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Braquage à Koudougou : Le cerveau arrêté en attendant les complices

Publié le vendredi 25 août 2006 à 06h50min

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Comme on a bien pu le lire dans notre édition d’hier jeudi, celui qui passe pour être le cerveau du braquage de la Trésorerie régionale du Centre-Ouest a été arrêté le dimanche 20 août à Ziniaré, soit deux jours après la forfaiture. Maintenant, qui peuvent bien être les complices dans cette opération et où sont-ils passés ?

Avant tout propos, il convient de saluer la dextérité avec laquelle la police et la gendarmerie de Koudougou ont mené cette affaire. Comme nous l’ont conté les responsables de ces deux services de sécurité, à savoir le Commissaire Abdoul Karim Bélemviré et le Lieutenant Saïdou Kadio, le mercredi 23 août au cours d’une mini-conférence de presse, c’est autour de 12h 40, le vendredi 18 août, que la police a été informée qu’il venait de se produire un braquage au Trésor de Koudougou. Elle avisera à son tour la gendarmerie et les deux services se rendront sur les lieux et procéderont aux constatations et enquêtes préliminaires.

Cela ayant été fait, la gendarmerie et la police, qui ont travaillé en tandem dans cette affaire ("entre nos deux services, il n’y a pas de rivalité ou de dualité, mais plutôt une complémentarité", a tenu à préciser le lieutenant Kadio), ont adopté une stratégie qui a consisté à ce que la police mène son enquête à partir du centre, pendant que la gendarmerie s’occupe de la périphérie.

Cette stratégie s’est avérée payante, puisque le sieur Amidou Ouédraogo sera appréhendé à Ziniaré en compagnie de sa "femme", qu’il avait emmenée dans sa fuite, histoire d’adoucir et de rendre moins pénible la cavale. Il sera ramené à Koudougou, où on ne mettra pas de temps à localiser le chef de la "Commission wack", chargé du maraboutage, en la personne de Bassolé Moussa, résidant au secteur n° 9 (tout comme Amidou Ouédraogo), qui a, au passage, bénéfcié d’une part du "gâteau".

On apprendra aussi de la part du commissaire Bélemviré et du lieutenant Kadio que Amidou a mené l’opération avec son petit frère consanguin du nom de Issouf Ouédraogo. Mais celui-ci est toujours en cavale, même si Saïdou Kadio est optimiste quant à sa très prochaine capture. Des 15 millions dérobés, seuls 6 millions ont été retrouvés sur Amidou Ouédraogo. Alors où se trouve le reste ? Avec son frangin, répondra-t-on. Mais sûrement pas la totalité, car on imagine que le petit frère ne saurait se tailler avec la part du lion. Ce qui implique l’existence d’autres complices.

La police et la gendarmerie n’écartent pas cette éventualité. Le commissaire Abdoul Karim Bélemviré estime qu’une troisième personne était en faction dehors, histoire de surveiller les parages. Aussi, le constat sur place a révélé quelques faits bizarres et des contradictions qui font qu’un soupçon pèse sur la caissière elle-même, qui est, depuis lors, détenue à la brigade de recherches de la gendarmerie.

En effet, nos deux interlocuteurs nous ont confié que les deux braqueurs ont été admis dans le bureau de la caissière par les bons soins de celle-ci autour de 11h 40 et les trois ont entretenu une causerie, des plus familières jusqu’à 12h 40, soit une heure durant et ce, jusqu’à la fermeture des bureaux ; ce n’est qu’après et quand la caissière, Mme Ramdé/Yaméogo Mariette eut tiré les rideaux que les braqueurs passeront à l’acte en prenant soin de ligoter et bâillonner "légèrement" leur victime qui, après le départ des deux braqueurs, quelques instants plus tôt ses compagnons de causerie n’a pas eu trop de peine à se défaire de ses liens et à donner l’alerte. Elle-même a déclaré aux enquêteurs que les voleurs ne l’avaient pas bien ligotée.

Aussi, elle dira ignorer l’identité de ses agresseurs. Ce qui est tout de même étonnant ; combien de caissiers iraient enfreindre les règles élémentaires de sécurité en admettant dans leurs bureaux de sombres inconnus ? Ne prend-on pas d’ailleurs le soin de bien grillager les ouvertures et de ne laisser qu’un petit orifice pour les usagers ? Du reste, sur la porte de la caissière, il est toujours indiqué "Accès interdit à toute personne étrangère au service". Et puis on peut se demander de quoi elle avait à converser avec des inconnus une heure durant ?

Nous avons appris (pas de sources officielles cette fois-ci) que le numéro téléphonique de Amidou Ouédraogo figure sur le portable de dame Mariette, et même que ce numéro a été utilisé en appel entrant comme sortant. Il nous est même revenu que son mari s’en était inquiété et avait trouvé insolites les communications entre les deux (sa femme et Amidou) ; l’épouse aurait expliqué qu’il s’agissait de quelqu’un qui voulait des renseignements pour ouvrir un commerce.

Mais cela est-il suffisant pour conclure que la caissière est complice des braqueurs ? En tout cas, pour le commandant de la Compagnie de gendarmerie de Koudougou, c’est au procureur de déterminer si elle y est impliquée ou pas. De toutes les façons, on ne s’étonnera pas que le nombre de personnes impliquées augmente. Déjà, les mêmes sources non officielles, mais proches de la famille des deux délinquants, rapportent que plusieurs membres de la famille de Amidou Ouédraogo ont été entendus soit par la police, soit par la gendarmerie. Certains même y seraient toujours gardés, sûrement pour les besoins de l’enquête.

Sur ces aspects et bien d’autres, ni le lieutenant Kadio, ni le commissaire Bélemviré n’ont voulu donner plus de précisions, au risque d’entraver l’enquête qui est loin d’être bouclée, même si on peut faire confiance à ces deux services de sécurité qui ont déjà prouvé, à maintes occasions, qu’ils ont des Sherlock Holmes dans leurs rangs.

Mais en attendant, les rumeurs vont bon train et à Koudougou, c’est cette affaire qui fait la une des conversations. Des rumeurs, on retiendra aussi celle-ci, qui dit que Amidou Ouédraogo ne serait pas un exemple de vertu, et qu’il ne serait pas à son premier forfait.

Quoi qu’il en soit, le cerveau a été arrêté et on ne peut que souhaiter que ses complices, qui qu’ils soient et où qu’ils se trouvent, soient également mis aux arrêts afin qu’on voie un peu plus clair dans cette affaire qui ne finira pas de sitôt de faire des gorges chaudes.

Cyrille Zoma
L’Observateur Paalga

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