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Société civile burkinabè : la critique est facile, l’art est difficile !

Publié le mardi 12 juin 2007 à 07h44min

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On tire à boulets rouges sur la société civile burkinabè
qui n’a pas accompli son devoir civique des législatives,
qui se complaît trop souvent dans la rhétorique politicienne, qui aurait appelé au "putsch" après le massacre de Sapouy, qui a travesti son rôle, s’est discréditée avec les politiques...

Seul le haut clergé catholique trouve grâce aux yeux de certains et aurait été un "éclaireur" pour les citoyens en leur demandant de choisir des députés capables de défendre leurs intérêts.

Mais de tels députés peuvent- ils exister dans le régime qui est le nôtre aujourd’hui ? Nous appartenons, nous le savons tous et ceci explique cela, à une "démocratie verrouillée", une "démocratie forte", une "démocrature" qui ne tolère d’opposition que d’opérette, qui ne supporte aucune menace pour son pouvoir. C’est ainsi, en tout cas, que nous sommes classés à l’extérieur...

Aucun régime réellement démocratique n’aurait survécu au massacre de Sapouy... Et la médiation du haut clergé catholique, en son temps, a effectivement sans doute évité un bain de sang... Mais la récupération et la manipulation de leur démarche de réconciliation - qui auraient dû être davantage dénoncées — resteront une honte pour le régime actuel. Le pardon ne se décrète pas, il se demande humblement... Il n’y a pas de paix sans justice : l’annonce du non-lieu a choqué Mgr Sanon et il ne s’est pas caché pour nous le dire lors de la Semaine sociale de l’Eglise catholique.

L’engagement de toute la société civile burkinabè a été fort à ce moment. Mais beaucoup de gens mal intentionnés, surtout ceux qui ont eu peur pour leur place dans ce système ont fait de multiples amalgames pour tâcher de déconsidérer ce mouvement porteur d’une indignation juste et justifiée.

Cet engagement n’est pas mort, la mémoire de Norbert Zongo ne peut disparaître.

Depuis, chacun est retourné à son humble travail quotidien. L’UFC creuse des puits à Dori avec les villageois depuis 30 ans, Récif/ONG conscientise des femmes, la CPF, la FENOP et le SYNTAP forment des leaders paysans, les groupements paysans travaillent, les associations de femmes créent de nouvelles activités rémunératrices, la coopération décentralisée continue à fonctionner (même si la communalisation partisane a souvent cassé des groupes qui travaillaient autrefois ensemble), le SEDELAN et l’AEJPLN éditent en langues nationales, ATTAC nous fait comprendre le système économique actuel, la commission Justice et Paix organise la Semaine sociale de l’Eglise, trente associations organisent le 1° forum social du Burkina, le FILEP nous aide à repenser la vraie liberté, les artistes aussi, et tant et tant d’autres choses.

La voilà, la société civile qui travaille au quotidien et essaie de créer au quotidien un véritable esprit de participation et de démocratie ; mais ils sont nombreux ceux qui ne savent pas (ou ne veulent pas) voir cet humble travail de terrain qui transforme les mentalités à long terme et nous donnera un jour la démocratie que nous méritons.

L’esprit constructif est là, au quotidien, bien plus répandu qu’on ne l’imagine. Les bâtisseurs de démocratie l’emporteront sur les fossoyeurs politiques de la démocratie.

Qu’espérer alors de ce régime ? Sinon qu’un jour l’alternance pacifique nous offre enfin des horizons plus démocratiques.

Père Jacques LACOUR jacqueslacourbf@yahoo.fr

Le Pays

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