présidé par vous-même. Je le souhaite de tout mon coeur parce que je ne doute pas de vos capacités d’analyse, de votre esprit de dialogue, de votre propension à écouter l’autre avant de prendre des décisions le concernant.

Avant de conclure mon propos, permettez-moi de vous féliciter pour votre brillante prestation lors de la conférence de presse. Cette conférence est digne d’intérêt en ce sens qu’elle a été une occasion où vous avez pris des engagements et énoncé des principes de travail dont l’organisation, la discipline, la culture du résultat, la valorisation des ressources humaines. Ce dernier point m’intéresse particulièrement, et je vous prie de faire en sorte que les agents sociaux se sentent appartenir à la Fonction publique en valorisant leur travail "improductif", en les rétablissant dans leurs droits par l’application du décret leur octroyant l’indemnité d’accueil et de permanence que vous avez signé vous-même en 2000.

Tout en vous souhaitant plein succès dans l’orchestration de l’action gouvernementale, veuillez recevoir, Excellence Monsieur le Premier ministre, l’expression de mon profond respect.

Hamadé Guiro Elève administrateur des affaires sociales

Le Pays

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