LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Maternelles, jardins d’enfants, garderies : Comment éviter le dégoût de l’école ou le blocage intellectuel ?

Publié le vendredi 13 octobre 2006 à 07h24min

PARTAGER :                          

Qui veut aller loin ménage sa monture, dit-on ! L’on reconnaît alors implicitement que la précipitation n’est pas toujours le moyen d’atteindre de nobles objectifs et donc, qu’il faut s’y prendre tôt. Et pour un parent, qu’y a-t-il de plus noble que le bien-être physique et intellectuel de son enfant ?

Les parents perçoivent la nécessité de le préparer à la vie future, si bien que cette vision les pousse souvent à perdre de vue les capacités d’adaptation du jeune enfant. Devant l’avenir si radieux qu’ils lui destinent, ils se décident à refuser au bambin son droit à l’enfance, l’entraînant ainsi dans un processus de scolarisation.

Joël et Josué sont deux frères jumeaux de 2 ans révolus. Ils fêteront leur troisième anniversaire, comme toujours, avec gâteau et chocolat, avant la fin de l’année. Mais pour ces deux garçonnets, fini les roulades et escalades sur les chaises de la table à manger qui trône au salon. Papa et maman ont décidé pour eux : à la rentrée, ils iront à l’école maternelle. Les enfants seront ainsi arrachés à l’atmosphère familiale douillette pour trouver de nouveaux repères en compagnie d’autres jeunes, pousses comme eux, dans une structure qui leur est réservée.

Comme Joël et Josué, ils seront nombreux ces bambins à quitter les jupons de maman pour intégrer des structures préscolaires : garderie, jardin d’enfant, école maternelle ou autre établissement qui accueille ce genre. Garderie, jardin d’enfant, maternelle sont, en fait, autant d’appellations d’une structure qui remplit une fonction de service destiné surtout aux parents qui exercent une activité professionnelle généralement contraignante en temps et qui souhaitent laisser leurs enfants entre de bonnes mains.

On désigne communément par ces termes, l’ensemble des lieux qui s’y apparentent par leurs propriétés fonctionnelles. Ces cadres en effet, à quelques différences près, se caractérisent par une offre de prestations horaires élargies qui correspond à la journée de travail de l’adulte (le parent). Néanmoins, les spécialistes relèvent une nuance. La garderie par exemple a pour fonction, comme son nom le suggère, la garde simple de l’enfant. C’est en fait une alternative au placement chez « une maman du jour » ou l’emploi d’une baby-sitter. Quant au jardin d’enfant, c’est plus une appellation poétique qu’une particularité. L’école maternelle, quant à elle, tend à marquer la différence car elle est plus encline à la scolarisation que ces deux autres structures.

"La garderie, en plus de la "garde" [...] commença à faire de l’éducation"

Selon Fatimata Korbéogo, inspectrice d’éducation de jeunes enfants et directrice du service préscolaire au ministère de l’Action sociale, les structures d’encadrement de jeunes enfants ont vu le jour depuis 1958 à Bobo-Dioulasso. Elles étaient mises en place pour les enfants des militaires de la garnison qui y était installée. Par la suite, le privé s’en est mêlé et a fait croître l’activité. Ce n’est qu’en 1985, sous la révolution, que l’Etat va s’intéresser de plus près au secteur en construisant et en équipant les garderies populaires. 35 structures sont ainsi mises en place en 1985 (www.action-sociale.gov.bf).

Pour le régime d’alors, ces structures avaient notamment pour objectif de libérer la femme pour qu’elle s’investisse pleinement dans les activités rémunératrices. De la capitale jusque dans les provinces, les garderies populaires installées assuraient alors la simple garde de l’enfant. Par la suite, il fut jugé bon d’offrir d’autres prestations qui vont de l’aspect sanitaire à l’aspect éducatif. La garderie, en plus de la « garde » à connotation d’assistance, commença à faire de l’éducation.

Du point de vue sanitaire, il y a l’hygiène de vie et la détection des probables déficiences de l’enfant qui pourraient lui causer à l’avenir des ennuis dans son cursus scolaire ou dans sa vie tout court. En effet, les moniteurs, lors des activités diverses avec les enfants, sont censés être capables de détecter de petites malformations qui passent inaperçues aux yeux des parents : Bégaiement, myopie, phobie de tout genre, infirmité... Aussi, il était prévu des supplémentations alimentaires pour éviter la malnutrition des tout-petits afin de leur assurer une croissance harmonieuse. En ce qui concerne le deuxième volet, il y a les activités d’éveil et de socialisation du jeune enfant.

On dénombre 82 garderies populaires [...] sur toute l’étendue du territoire burkinabè

Le développement de ces structures est d’autant plus marqué que l’on se trouve dans une région urbanisée, où se rencontrent des couples travailleurs et la désagrégation des structures sociales. Les garderies expriment donc l’évolution des modes de vie en cours dans la cité.

Actuellement, on dénombre 82 garderies populaires et 103 structures privées de préscolaires sur toute l’étendue du territoire burkinabè. Cette flopée exprime clairement que la demande est forte. Mais comment expliquer une si aussi forte demande dans un pays où le maternage est par habitude prolongé ? Pour tout dire, quelle est la motivation des parents en envoyant leurs jeunes enfants dans une structure préscolaire ?

Les avis divergent sur l’intention des parents. Constantin Ouédraogo est éducateur garderie populaire du secteur 14. Pour lui, la motivation peut être de deux ordres : "Pour certains, c’est juste pour pouvoir se libérer et vaquer à leurs occupations ; d’autres par contre savent qu’ils préparent le cursus scolaire de leurs enfants". Mme Korbéogo, elle, met surtout en avant la 2e motivation : "C’est parce qu’ils veulent préparer l’avenir de leurs enfants", dit-elle.

A la question de savoir pourquoi elle amène son enfant à la garderie, Mme Eveline Sinzogan parle de temps : "D’abord parce que je n’ai pas le temps de m’en occuper, et puis c’est pour son avenir". Mme Zongo est vendeuse au secteur 23 (Tanghin) et mère de deux enfants à la garderie populaire du secteur. « Je les ai inscrits à la garderie pour qu’ils soient éveillés ; et puis quand les enfants sont à la maison, ils dérangent les parents, ils font la bagarre et ont souvent de mauvaises compagnies ».

Les objectifs affichés de la garderie sont clairs.

On le voit, les occupations professionnelles des parents, l’éclatement de la cellule familiale et le souhait de préparer un bon cursus scolaire à l’enfant sont les principales motivations des uns et des autres. Cela dit, l’excuse du temps n’est pas trop utilisé pour justifier la venue des enfants dans les garderies. De plus en plus, la progéniture est moins nombreuse, en tout cas en ville, (beaucoup de famille n’ont pas plus de 3 enfants) et on s’en sépare avec peine. C’est donc par nécessité. Cependant, les parents ont souvent une conception du préscolaire qui diffère de celle des professionnels du domaine.

Les parents sont unanimes à reconnaître l’importance qu’a le cursus préscolaire sur l’évolution intellectuelle de l’enfant, mais bien peu comprennent comment leurs petits se transforment en écoliers. Certains s’impatientent d’entendre ou de voir leur bambin lire, écrire et parler la langue de Molière dès qu’il a franchi la porte d’une structure préscolaire au point quelquefois de vouloir aller plus vite que la musique, ce qui peut être lourd de conséquences dans le futur.

Les objectifs affichés de la garderie sont clairs. Pour les professionnels du secteur, la problématique de fond est la séparation de l’enfant du cercle familial en vue d’une socialisation dans un cadre autre que la cellule familiale. Cette étape de l’évolution de l’enfant est si importante et délicate que les dysfonctionnements sévères de cette phase de sa vie peuvent déboucher sur des psychopathologies sérieuses qui vont de la psychose symbiotique à la dépression.

L’enfant a besoin de s’appuyer sur sa famille et l’école.

En effet, les pédopsychologues (psychologues de jeune enfant) ne diront pas le contraire, le degré de séparation de l’enfant avec le cocon familial, détermine le degré d’individualisme du futur adulte qu’il sera. Le maternage prolongé du tout-petit peut de ce fait déboucher sur un besoin définitif d’étayage (besoin de toujours s’appuyer sur quelqu’un). A l’opposé, un processus de séparation trop poussé peut produire des personnages "froids" donc inaffectifs et asociaux, voire pires.

Pour grandir harmonieusement, l’enfant a besoin de s’appuyer sur sa cellule familiale et l’école, chaque structure l’éduquant à sa manière, faisant sa part de boulot, mais avec l’objectif de converger vers la construction d’un être équilibré. C’est Wardworth qui le dit dans une formule devenue célèbre : "l’enfant est le père de l’homme".

La prouesse que doit réaliser le cadre préscolaire est donc la socialisation et l’éducation de base du marmot hors de son cadre familiale. En d’autres termes, il s’agit de l’éveiller. Les pédopsychologues sont unanimes à le reconnaître, la petite enfance est le foyer de plusieurs acquisitions de l’enfant.

Ce que subira l’enfant à cet âge, conditionnera donc son être durant sa vie. En vue de réussir cette mission d’éveil auprès des enfants, les moniteurs et éducateurs de ces êtres hauts comme trois pommes devraient être équipés en conséquence même si, en vérité, certains parents que nous avons rencontrés doutent de leur niveau et compétences dans la mesure où leur recrutement ne serait pas toujours rigoureux.

Professionnel de l’éducation préscolaire, le moniteur de la petite enfance exerce sa fonction dans un cadre extrafamilial ; laquelle fonction consiste à utiliser ces connaissances de l’enfant pour l’aider à se socialiser avec ses camarades et dépister des difficultés pouvant toucher celui-ci.

Le cadre préscolaire n’est pas indiqué pour la scolarisation.

Le développement affectif, social et cognitif est un module enseigné aux encadreurs et éducateurs de jeunes enfants. Cela leur permet, comme dit M. Ouédraogo, "d’appréhender les enfants à travers les activités que nous menons avec eux". Cette connaissance de la psychologie de l’enfant leur permet en outre une relation avec lui pour découvrir les étapes sensibles de son développement et déceler le plus tôt possible les éventuelles tares.

En somme, le préscolaire s’occupe du jeune enfant de façon « holistique » et n’exige pas de lui un rendement intellectuel comme cela est le cas dans les structures de scolarisation. Pour dame Korbéogo, le cadre préscolaire n’est pas bien indiqué pour une scolarisation. "Le préscolaire ne fait pas de scolarisation mais plutôt de l’éducation, de l’éveil du jeune enfant". Pour elle, il faut d’abord éduquer "le jeune enfant" en le préparant à son cursus scolaire par des activités et non des cours et autres exercices formels. La garderie n’a jamais été soumise à l’obligation scolaire.

Elle se distingue de cette tradition de « résultats » de l’école primaire. En effet, sa référence à la fonction maternante comme sa fonction effective de prolonger le maternage la situe aux antipodes des contraintes scolaires. C’est seulement une structure avant-gardiste de l’accueil des enfants dans le cycle primaire. C’est ce qui est du moins souhaitable.

Imposer un rythme de travail soutenu à l’enfant n’est pas indiqué.

Malheureusement, l’évolution aidant et les mentalités agissant, on commence à demander plus aux garderies et à leurs pensionnaires. Alors que certaines structures s’occupent des gamins de façon holistique (psychique, physique, mentale), d’autres s’engagent dans une scolarisation précoce et forcené, sollicitant d’avance l’attention immature du jeune enfant. Chose que confirme Constantin Ouédraogo : "Certains jardins d’enfants sont des structures d’apprentissage précoce et automatique".

Si ces "goulags scolaires" sont à blâmer (c’est eux les professionnels et non les parents) pour cet agissement, il convient de préciser que certains parents les y poussent. Mme Korbéogo : "certains parents pressent les monitrices à engager les enfants dans des leçons de lecture et de langage en français et autres choses qu’ils trouvent fantastiques pour leurs enfants" mais qui sont souvent inadaptés ou carrément nuisibles à leurs âges. Cette tendance à stimuler l’intelligence de l’enfant, à lui imposer un rythme de travail soutenu, n’est en effet pas indiquée. Pire, on rencontre souvent des enfants d’à peine deux ans dans les structures préscolaires.

Même s’ils semblent éveillés à la maison comme le prétendent les parents, il est toujours dangereux de les faire quitter le cercle familial. On pourrait parler d’abandon et de négligence dans certains cas quand on assiste à l’arrivée d’un tel enfant, tout fatigué et bâillant à se rompre les mâchoires. Parce que les parents doivent aller travailler et personne n’est là pour s’en occuper, on les exile momentanément.

Ça roulera au début mais ça peut se gripper.

Le cycle préscolaire, faut-il le rappeler, est divisé en trois tranches ou sections : la petite section de 3 à 4 ans ; la moyenne section (4 à 5 ans) et de 5 à 6 ans on a la grande section. A toutes ces étapes, l’enfant acquiert de plus en plus de la personnalité, de l’assurance et des rudiments pour affronter le cursus du cours préparatoire.

Par un matériel didactique élaboré et produit au Burkina, la Direction de l’enfance assure un programme par classe, composé principalement de quatre matières, aux enfants. Le programme national d’éducation préscolaire élaboré en 1995 est un document de base pour l’orientation et l’encadrement préscolaire. Il prend en compte tous les domaines de développement de l’enfant et est mis en application dans toutes les structures préscolaires homologuées.

Antoinette Zida, éducatrice de jeunes enfants à la garderie populaire du secteur 23 nous parle du programme à la garderie : « nos activités sont basées sur l’éveil ; on a des activités mathématiques de langage, d’éducation physique, des jeux et des exercices sensoriels ». Une activité comme l’exercice sensorielle, explique Germaine Zidwemba, responsable d’un jardin d’enfant, consiste, à titre d’exemple, à présenter à l’enfant des mets salés et sucrés pour qu’il arrive à détecter les deux goûts.

Des livrets d’exercices pratiques existent aussi pour le coloriage, la peinture et le graphisme. Ce matériel pédagogique est également conçu et mis en vente par la direction de l’éducation préscolaire à l’intention des structures publiques et privées, mais on trouve beaucoup de maternelles qui s’en démarquent, préférant ouvrir leurs propres manuels pour plus d’efficacité ou par pure snobisme.

D’autres activités d’éveil et de socialisation sont menées par les encadreurs avec les enfants. La petite Alimatou Sadia témoigne : « On apprend à compter, à chanter, à faire beaucoup de chose et on mange aussi. Cette année, nous sommes allés à Ziniaré pour visiter le parc. J’ai vu les animaux qu’on nous montrait en classe ». Somme toute, au préscolaire, on ne boit pas seulement la bouillie et on n’est pas simplement occupé à glisser sur le toboggan et à jouer à la balançoire, on apprend aussi des choses utiles.

En fin de cycle de la maternelle, l’enfant a des acquis palpables qui sont à même de lui donner une longueur d’avance sur les autres. Mme Tassembédo Rose est éducatrice à Ouaga. Pour elle, un acquis fort appréciable est que "l’enfant a déjà la maîtrise de l’outil scripteur, il est épanoui, n’a pas peur de parler en public et ne se renferme pas face au maître". Mme Korbéogo embouche la même trompette,

"Il n’a pas peur du maître, sait s’orienter et sait déjà lire quelques mot et compter". Nazaire Nion, enseignant à l’école Tanghin Barrage A affirme qu’il y a dans sa classe des élèves ayant fait la garderie. « En classe, on sent qu’il y a une avance pour les enfants qui ont déjà fait le préscolaire. On sent que ceux-ci ont un bagage de savoir avant le primaire ». Rien que le gribouillage que font les enfants du préscolaire les prépare en assouplissant la main pour l’écriture, ce qui n’est déjà pas négligeable.

Le dégoût de l’école est à craindre si....

Ces acquis sont parfois si convainquants que certains parents décident d’interrompre le cursus préscolaire de leur rejeton pour l’amener directement au CP1. D’autres font mieux, ou pire, c’est selon, ils l’inscrivent directement au CP2 comme le dit M. Nion « Nous recevons des enfants du préscolaire qui font automatiquement le CP2 ».

Qu’à cela ne tienne, les spécialistes sont formels : il est bénéfique de laisser le tout-petit finir son cursus préscolaire. Sans quoi, ce serait exposer l’enfant à des conséquences fâcheuses. Mme Korbéogo parle de "dégoût de l’école" ou de blocage intellectuel de l’enfant. Celui-ci brillera dans les premières années, mais se lassera très tôt dans les classes supérieures, entraînant ainsi des échecs scolaires répétés.

S’il est vrai que les jeunes enfants sont inscrits au préscolaire par leurs parents, force est de reconnaître que ceux-ci ne maîtrisent pas toujours ce qui est enseigné à leurs enfants. Toutes les structures d’encadrement ne sont d’ailleurs pas aptes à fournir un service de qualité, loin s’en faut. Il est donc important, de s’entourer de précautions dans le choix de l’établissement dont le nom, souvent poétique, ronflant et ambitieux est quelquefois inversement proportionnel à la qualité de la prestation. Ici comme ailleurs, tout ce qui brille, ou plutôt tout ce qui sonne bien, n’est pas or.

Au Burkina Faso, le ministère de l’Action sociale à travers le service du préscolaire est la seule autorité indiquée pour homologuer une structure d’encadrement de jeunes enfants. Les garderies populaires tout comme les privés doivent répondre à un cahier de charges pour pouvoir exercer. Une inspection de la direction du préscolaire permet de reconnaître officiellement une structure de garde d’enfants. L’une des obligations du cahier de charges à respecter pour l’ouverture d’une structure préscolaire est la constitution d’un dossier pour tout le personnel technique comportant des pièces comme « l’autorisation de diriger ».

C’est dire que la compétence des encadreurs est un élément essentiel pour l’établissement d’une structure. Force est de reconnaître cependant que des couacs existent à ce niveau ; surtout dans les structures privées. Des responsables d’école primaire sentant le filon dans l’encadrement préscolaire érigent des garderies avec pour encadreur, les maîtres du primaires ou des nièces et neveux auxquels on veut donner de quoi faire pour les soustraire à l’oisiveté et aux affres du chômage.

Dans de telles structures, l’enfant est vite embarqué dans la scolarisation classique sans autre forme de procès, puisque c’est ce que le maître sait faire le mieux, et bonjour les dégâts. Bref ! On rencontre souvent de l’amateurisme dans ce domaine. Un tel constat nous amène à regretter l’abandon par l’Etat burkinabè de l’éducation préscolaire. En effet, depuis 1998, le gouvernement ne construit plus de structure préscolaire. Pourtant les moniteurs et éducateurs de jeunes enfants sont toujours formés à Gaoua.

Toutes les structures ne sont pas aptes à fournir un service de qualité.

La lueur d’espoir vient peut être avec l’inscription de l’éducation préscolaire par le gouvernement dans le cadre stratégique de lutte contre la pauvreté qui donne des orientations pour le relèvement du niveau des revenus des populations, le développement des ressources humaines et du potentiel productif. On peut citer aussi la promotion du développement de l’éducation préscolaire non formelle à travers les Bisongo.

Ce sont des structures de préscolaire de proximité dans les campagnes. Aujourd’hui, elles sont au nombre de 37 et 31 restent à être inaugurées par l’UNICEF et Borne Fonden. L’avènement de ces écoles vient corriger une "injustice" qui frappait les petits des campagnes. La loi d’orientation de l’éducation stipule en son article 2 que l’éducation est une priorité pour tous. C’est donc pour corriger cette inégalité que la direction de l’enfance, appuyée de ses partenaires, s’attellent à installer ces structures préscolaires rurales afin de libérer les jeunes filles, souvent commises à la tâche de la garde des tout-petits, pour l’école.

Le cursus préscolaire est un maillon important et hautement essentiel dans le processus de scolarisation de l’enfant. Aussi, il est admis que l’enfant est un être en formation tant dans son esprit que dans son corps. Convaincu de cela, il est aisé de percevoir la nécessité de travailler à écarter toute action pouvant nuire à la croissance du jeune enfant. En somme, la fonction assignée à toutes ces structures est celle de bien assurer une bonne transition entre la cellule familiale et le domaine scolaire sans trop de traumatisme pour le jeune enfant.

L’Etat doit s’impliquer davantage.

Concrètement, des solutions sont à trouver dans les plus hautes sphères pour assurer l’éducation sans risque aux tout-petits du Burkina Faso quelles que soient leurs zones de résidence. Cela passe aussi par l’implication ou la « ré-implication » de l’Etat dans la création, l’équipement et la gestion des structures préscolaires.

Le privé aussi doit pouvoir compter sur l’Etat pour mieux promouvoir l’activité. Aussi, il est nécessaire de revoir le montant de la scolarité car il est toujours un frein à l’inscription des enfants au préscolaire. Actuellement, pour une structure publique, il est d’environ 35 000 francs.

Quant au privé où les frais de scolarité sont laissés à l’initiative des promoteurs, il donne parfois le vertige dans la mesure où les promoteurs peuvent quelquefois aller chercher dans les 100 000 ou 200 000 francs sans oublier les autres charges annexes qui ne manquent jamais, tout étant bien à prendre pour frapper les parents là où ça fait le plus mal : leur portefeuille.

Pour un plus grand investissement du privé dans l’éducation préscolaire, il pourrait être décidé de modifier les clauses du cahier de charge qui, à l’heure actuelle, sont loin d’être réalistes. Sans oublier que la superficie de 1200 m2 exigée pour la cour d’une garderie est difficile à acquérir de nos jours, et bien peu sont ceux qui respectent cette clause. Le financement d’une garderie complète digne de ce nom est évalué à près de 52 millions. Les institutions bancaires pourraient aider au financement de tels projets, vu que la demande est forte et croissante. C’est aussi un acte citoyen que de participer à la formation de ses cocitoyens.

Christian Zongo.
Didier Ouédraogo.
(Stagiaires)

L’Observateur Paalga

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique