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Université de Koudougou : Rififi et tambouille autour d’un devoir

Publié le mardi 4 juillet 2006 à 07h40min

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Il faut croire que la générosité de la pluie qui arrose quotidiennement Koudougou n’apporte aucune fraîcheur du côté de l’université de Koudougou (UK).

Après les stagiaires de l’Ecole normale supérieure (ENS), ce sont maintenant les étudiants de l’URF/SEG qui observent une grève avec en prime une opération "Campus mort". Après avoir cassé quelque 7 ampoules de l’ENS, histoire de se mettre en jambe, ils ont poursuivi leur mouvement ce lundi.

Quand nous sommes arrivé à l’UK, ce lundi matin autour de 10 heures, nous avons trouvé les étudiants agglutinés devant la présidence de l’institution.

Les discussions allaient bon train en petits groupes et visiblement, l’impatience et la nervosité étaient les choses les mieux partagées. Il y avait de la tension dans l’air et seules les filles paraissaient un peu calmes. C’est par SMS que nous avions eu vent du mouvement d’humeur.

Renseignement pris, on nous informe que les délégués étaient en pourparlers avec la présidence de l’université. Néanmoins, un membre du Comité exécutif de l’ANEB (Association nationale des étudiants du Burkina) nous fait la genèse de la crise.

Tout serait parti d’un devoir boycotté par l’UNARES (Union nationale pour la renaissance estudiantine et scolaire) le 22 mai passé. Ce jour-là, les membres de cette union auraient investi l’amphithéâtre et, armés de gourdins et autres armes blanches (les responsables de l’UNARES démentent être entrés dans l’amphi avec des armes blanches), ils ont empêché la tenue du devoir.

La présidence a décidé alors de ne pas reprendre le devoir, ce qui signifie un zéro collectif. Les négociations engagées amènent la présidence de l’UK à exiger la production d’une lettre avant de reprogrammer le devoir.

L’ANEB refuse de s’impliquer dans la rédaction de cette lettre arguant n’avoir pas orchestré le boycott. Du reste, l’ANEB estime que l’administration aurait pu prendre les dispositions permettant la tenue du devoir vu que plus de 460 étudiants étaient prêts pour la composition.

L’UNARES, de son côté, estimant avoir agi dans son bon droit, n’entend pas rédiger une quelconque lettre. On se retrouve dans l’impasse avec pour conséquence la grève et l’opération campus mort, décrétées à partir du vendredi.

Ce jour, l’administration, en l’absence du président de l’UK, mais en présence du secrétaire général, rencontre les délégués de l’ANEB et promet d’afficher le programme du devoir au plus tard ce lundi à 8 heures. Elle refuse cependant de l’annoncer aux étudiants. Ce qui provoque une montée de la colère avec pour bilan quelques ampoules cassées.

Le lundi matin, le constat est amer pour nos pauvres étudiants : point de programmation. La tension monte d’un cran : la grève et le campus mort sont maintenus. De longues discussions avec la présidence de l’université amènent le secrétaire aux Relations extérieures de l’UNARES à prendre l’engagement, au nom de sa structure, de déposer la lettre dans les 48 heures comme l’exige le président, M. Bila Gérard Segda.

La rencontre prend fin, les délégués sortent et ceux de l’ANEB ont des difficultés pour faire avaler la pilule à leurs camarades, car le mot d’ordre était d’exiger la tenue du devoir sans condition.

Beaucoup de palabres, mais toujours dans l’impasse

L’équation est d’autant plus corsée que le président du Comité exécutif de l’UNARES, Bayili Zakaria, et les autres membres du Comité ne se reconnaissent pas dans l’engagement pris par leur secrétaire aux Relations extérieures.

De son côté, le président de l’ANEB, Kéré Harouna, et la quasi-totalité des étudiants (même ceux de l’UNARES) exigent leur devoir, lettre de pardon ou pas, afin de pouvoir rentrer chez eux et profiter des vacances. "Nous voulons rentrer chez nous, on nous maintient à Koudougou dans la galère", nous lance un étudiant, tout dépité.

Un autre nous souffle à l’oreille que le FONER est prévu pour le soir même (du lundi). Nous lui demandons comment on peut faire la grève et penser au FONER. Il nous rétorque que "là-dessus, on ne s’amuse pas, c’est vital". Sacrés étudiants ! En tout cas, quand nous quittions l’UK aux environs de 11h45, chacun campait sur sa position.

Devoir coûte que coûte, du côté de l’ANEB, refus de rédiger une quelconque lettre du côté de l’UNARES, alors que M. Bila Gérard Segda en fait la condition sine qua non pour reprogrammer le fameux devoir.

Les étudiants ont même failli en venir aux mains et certains avaient même préconisé de tabasser les UNARESistes pour les avoir mis dans cette impasse. Le bras de fer continue et on se demande qui cédera le premier.

Cyrille Zoma

L’Observateur

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