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Accès des filles à l’école : Une école pour Djata en lieu et place du hangar de paille

Publié le lundi 31 juillet 2006 à 07h10min

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Trois complexes scolaires et une école maternelle ouvriront leurs portes dès la rentrée scolaire prochaine dans les Hauts-Bassins, au profit des enfants de la région, dont Djata Traoré, une jeune élève de Djiguerra.

Au milieu de ses camarades, Djata Traoré, élève du CP1 de l’école primaire de Djiguerra (120 km de Bobo-Dioulasso) chante et danse pour sa nouvelle école, à quelques pas du vieil hangar de paille qui leur servait de salle de classe. L’impatience se lisait sur le pétillant visage de la petite Djata qui aurait voulu que l’école reprenne très vite afin qu’elle s’asseye dans cette salle neuve à l’abri du vent, du soleil et de la pluie. « La nouvelle école me plaît beaucoup », dit-elle, tandis qu’un large sourire barrait son visage. « Maintenant, j’aime l’école plus que jamais ».

Ce 18 juin 2006, jour de l’inauguration de cette école, restera à jamais gravé dans la mémoire de Djata. Sous le hangar érigé en tribune officielle, la ministre de l’Action sociale et de la Solidarité nationale, Pascaline Tamini, la représentante de l’UNICEF au Burkina, Joan French et leurs collaborateurs étaient venus spécialement pour eux, les enfants. Il y avait également les autorités régionales et locales, les responsables du MEBA au niveau déconcentré, les maîtres et les parents d’élèves.

A l’instar de deux autres écoles en construction à Bobo-Dioulasso dans les quartiers Colma et Sarfalao, le complexe scolaire de Djiguerra comprend une école à six classes érigées en deux bâtiments de trois classes chacun, des magasins, un centre d’encadrement de la petite enfance dénommé « bisongo », des latrines séparées pour les filles et les garçons et une cuisine. Chaque école sera également dotée d’un forage pour assurer l’eau potable aux élèves ainsi que trois dispositifs de lave-mains dont deux pour l’école primaire et l’autre pour le « bisongo ».

Chaque complexe scolaire a coûté quelque 194 000 dollars US, soit un peu plus de 99 millions de FCFA. « C’est une contribution des partenaires de l’UNICEF-Burkina », indique Joan French. Pour elle, la réalisation de ces complexes répond à une situation d’urgence et n’aurait pu se faire sans l’engagement et la participation effective du MEBA et de ses démembrements au niveau déconcentré. « C’est pour répondre à un besoin pressant de désengorgement des salles de classe que nous (le MEBA et l’UNICEF) avons décidé de construire des complexes scolaires à Djiguerra et dans les zones périphériques de Bobo-Dioulasso très touchées par la crise ivoirienne », explique-t-elle.

Ils étaient sous un hangar où ils bravaient les intempéries

A Djiguerra (province du Kénédougou), l’urgence résidait dans le fait que Djata et ses camarades étaient sous un hangar, où ils devaient braver les intempéries pour recevoir ce savoir ô combien précieux. L’insuffisance des infrastructures scolaires est à la base du faible taux de scolarisation au Burkina. En 2003-2004, il était de 52,20%. Ce taux global cache une grande disparité entre filles (46,2%) et garçons (58,1%) en 2003-2004.

En vue de booster le taux de scolarisation, notamment celui des filles, le Burkina adhère aux objectifs du millénaire et à l’Initiative des Nations unies pour l’éducation des filles (UNGI) dont les objectifs généraux sont entre autres : l’amélioration de l’accès, du maintien, de la performance et de la réussite des filles à l’école, l’amélioration de la qualité et de la pertinence des apprentissages et la réduction de la disparité filles/garçons. Pour ce faire, quoi de plus normal que de commencer par la construction d’infrastructures socioéducatives et la fourniture d’équipements (tables-bancs, chaises, etc.) afin d’accroître l’offre d’éducation et donner une chance aux filles, longtemps marginalisées, de goûter aux fruits du savoir, du savoir-faire et du savoir-être.

Aussi le MEBA a-t-il entrepris de doter les différentes localités d’infrastructures socioéducatives et de logistiques appuyé en cela par l’UNICEF. Par exemple, le 23 mai 2006 à Ziniaré, l’agence onusienne a fait un important don de matériel au MEBA. Composé de 19 tentes (qui serviront de salles de classe), 29 motos Yamaha, 15 ordinateurs complets (ordinateur + imprimante), un véhicule Toyota Land Cruiser, 1925 bicyclettes d’un montant total de 240 714.15 dollars US (plus de 127 millions de FCFA).

« Toutes ces actions viennent à point nommé, au regard des nombreux enjeux et défis qui s’imposent à nous », indique la ministre de l’Enseignement de base et de l’Alphabétisation, Odile Bonkoungou. « Les préoccupations exprimées par les différents acteurs qui nous accompagnent dans la gestion de notre système éducatif sont liées notamment à l’insuffisance des infrastructures socioéducatives, à l’absence de moyens de locomotion, à l’insuffisance des moyens logistiques », souligne Odile Bonkoungou qui a entrepris une tournée dans les différentes régions pour rencontrer les acteurs de l’éducation et recueillir leurs doléances.

En atteignant en 2006, un taux brut de scolarisation de 60,11%, le Burkina a fait un grand pas vers la réalisation de « l’éducation pour tous ». Grâce à un engagement politique conséquent, aux soutiens multiformes de ses partenaires au développement et à la mobilisation des communautés de base, le Burkina sera à même d’atteindre l’un des objectifs du PDDEB (Plan décennal de développement de l’éducation de base), à savoir porter le taux brut de scolarisation à 70% d’ici à l’an 2010.

Après avoir visité le 17 juin 2006, le chantier de construction du complexe scolaire de Colma à Bobo-Dioulasso, en compagnie de la représentante de l’UNICEF, la ministre de l’Education de base et de l’Alphabétisation, Odile Bonkoungou, a traduit toute la gratitude du gouvernement et des populations bénéficiaires à l’endroit de l’UNICEF. « Je me réjouis qu’à la rentrée prochaine les enfants en âge d’aller à l’école dans les localités où nous avons construit ces infrastructures, pourront enfin être scolarisés », a notamment indiqué Mme Bonkoungou.

La leçon que l’on pourrait tirer de la réalisation des infrastructures sus citées est que l’on peut, en cas d’urgence, construire un complexe scolaire en un peu plus de deux mois. Soixante huit jours, c’est le temps que les entrepreneurs ont mis à réaliser ces bâtiments. S’il est vrai que les travaux du complexe de Sarfalao ont connu à la date du 17 juin 2006, un retard significatif, ceux du complexe de Colma étaient au stade de finition, cependant que le complexe de Djiguerra était terminé.

La « griffe » de l’Association des femmes rapatriées de Lafiabougou

L’entreprise Ci-Réba tous travaux de bâtiments (ECITB), a été adjudicataire du complexe scolaire de Colma. Son directeur, Souleymane Ci-Réba, dit avoir préfinancé certains travaux pour être à jour. « J’ai commencé les travaux le 12 avril 2006. Je n’ai pas connu de difficultés majeures en dehors des intempéries, notamment les pluies. Nous sommes à 68 jours aujourd’hui. Dans deux jours, les travaux de finition seront terminés ».

Pour la représentante de l’UNICEF, cela voudrait dire que, face à des situations d’urgence comme ce fut le cas à Sarfalao et Colma, on peut accélérer le rythme de construction des écoles. « Avec l’engagement du MEBA, une bonne implication des communautés de base et avec un décaissement rapide des fonds, on peut accélérer le rythme de construction des écoles et subséquemment, accélérer le rythme de croissance du taux de scolarisation », dit-elle. Pour elle, cette philosophie n’est autre que celle du PDDEB qui vise à accroître l’accès, la qualité de l’éducation et de faire en sorte que chaque enfant burkinabè puisse trouver sa place à l’école.

C’est en 2004, lors d’une visite à Bobo-Dioulasso que Joan French a été interpellée par les femmes rapatriées de Côte d’Ivoire qui se plaignaient de ne pas trouver de la place pour leurs enfants dans les écoles de leur quartier de Lafiabougou.

Elles voulaient également être alphabétisées et depuis 2004 des actions ont été engagées pour leur alphabétisation. « Suite à un plaidoyer que nous avons lancé tous azimuts, nous avons récolté de l’argent par le truchement du comité UNICEF du Canada pour venir en appui à ces femmes. C’est avec cet argent que le MEBA et l’UNICEF-Burkina ont construit ces écoles ».

Abdoulaye GANDEMA

Sidwaya

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