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Nuisances des maquis : Quand les riverains ne la ferment pas

Publié le vendredi 2 février 2007 à 07h31min

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Depuis quelques semaines et par médias interposés, le torchon brûle entre le maquis « La Jet 8 » et un groupe de résidents de la cité « 1200-Logements » sis au secteur 14 de Ouagadougou. À l’origine de cette bagarre : un voisinage difficile entre le bar dancing et des riverains qui se disent assaillis par des nuisances de toutes sortes.

En novembre dernier, ils se sont ligués une première fois en publiant une lettre de protestation au maire contre l’ouverture du maquis. Mais visiblement le bourgmestre n’a pas eu une oreille attentive à cette levée de boucliers. Contre vents et marées, La « Jet 8 » a bel et bien pris son envol.

Dame Zaïnatou Kontogomdé, qui s’y connaît dans le goût des « maquisards », n’a pas fait dans la dentelle pour que son nouveau coin attire le plus de monde possible. Comme des papillons à la recherche de nouveaux nectars, c’est par centaines que les clients se ruent sur la « Jet 8 » et sa renommée a largement dépassé le cadre de la cité. Évidemment, les jeunes du quartier ne se laissent pas conter ce qui se passe à l’intérieur du maquis.

Pendant ce temps, le groupe de résidents mécontents n’en a pas démordu. Bien au contraire. Il a cru mieux fonder ses protestations en commettant, en décembre et janvier, un huissier pour constater et confirmer (c’est selon) ses incriminations.

Aussi, à la suite d’une investigation qu’il dit avoir menée de jour comme de nuit, Me Séverin Somda a livré un rapport aussi long que détaillé qui semble corroborer la plainte qu’il a reçue. « ... J’ai constaté, à travers mes multiples allées et venues, qu’effectivement la situation du maquis, compte tenu de la proximité des maisons d’habitation, de la fréquentation des lieux par des mineurs, rend difficile la maîtrise de l’éducation des enfants mineurs ; en sus, le lieu est fréquenté par des personnes à la moralité douteuse et aux mœurs légères. En outre, j’ai constaté que le son de la musique, si élevé, ne permet pas un paisible repos des riverains », a conclu l’huissier dans un document publié le 25 janvier par notre confrère L’Observateur paalga.

La réponse de la bergère au berger ne s’est pas fait attendre. Dans une interview publiée le 30 janvier par « Le Pays », Zaïnatou Kontogomdé prend le contre-pied du constat de l’huissier, l’accuse de « diffamation » et « d’espionnage » et regrette que son « bar soit ainsi diabolisé ». Tout en reconnaissant que les reproches de nuisances sonores peuvent se justifier et être réglées à l’amiable, elle pense que « si on doit fermer le bar à cause de l’éducation des enfants, qu’on ferme alors les autres bars... ».

Tous les regards sont tournés vers la mairie de l’arrondissement de Bogodogo qui a accordé une autorisation d’exercer au maquis, certainement en toute connaissance de cause. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’au-delà des bruits que provoquent les nuisances évidentes de la « Jet 8 » qui n’est certainement pas un cas isolé, la prolifération des maquis et ses corollaires pose un réel problème social. Ce n’est certainement pas en cassant le thermomètre qu’on va faire baisser la fièvre que provoque la ruée vers les maquis.

A. Pazoté

Journal du jeudi

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