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Destruction d’installations anarchiques à Gounghin : Des commerçantes marchent sur la mairie centrale

Publié le vendredi 16 février 2007 à 08h40min

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Marché de Gounghin, en ce jeudi 8h 30 mn, les engins dotés de pelle motrice détruisent des hangars, tables, kiosques...installés sur la rue 8.18 menant à ce marché. La tristesse se lisait sur les visages des marchands, des vendeurs et autres petits commerçants. Ils n’en reviennent pas. Impuissamment, ils ont assisté à la destruction de leur lieu de vente.

En effet, depuis 5h du matin, le directeur de la police municipale, Clément Ouango et ses hommes étaient en « action ». Objectif, dégager la rue 8.18, transformé en marché par les commerçants afin de permettre aux gens de circuler. « Cette rue était devenue un marché annexe de celui de Gounghin, si bien que personne ne pouvait circuler à vélo, n’en parlons pas avec un véhicule.

La circulation sur cette rue était pratiquement impossible, or, elle ne côtoie même pas le marché », a indiqué M. Ouango. Les commerçants en colère déclarent avoir beaucoup perdu dans cette opération de la police municipale. Ils auraient souhaité avoir un délai de déguerpissement pouvant leur permettre de ramasser leurs marchandises. Ils déplorent aussi qu’on les « chasse » sans, au préalable, faciliter leur réinstallation dans un autre marché.

Pour Asséta Nikièma, vendeuse de pagnes, qui a reçu dernièrement un lot de « pagnes 8-Mars », cette opération de déguerpissement va lui causer une perte de cent cinquante mille (150 000) F CFA. « Même les tôles, le bois de mon hangar, n’ont pu être récupérés. Le bois aurait servi à ma femme pour sa cuisine », regrette Ousmane Nikièma, coordonnier. La plupart des occupants de cette rue, affirment n’avoir pas été avertis par les services de la mairie. Et pourtant, selon le commissaire Ouango, il ont été bien informés mais ils se sont entêtés.

En 2006, le maire de Baskuy et son conseil, leur ont demandé de libérer la rue. Cette année, ajoute-t-il, les commerçants ont été informés mais comme ils refusent de s’exécuter, la police a employé la manière forte : le déguerpissement. Le commissaire invite les commerçants à observer un minimum d’ordre dans la cité afin d’éviter l’anarchie. Cependant, ces derniers ne l’entendent de la même oreille. Ils prévoient des marches sur la mairie centrale ou sur le domicile de Simon Compaoré.

La crise se déporte à la mairie

15 h 42 mn, suite au déguerpissement des commerçants de la rue 8.18, les femmes du yaar de Gounghin ont marché sur la mairie centrale de Ouagadougou. Elles ont été stoppées dans leur élan à quelques mètres de la mairie, au niveau de la direction de la trésorerie régionale du Centre. Mécontentes de leur situation, les femmes scandaient « où allons nous manger », « Dieu vous paiera à la hauteur de vos opérations ». Les hommes du commissaire de la police municipale, Clément Ouango, ont mordicus refusé que ces femmes ne pénètrent dans la mairie centrale.

Face à l’insistance des femmes, les policiers étaient obligés de brandir leurs ceinturons, afin de les dissuader. Pendant ce bras de fer entre les femmes et la police municipale, surgit Thibault Nana conseiller municipal de la commune de Ouagadougou président du Rassemblement démocratique et Populaire (RDP), venant à la rencontre des marcheuses. Ipso facto, lui aussi a été stoppé avec fermeté par les hommes du commissaire Ouango. L’ordre lui a été intimé de retourner d’où il venait.

Il fut sur le champ appréhendé et renvoyé manu militari des lieux. La circulation a été momentanément perturbée mais cela n’a duré qu’une quinzaine de minutes.
Vers 16 h, les femmes ont rebroussé chemin tout en promettant de se faire entendre.

Boureima SANGA

Sidwaya

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