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Circulation routière à Ouagadougou : Non respect des panneaux de signalisation

Publié le vendredi 30 juin 2006 à 08h13min

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Le daltonisme a-t-il atteint les usagers de la route à Ouagadougou ? La question mérite d’être posée à l’allure où ceux-ci « brûlent » les feux de signalisation mettant au quotidien leur vie en danger et celle des autres. A croire qu’ils confondraient le rouge et le vert pour fouler au pied le respect des feux tricolores. Partant, le respect des panneaux de signalisation. « Constat », cette semaine, se met dans la peau d’un agent de contrôle de la circulation routière.

8 h 45 mn. Avenue de la Nation. Feux tricolores situés non loin de la Chambre de commerce, d’industrie et d’artisanat. La circulation est dense. Cyclistes, motocyclistes, véhicules essaient de se frayer un chemin pour être en bonne position par rapport aux feux tricolores. Certains, assez pressés de voir le feu passer au vert, franchissent les passages cloutés (bandes blanches).

D’autres vont jusqu’à se positionner après le feu. Quand le feu passe au vert, c’est le branle-bas. Ceux qui veulent tourner ne laissent pas la priorité à ceux qui viennent de face. Bonjour les coups de klaxons, les injures, les invectives. Des usagers impuissants remuent la tête face au désordre de la circulation.

C’est dans cette « gymnastique » qu’un motocycliste prit le loisir de passer au feu rouge en vue d’intercepter une fille qu’il semblait connaître. Ayant marqué l’arrêt au feu en venant du marché central Rood Woko vers le siège de Telecel Burkina, ce motocycliste a d’abord hélé « son ami » qui circulait dans la direction d’Ouest en Est. Cette « amie », vu la densité de la circulation, ne s’arrête pas au milieu de la voie. Elle s’avance et se positionne en face du siège de Telecel. Alors, le jeune homme bien que le feu soit rouge, passe, tourne et la rejoint. Ils échangent une fraction de seconde et la jeune fille poursuit sa route.

Au même moment, un bus venant du rond-point des Nations Unies et tournant pour aller à la gare des bus, passe au feu rouge.

9 h 15 mn. Rue Urbain-Yaméogo. Non loin des Editions Sidwaya. Là, les jeunes commerçants ont transformé le panneau de signalisation Stop en porte-manteaux. En effet, les habits accrochés sur ce panneau empêchent les usagers venant des Editions Sidwaya de le voir et respecter la signalisation.

Le non respect des panneaux de signalisation crée souvent des mésententes entre les agents de la police municipale et les usagers de la route. En cette matinée du 27 juin 2006, des usagers ont été interpellés par les agents de la police municipale sur la voie passant derrière le Zaka. Deux jeunes essaient de se disculper de leur infraction. Ils ont « brûlé » le feu rouge, selon l’agent de la police municipale. Les jeunes hommes implorent l’indulgence du policier. Dans le train de cette négociation, une femme, conduisant une Yamaha dame non immatriculée passe au feu rouge. Le coup de sifflet de l’agent Gildas Minougou freine l’ardeur de la jeune femme. Après verbalisation, sa moto est ramenée au parking des engins pris en infraction. Les jeunes hommes, quant à eux, ne « baissent pas la garde » lorsqu’il s’agit d’implorer la clémence des agents de la police municipale.

Des causes et des conséquences

Les causes du non respect des panneaux de signalisation sont multiples selon les agents des forces de l’ordre. Selon l’agent de la police municipale, Elie Kaboré, chef de poste des agents chargés du contrôle en cette matinée derrière le Zaka, le non respect relève du manque d’attention des usagers. Pour Gildas Minougou, « lorsqu’on interpelle un usager, il répond qu’il a soit un « deal » quelque part, soit il a des problèmes de famille à régler urgemment ». Pendant ce temps, la femme interpellée a les larmes aux yeux. L’un des agents lui demande les pièces de la moto.

Elle répond qu’elle ne les a pas. L’agent lui demande d’aller les chercher.

En outre, les agents de la police municipale ont souvent du mal à interpeller les usagers en infraction ou pas. Dans ce genre de situation, soit l’usager prend des coups, soit le policier échappe à la fougue de l’usager qui le plus souvent fonce sur lui. Ainsi entre l’agent de la police municipale et les usagers ce n’est pas toujours le parfait amour. Cependant, l’on remarque que le plus souvent ce sont les motocyclistes et les cyclistes qui sont interpellés par rapport aux automobilistes. Elie Kaboré reconnaît cet état de fait et justifie « les automobilistes refusent d’obtempérer lorsqu’on les interpelle. Dans le cas d’espèce, nous relevons le numéro d’immatriculation de la voiture pour des contrôles ». Les conséquences du non respect des panneaux de signalisation sont les accidents de la circulation. Antoine Bassini est vendeur de loterie aux feux tricolores situés au croisement de la rue Patrice-Lumumba et l’avenue Yennega, non loin de la FIB. M. Bassini, assis dans son kiosque reconnaît que les usagers ne respectent pas les feux. « Cela crée beaucoup d’accidents » affirme-t-il sur ces entrefaites, un camion 10 tonnes immatriculé 11 HH 066 X de marque DAF 1100 vient passer au feu rouge. Un usager lance « c’est quel forceur celui-là ? ».

La police nationale dans la danse

Depuis un certain temps, les agents de la police nationale veillent au respect des panneaux Stop. Au croisement du commissariat central, une équipe est à pied d’œuvre. Deux à trois agents sont postés de chaque côté de l’avenue des Avocats.

Une dame en Yamaha immatriculée 11 S 426X est interpellée. Après l’avoir sensibilisée, elle présente ses excuses et poursuit sa course. Pendant ce temps, près du mur du tribunal administratif de Ouagadougou, une dizaine d’engins est parquée. Deux policiers veillent sur ces engins. Les propriétaires font la navette auprès de ces derniers pour implorer leur clémence. Ousmane Ouédraogo fait partie de ceux-ci.

A la recherche d’un contribuable, M. Ouédraogo dit n’avoir pas fait attention au panneau Stop bien qu’il ait jeté un coup d’œil à gauche puis à droite pour s’assurer que la voie est libre avant de s’ y engager. Son tort, selon lui, est de n’avoir pas marqué l’arrêt en posant le pied à terre. L’homme reconnaît être en infraction mais se justifie en alléguant qu’il est obsédé par le désir de retrouver coûte que coûte le contribuable qu’il poursuit. M. Ouédraogo dit avoir son permis de conduire depuis 1995.
Les agents de police l’ont sensibilisé et il a pris acte. L’un des agents en poste a expliqué que ce contrôle au delà du respect du panneau Stop contribue à réduire le nombre des accidents et à mettre la main sur les engins volés. « Nous établissons une fiche de contrôle pour chaque engin et il est directement contrôlé sur nos fiches des engins volés. Si le numéro est falsifié, nous réquisitionnons l’engin pour des contrôles approfondis ».

Le non respect des panneaux de signalisation est une réalité à Ouagadougou. Que faire pour contribuer au respect des panneaux de la route ? Les usagers ont-ils conscience du bien-fondé du respect du code de la route ? Que fait la direction générale des transports terrestres et maritimes quant à la régulation de la circulation routière à Ouagadougou ? Que sont devenus les jeunes volontaires qui contribuaient à réguler la circulation dans les rues de la capitale ? Ce sont là autant de questions qui trouveront peut-être réponses dans le prochain numéro de Constat.

Daouda Emile OUEDRAOGO (ouedrao1@yahoo.fr)

Sidwaya

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