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Lutte contre la corruption au Burkina : Frapper fort pour faire des exemples

Publié le vendredi 20 octobre 2006 à 07h23min

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La Haute autorité de coordination de lutte contre la corruption (HACLC) a organisé du 26 au 29 septembre dernier à Tenkodogo un atelier visant à actualiser le document de politique nationale de lutte contre la corruption et le plan d’action pour sa mise en œuvre.

Cela constitue une avancée dans la lutte contre ce serpent de mer qu’est la corruption, pas facile à éradiquer. Encore faut-il essayer.

La tentation de l’argent facile guette tout le monde. De l’honorable père de famille qui tombe dans le piège une fois en passant au malfrat, corrompu bon teint bon chic, tout ce monde fait le lit de la corruption au Burkina Faso. Après avoir emprunté la forme et le niveau de développement du pays, la corruption gagne du terrain, menace les fondements de la société en ce qu’elle modifie les rapports entre les hommes et sape les bases d’un développement harmonieux.

Fini le temps où la corruption au Burkina était vénielle et dans la forme inéluctable à toute société humaine.

A présent, elle est pratiquée sur une plus grande échelle, instituée par endroit, empruntant des circuits insoupçonnés.

Pour ne pas nous perdre, n’entrons pas dans les méandres de la corruption. Contentons-nous seulement de son schéma classique et universel : il y a d’un côté le corrompu qui octroie la faveur et de l’autre le corrupteur qui est porteur de la rémunération occulte qui peut être en billets de banque, ou d’autres cadeaux en nature. Simple comme bonjour, mais des faits difficiles à établir et donc à combattre d’où le semblant d’inertie constatée dans la lutte.

Dans une certaine mesure, tout le monde est coupable

Face à cette gangrène, tout le monde devient presque coupable. Les uns pour leur silence, les autres pour leur propension à parler sans preuves, favorisant le jeu de cache-cache des corrompus. Quand tout le monde crie au loup par fantaisie, il reste bien tapi dans les bois. Et pourtant, il faut passer à une étape supérieure de la répression et c’est maintenant ou jamais avec le processus de communalisation intégrale en cours dans notre pays. La décentralisation devra être accompagnée de mesures et d’arsenaux répressifs pour lutter efficacement contre la corruption et les malversations. C’est connu, tout centre de décision est une source potentielle de corruption. Il suffit d’un rien sonnant et trébuchant pour que le mal jaillisse.

Dans cette situation, si rien n’est fait, la corruption organisée gagnera tout le Faso jusque dans les plus petits hameaux, surtout que certains maires de communes rurales font déjà du lotissement de leurs zones, des programmes d’activités des cinq (05) années.

Evitons d’assister à une corruption communalisée où chaque parcelle de pouvoir serait source de malversation et d’appauvrissement des populations.

Ce serait vraiment le comble, vu l’engouement des populations à l’idée de prendre en main leur propre destin. Loin de nous toute idée de médire déjà des braves maires nouvellement élus. Juste un avertissement sans frais pour qui connaît ce qui se passe dans certaines mairies, souvent à l’insu des maires.

De la nécessité d’un signal fort

Alors que faire ? Malgré la complexité du phénomène, il faut arrêter maintenant de crier au loup et donner un signal fort, car pendant ce temps la corruption continue de tisser sa toile, d’étendre ses tentacules dans des secteurs socialement sensibles et qui étaient jusque-là épargnés. Dans les normes et limites d’une République et d’un Etat de droit, il faut déclarer la guerre à la corruption en dissuadant et en faisant réfléchir par deux fois avant d’être corrupteur ou corrompu. Il convient de faire peur par des exemples car les corrompus sont devenus téméraires et sans vergogne.

Ils méritent d’être traqués et l’opinion publique comprendra parfaitement. Nous insistons sur le fait qu’il faut respecter les limites de l’Etat de droit, car il ne doit pas s’agir d’une chasse aux sorcières. Il s’agira de faire comprendre aux élus, aux fonctionnaires responsables de denier public (donc de toute la communauté) et investis de l’autorité de l’Etat, que lorsqu’ils vont contre la loi et les règles de l’honnêteté et de l’éthique, s’ils sont coupables des malversations, de corruption, ils s’exposent à des sanctions prévues par les lois car il existe bel et bien des lois et des institutions chargées de lutter contre la corruption et les malversations au Burkina Faso.

Ceux qui seront coupables ne s’en prendront qu’à eux-mêmes et la République survivra. Il faut s’attaquer au problème car en l’état, on finit par accréditer dans l’opinion publique l’idée selon laquelle toute l’administration est pourrie et tous les gendarmes et policiers sont des ripoux, ce qui n’est pas exact.

Il faut dissuader par des exemples car selon l’ecclésiaste : " La crainte de Dieu est le commencement de la sagesse ". on peut paraphraser en disant que le respect du bien commun est le commencement de la bonne gouvernance.

Abdoulaye TRAORE

L’Hebdo

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