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Au palais de justice : L’amant a-t-il violé la femme ou le domicile ?

Publié le vendredi 13 octobre 2006 à 07h25min

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Une affaire de coeur devant le juge correctionnel le 3 octobre 2006. G.I a été interpellé et déféré pour violation de domicile de R.C en son absence. En fait, une des épouses de R.C était la maîtresse du prévenu. Le tribunal s’en est rendu compte et l’a relaxé.

G.I comparaît devant le tribunal correctionnel de Ouagadougou pour violation de domicile, fait réprimé par l’article 360 du Code pénal.

L’instruction à la barre menée par le juge et ses deux assesseurs a relevé que derrière la prévention de violation de domicile se cache plutôt une histoire d’amour entre G.I et une des épouses du plaignant.

Une nuit du mois de juin 2006, G.I se rend au domicile de R.C. Il est une heure du matin. Muni d’un fer, il rejoint la porte des épouses de R.C et demande d’ouvrir.

Pour G.I, il n’y a pas eu de violence ni d’effraction. Pourquoi était-il alors muni d’un fer ?, questionne le procureur Losseni Traoré. La réponse du prévenu, traduite du mooré en français, nous est inaudible. Le procureur insiste. Sur la base du PV d’enquête préliminaire, le prévenu aurait déclaré qu’il s’est rendu chez R.C pour obliger l’épouse de ce dernier à le rejoindre.

Le prévenu lui, soutient que son amante savait qu’il viendrait cette nuit-là. Il a frappé à la porte afin qu’on lui ouvre. Et il est reparti de la cour sans forcer la porte.

En fait, l’époux R.C a été informé par sa femme des visites nocturnes de GI. C’est ce qu’il a soutenu à la barre. Il a jouté qu’il ne savait pas que G.I était l’amant de son épouse. Cette déclaration étonne le procureur qui rappelle au plaignant qu’au commissariat, il a déclaré que G.I a violé sa femme et qu’il ne comprend pas pourquoi il ne l’a pas poursuivi pour cela.

L’épouse "querellée" a été entendue très brièvement par le tribunal, le temps qu’elle confirme que G.I est venu à la maison au moins 6 fois en l’absence de son mari, orpailleur. Le mari, qui s’est constitué partie civile, a réclamé 150 000 F CFA pour les différents frais que l’affaire lui a occasionnés.

Les réquisitions du procureur traduisent le sentiment général à l’audience, la gêne. Pour le procureur, cette affaire est gênante. A la lumière des débats, il s’agit, en fait, d’un rendez-vous entre amants. Les éléments de l’infraction de violation de domicile ne sont pas constitués, selon lui. Il a demandé la relaxe pour le prévenu.

Me Pascal Ouédraogo qui s’est constitué aux côtés du prévenu a vu sa tâche facilitée par les réquisitions du procureur. Pour lui, l’élément matériel, la violence ou la fraude, n’existe pas. Ce jour-là, son client a tapé à une porte pour qu’on la lui ouvre, soutient-il. D’un point de vue moral, il estime qu’à la lumière des débats, on sait pourquoi son client est allé rejoindre sa maîtresse. lI a demandé au tribunal de relaxer son client pour infraction non constituée. Les juges ont suivi le procureur et l’avocat de la défense. Le tribunal a relaxé l’amant pour infraction non constituée.

Par Abdoulaye TAO

Le Pays

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