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Corruption au Burkina Faso : Le RENLAC fait le point sur ce cancer social

Publié le vendredi 28 juillet 2006 à 08h01min

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S’il est des organisations et des associations de la société civile utiles
et crédibles au Burkina Faso, le Réseau National de Lutte Anti Corruption
(RENLAC) en est certainement une.

A travers ses sondages, enquêtes,
publications, articles de dénonciation et de sensibilisation paraissant
régulièrement dans la presse quotidienne, le Réseau qui a complètement
renouvelé son équipe de professionnels continue son bonhomme de chemin dans
la lutte pour un Burkina plus propre moralement et plus transparent dans ses
actions de développement durable. Ce mercredi 26 juillet 2006, il a rendu
public son tout dernier rapport sur l’état de la corruption au pays des
hommes intègres et récompensé des journalistes méritants. *

* P*our la 6ème année consécutive, le RENLAC a présenté à l’ensemble des
citoyen, des institutions publics et privées du Burkina Faso, ainsi qu’aux
institutions sous-régionales, interafricaines et internationales, les
résultats de son sondage national sur la perception que se font les
burkinabé de la corruption dans leur pays. Cette activité traditionnelle du
Réseau, a mobilisé au total 1700 personnes qui se sont prêtées à l’exercice
du sondage d’opinion.

L’échantillon se répartit comme suit : 300 personnes
dans chacune des 2 régions du centre et des Hauts Bassins, eu égard à leur
importance démographique et administrative ; 100 personnes dans chacune des
11 autres régions à savoir : le centre sud, le centre nord, le nord, le
plateau central, le sud ouest, le centre est, l’est, la boucle du Mouhoun,
les cascades, le sahel.

Ainsi pour la première fois le RENLAC a touché l’ensemble des 13 régions
administratives du Burkina Faso. Sans que cela ne soit nécessairement un
exploit particulier, cette couverture du territoire national mérite d’être
souligné, car elle permet au rapport sur l’état de la corruption au Burkina
Faso de prendre pleinement son sens.

Le traitement des données recueillis en septembre 2005 par une équipe de 20
enquêteurs de niveau universitaire minimal de Bac + 3, recrutés et formés
par le RENLAC a permis de faire quelques diagnostics sur : l’état de la
corruption en général, la corruption électorale en particulier, les
conséquences de la corruption, l’état des actions de lutte engagée contre la
corruption.

*Manque de volonté politique*

Il est important de passer succinctement en revue, quelques actions de lutte
contre la corruption telle qu’elle est menée au niveau des institutions
publiques, de la société civile et de la presse. Malgré les professions de
bonne intention, la corruption gangrène de plus en plus notre société.

Les
actions vigoureuses d’endiguement du phénomène et de sanction des corrompus
et des corrupteurs, se font toujours attendre par les populations. Le RENLAC
a relevé avec amertume que si l’année 2004 avait été une année d’engagements
non tenus par les pouvoirs publics, la situation n’a pas fondamentalement
changé au cours de l’année 2005.

C’est la volonté politique qui manque le
plus. En effet, le sort réservé par les autorités aux rapports produits par
les institutions mises en place par le gouvernement, comme la Haute Autorité
de Coordination de Lutte contre la Corruption (HACLC), le Comité National
d’Etique (CNE), l’Inspection Générale de l’Etat (IGE), la Cour des
Comptes,...traduit ce manque de volonté dans le traitement des faits de
corruption. Du moins, cette attitude de laxisme et d’indifférence même est
confirmée par le Magistrat TOUGOURI Honoré, président d’alors de la HACLC .

Lors de la remise du rapport 2004 de ladite institution au Premier ministre
le 31 mars 2005, il relevait non sans dépit : « Le fait est indéniable, la
corruption existe bel et bien au Burkina. Ce qui fait le plus défaut, c’est
la volonté politique pour combattre le phénomène. » En revanche, une lueur
de satisfaction est venue du Parlement burkinabé qui a autorisé, le 31 mars
2005, le Gouvernement a ratifié deux conventions dans le cadre de la lutte
contre la corruption, créant ainsi un enchaînement

Propice à cette lutte. Il s’agit de la convention des Nations Unies contre
la corruption adoptée le 31 octobre 2003 à New York par l’assemblée
Nationale des Nations Unies et de la convention de l’Union Africaine sur la
prévention et la lutte contre la corruption adoptée le 11 juillet 2003 à
Maputo par la deuxième session ordinaire de la Conférence de l’Union
Africaine.

Même si les instruments juridiques de la convention des Nations
Unies n’ont pas encore été déposés, comme l’ont été ceux de l’Union
Africaine, la ratification de ces deux conventions constitue une avancée
notable pour les acteurs de la lutte anti-corruption, le Gouvernement y
compris.

Le RENLAC salue à juste titre cette ratification qui constitue
une contribution au renforcement de l’arsenal juridique national et
international de lutte contre la corruption allant dans le sens de la
réduction des marges de manœuvre des corrupteurs et des corrompus. Ce sont
là des outils mis à la disposition des acteurs de la lutte contre la
corruption au Burkina Faso.

*Quel rempart à la corruption ? La société civile et la presse !*

Comme l’on révélé les résultats du sondage 2005, l’action des organisations
de la société civile est peu vigoureuse. Or, à défaut d’actions concrètes
des pouvoirs publics, les organisations de la société civile peuvent
légitimement constituer un rempart important contre le phénomène de la
corruption. C’est pourquoi, l’ensemble des forces vives de la société civile
doit unir ses efforts dans la lutte contre la corruption et mobiliser leurs
militants dans cette bataille en vue de l’émergence d’une volonté politique
nationale plus affirmée de lutter contre la corruption. C’est ensemble, dans
une synergie d’action que société civile et structures étatiques de lutte
contre la corruption réduiront dans la société les corrompus et les
corrupteurs.

Le dernier rapport 2005 du RENLAC contient également, en plus du sondage,
une étude sur « Le visage de la corruption dans l’enseignement ». Il s’agit
d’une investigation sur l’état des lieux, les causes et les conséquences du
phénomène de la corruption dans les principaux ordres d’éducation nationale
que sont le préscolaire, le primaire, le secondaire et le supérieur.

C’est
une démarche du RENLAC qui vise à passer au peigne fin les différents
secteurs d’activités qui font l’objet de classement dans le rapport sur
l’état de la corruption. Il faut rappeler que la corruption dans
l’enseignement a fait l’objet de memorendum adressé au Gouvernement en
décembre 2005.

Le RENLAC n’a pas oublié les tout petit et les jeunes. C’est ainsi qu’il met
à leur disposition la dixième édition de Kouka, une bande dessinée qui leur
est destinée et qui porte sur les notes sexuellement transmissibles, un
fléau qui mine la jeunesse, hypothèque son avenir et celui du pays tout
entier. L’ambition de Kouka est de sensibiliser et de former les jeunes à
refuser la facilité et dire NON à la corruption.

L’action des médias est une contribution active dans la lutte, par la
dénonciation des faits de corruption et qui s’engage fortement dans la lutte
pour une saine gestion des biens publics, pour la promotion de la bonne
gouvernance. En ouvrant ses colonnes à tous, elle offre un espace propice à
la dénonciation des actes de corruption. Elle joue donc un rôle inestimable
dans la lutte contre la corruption au Burkina Faso au Burkina Faso.

C’est un
maillon essentiel et puissant dans la lutte. En effet, dans l’ensemble, la
presse burkinabé a déployé d’énormes efforts en 2005 pour rendre compte du
phénomène de la corruption, le dénoncer et sensibiliser les citoyens sur ses
effets néfastes à travers la publication d’articles dans ses colonnes. Que
deviendrait la lutte anti-corruption sans cette participation active et
dynamique de la presse ?

C’est pour encourager les journalistes à persister
dans cette tâche combien difficile mais noble, que le RENLAC a saisi
l’opportunité du lancement du rapport 2005, pour rendre hommage à certains
d’entre eux qui se sont distingués au cours de l’année. La proclamation des
résultats du prix de lutte anti-corruption au cours de l’année 2005 a suivi
le lancement du rapport 2005.

Source : RENLAC


L’Hebdomadaire l’Indépendant et le bimensuel l’Evenement à l’honneur

Le jury, composé de Sagado Nacanabo (président), de Salif Koala
(rapporteur), de Me Prosper Farama, de Danielle Bougairé et de Mme Gouba, a
constaté une baisse en qualité et en quantité de la production
journalistique sur la corruption.

C’est Dieudonné Soubeiga de
"L’Indépendant" qui a remporté le 1er prix, doté d’un trophée et d’un chèque
de 250 mille F CFA pour son article intitulé "Deux opposants cueillent le
fruit défendu".

Quant au deuxième, qui est de 200 mille F CFA, il est la
propriété de Elie Kaboré de "L’Indépendant" pour son article sur
"Circulation routière au Burkina Faso : la corruption à la police et à la
gendarmerie".

Enfin, le 3e prix, doté d’un chèque de 100 mille F CFA, est
revenu à Germain Bitiou Nama du bimensuel "L’Evénement" pour un article
intitulé : "Fraudes scolaires : les diplômes sont-ils devenus des articles
de commerce ?

Sibiri Sanou
Lefaso.net

P.-S.

Voir le site du RENLAC : http://www.renlac.org/

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