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Journée mondiale de la vue : il y a un peu plus de 30 000 aveugles au Burkina

Publié le jeudi 12 octobre 2006 à 07h11min

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Aujourd’hui le monde entier commémore la journée mondiale de la vue. Pour en parler, nous avons rencontré le Docteur Bernadette Yoda, coordonnatrice du Programme national de prévention de la cécité et Rose Sita Saré, opticienne à Ouagadougou.

Le Pays : En quoi consiste la journée mondiale de la vue ?

Dr Bernadette Yoda et Rose Sita Saré : Chaque année, la journée mondiale de la vue a lieu le deuxième jeudi du mois d’octobre. L’objectif de cette journée est de sensibiliser toutes les couches de la population sur les pathologies oculaires. Le thème retenu cette année est ; la basse vision et les vices de réfraction. Les vices de réfraction désignent toutes les déficiences visuelles qui peuvent être améliorées par les lunettes. Il faut savoir que la vision est un système optique avec plusieurs composantes.

Entre autres, nous avons la rétine, nous avons le milieu transparent dont le cristallin, nous avons aussi la cornée. Ce système a donc besoin d’une mise au point pour que l’image soit nette. Pour chaque être humain, l’évaluation n’est pas la même. Il y en a qui ont une vision optique bonne, sans adduction. D’autres, par contre, ont besoin qu’on leur ajoute des lunettes pour pouvoir bien voir la même image, selon qu’ils soient myopes, hypermétropes ou astigmates. Egalement, à partir de la quarantaine, avec le vieillissement le cristallin n’accommode plus.

En ce moment il y a besoin de compensation pour pouvoir voir de près ; c’est ce que nous avons appelé la presbytie. Cependant, il y a aussi une infime partie des déficiences visuelles qui ne peuvent pas être améliorées par les lunettes. La vision reste faible quelle que soit la correction qu’on apporte. En ce moment le patient, pour continuer à voir, a besoin qu’on lui ajoute un autre système pour renforcer sa basse vision, afin de pouvoir continuer ses activités socioprofessionnelles.

Pensez-vous que la prévalence de maladies visuelles est grande au Burkina Faso ?

Selon l’OMS, la cécité au Burkina est estimée à 1,4 %. En 1996, il y a eu un recensement général qui a fait état de 32 377 aveugles, soit 20% de cécité parmi les handicaps majeurs. La cécité est un grand handicap au sein de notre société, quand on sait surtout qu’elle est source de pauvreté. C’est pourquoi, nous incitons les populations, à travers la journée mondiale de la vue, à aller se faire dépister dans les centres de santé. Le dépistage c’est la mesure de la vision de l’individu et la correction qui y est nécessaire.

Dans le cadre de la mise un oeuvre de la cécité, nous travaillons sur les systèmes d’intégration. Toutes les structures de santé sont en mesure de recevoir les patients avec leurs plaintes. Une fois qu’elles sont contactées, elles peuvent soit prendre en charge, soit référer. Nous avons un système de référence qui garantit la prise en charge la meilleure pour les patients, quel que soit leur mal.

Grâce à ce système de référence, le patient peut avoir accès à des informations, à des prises en charge dans les structures de santé existantes. Pour ce qui est du dépistage, une fois qu’il est fait, l’agent de santé prescrit une ordonnance. Muni de cette ordonnance, le patient va donc voir les opticiens qui exécutent son ordonnance, s’il s’agit par exemple de lunettes.

Nous profitons ici pour dire que le port de verres correcteurs est important pour soigner les problèmes de vision. Mais il est surtout prudent d’acheter ses lunettes, correcteurs ou solaires, seulement chez les opticiens, plutôt que dans la rue.

Y a-t-il d’autres activités prévues dans le cadre de la célébration de la journée d’aujourd’hui ?

La journée mondiale de la vue se passe à notre niveau, essentiellement autour de la sensibilisation à travers notamment les médias. Il faut reconnaître que le Programme national de la prévention de la cécité rencontre des difficultés pour sa mise en oeuvre ; manque de financement. Mais avec les modestes moyens fournis par le ministère de la Santé, nous faisons de notre mieux pour que le message passe.

La médecine moderne est-elle l’ultime voie de recours pour soigner les yeux, selon vous ?

Il s’agit là de mesurer la vision et de compenser par un système optique. A priori, je sais en tout cas qu’un tradipraticien ne peut pas soigner la cataracte.

Pourtant il n’est pas facile de payer la prise en charge médicale.

Régulièrement le ministère de la Santé révise les taux pour que les services soient accessibles. Pour les lunettes, il y en a aussi pour tous les prix. Quel que soit notre revenu, si nous mettons la santé en priorité, je pense que nous pouvons faire face aux besoins.

Selon vous, le port de lunettes est-il indiqué pour les enfants ?

Les gens pensent qu’il faut être vieux avant de porter des lunettes. Ce sont les lunettes de presbyte qu’il faut plutôt porter à partir de la quarantaine. Mais que ce soit la myopie ou l’hypermétropie, il n’y a pas d’âge. Il y a par contre plus d’enfants myopes que d’adultes. Nous conseillons donc aux parents de s’assurer que leur enfant va à la bonne école, c’est-à-dire, vérifier qu’il voit suffisamment bien pour étudier. Donc nous conseillons le dépistage visuel pour les enfants. Cela peut se faire par chaque parent comme aussi par l’association des parents d’élèves au sein de l’école. Sachez du reste que l’enfant a 60% de chance de mourir un an seulement après sa cécité.

Le Pays


Communiqué de presse

La vision est essentielle pour le développement de l’être humain. 80% de la vie de relation se fait par le canal visuel. Selon les données de l’OMS, 37 millions de personnes sont aveugles et 127 millions sont déficients visuels dans le monde.

Au Burkina Faso, la prévalence de la cécité est de 1,4%. Le recensement général de la population et de l’habitat effectué en 1996 a permis de dénombrer 32 377 aveugles.

Les affections cécitantes sont : la cataracte, le trachome, les vices de réfraction, la xérophtalmie, le glaucome, les rétinopathies, les traumatismes, etc...

Une enquête réalisée en 2002 dans des écoles à Ouagadougou, chez les enfants de 10 à 12 ans, a révélé que 26,6% des élèves ont un vice de réfraction (un trouble de la vision), seulement 1% de ces enfants disposait déjà de verres correcteurs (lunettes).

Les vices de réfraction et la basse vision font l’objet du thème de la journée mondiale de la vue 2006. Ce choix repose sur la charge de cécité que représente ce problème et sur le fait qu’il existe des interventions pratiques et d’un coût accessible pour les prévenir ou les traiter car les principales causes sont liées à la méconnaissance et à l’inaccessibilité des soins oculaires.

La journée mondiale de la vue a pour but de sensibiliser davantage l’opinion mondiale à la cécité et à la perte de l’acuité visuelle, et de mobiliser un soutien et un engagement en faveur du droit à la vue.

A cet effet, le ministère de la Santé, en collaboration avec ses partenaires, lance un appel aux populations tant urbaines que rurales afin d’avoir recours aux services de santé pour tout trouble de la vision.

Propos recueillis par Lassina SANOU

Le Pays

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