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La justice injustifiée

Publié le vendredi 20 octobre 2006 à 07h13min

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« Dans un pays où il n’y a pas de sécurité juridique et judiciaire, il n’y a pas de développement. » Cet avis des professionnels du droit en rajoute à l’angoisse et à la peur qu’éprouvent les Burkinabè pour leur Justice. A tort ou à raison, les Hommes intègres lui accordent peu de crédit.

On pensait que le jugement était plutôt excessif, simplement parce que les citoyens ignorent tout de la Justice et de son fonctionnement. Cette méconnaissance est une réalité, mais certains faits de justice sonnent comme de la provocation.

Ces derniers temps, les juges accumulent des « gaffes » qui les éloignent encore plus des populations. Le plus inquiétant pour le citoyen « Nopoko », c’est qu’en dépit d’une situation on ne peut plus alarmante les responsables de la Justice continuent de pratiquer la politique de l’autruche, niant pratiquement le fait que la Justice burkinabè souffre du comportement inadmissible de certains de ces acteurs.

Effectivement, par moments, plus que les verdicts contestables, ce sont les explications données par les autorités politico-judiciaires qui inquiètent les justiciables. Les citoyens constatent avec amertume que les discours officiels jurent avec la pratique dans les tribunaux burkinabè. Ainsi, les principaux gourous de l’appareil judiciaire du Faso ont fait des sorties peu honorables pour, croient-ils, redorer le blason de la Justice.

Face aux critiques objectives sur la mal-gouvernance judiciaire, ils répondent en chur que ce sont les mauvais perdants des procès qui accusent à tort la Justice et les juges. Une façon élégante de réfuter toutes les observations objectives tendant à tirer la sonnette d’alarme. Peut-on sérieusement tenir de tels propos dans un pays où les exemples sont légion sur les verdicts qui sont à la tête du client ?

Certainement pas. Bien au contraire, la rocambolesque affaire de Issaka Korgo invite les responsables de la Justice à ne pas balayer du revers de la main les critiques faites sur le fonctionnement de la Justice burkinabè. C’est pourquoi il est proprement inadmissible d’oser insinuer que contester une décision de justice est insensé. La Justice elle-même n’a t-elle pas prévu les cas de recours en créant au-dessus des tribunaux de première instance des Cours d’Appels et des Cours de Cassation ?

C’est la preuve, s’il en était encore besoin, que le niveau inférieur peut mal interpréter les textes.
En réalité, la Justice burkinabè est très frileuse et s’obstine à refuser de se regarder dans la glace. Et pourtant, les populations sont conscientes que si leur Justice a des laideurs, elle n’est pas la plus vilaine d’Afrique, encore moins du monde. Elle possède des qualités indéniables, et le grand combat de tous ceux qui dénoncent ces tares est de lui éviter de tomber encore plus bas.

Sans en faire une fixation, il faut, avec courage, reconnaître que le verdict rendu le 5 octobre dernier dans le dossier de l’Etat burkinabè contre l’homme d’affaires Issaka Korgo et sa société Sokocom est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Certes, la présomption d’innocence est un élément essentiel de toute justice crédible, mais prendre la décision qui a été rendue dans ce dossier, il y avait une ligne à ne pas dépasser.

En effet, le verdict est totalement incompréhensible pour un accusé qui a reconnu les faits de confection de faux procès-verbaux. Il n’a peut-être pas imité la signature du ministre des Finances et du Budget, mais il n’en demeure pas moins que son acte cause un préjudice à la société.

Le plus grave est de savoir comment le ministère des Finances et surtout le Conseil des ministres ont pu conduire un si important dossier avec une telle légèreté. A moins que l’affaire n’ait été montée de la sorte à dessein pour amuser la galerie et continuer à se la couler douce. Dans un pays où la morale est morte depuis belle lurette, il ne faut être surpris de rien.

Adam Igor

Journal du jeudi

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