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Djamano Lompo, secrétaire permanent de la CNI : « Avoir un environnement sain est un droit plus qu’une exigence »

Publié le jeudi 22 juin 2006 à 07h21min

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La Commission nationale pour l’intégration (CNI) est la structure initiatrice des « Journées des communautés », moments de rencontre et d’échange entre les différentes communautés étrangères vivant au Burkina Faso.

Djamano Lompo

Cette année, les « Journées des communautés » sont à leur 7e édition et se tiennent à Gaoua du 22 au 25 juin 2006 sous le thème : « L’environnement, une préoccupation fondamentale pour toutes les communautés ». Le secrétaire permanent de la CNI, M. Djamano Lompo nous en parle à travers cet entretien.

Sidwaya (S). : La problématique de l’intégration a toujours été au cœur des Journées des communautés. Pourquoi, cette année, un thème sur l’environnement ?

Djamano Lompo. : D.L : Cela est essentiellement dû à une préoccupation commune. L’intégration est avant tout la résolution des problèmes communs. C’est une mise en commun de nos acquis, de nos potentialités, de nos différences et de nos complémentarités pour assurer un développement harmonieux. On ne peut parler de développement durable sans prendre en compte les questions d’ordre environnemental. Comme on le dit souvent, l’environnement ne connaît point de frontières.

C’est pourquoi nous avons pensé que dans le cadre des expressions des communautés, que nous sommes en train de construire la réalisation de grands espaces tels le la CEDEAO, l’UEMOA, la problématique environnementale doit occuper une place de choix si nous voulons nous assurer de meilleures conditions de vie et garantir des conditions de vie meilleures aux générations futures.

Voilà pourquoi nous avons pensé que le thème : « Environnement, une préoccupation fondamentale pour toutes les communautés » est un thème d’actualité. Vous constatez les grands changements climatiques qu’il y a dans le monde. Il y a une progression des déserts et, les chaleurs torrides sont en train de s’installer avec des perturbations écologiques et climatiques.

Plus près de chez nous, il y a la raréfaction des espèces qui entraîne l’appauvrissement des ressources naturelles aussi bien biologiques qu’animales. Il y a le problème de la pollution de certains bassins comme la volta. Au-delà du Burkina Faso, il y a le Ghana qui est touché. On ne peut pas vivre à côté d’une pollution qui compromet sérieusement notre vie si on veut bâtir des stratégies de développement humain durable.

S. : Qu’est-ce qui selon vous, peut amener les communautés à être plus responsables vis-à-vis de leur environnement ?

D.L : Ce qui peut amener les communautés à être plus responsables vis-à-vis de leur environnement, c’est d’abord connaître les problèmes.

Il faut alors des actions d’information et de sensibilisation, mais il faut aussi une éducation relative à l’environnement qui permet de mieux s’approprier tous les contours, les enjeux de la problématique environnementale. Il y a, enfin, cette éducation traduite par le terme « écocitoyenneté ». Dans la vie, il faut avoir des comportements quotidiens favorables à l’environnement, à la santé, ne pas jeter des ordures partout.

Cela devrait permettre aux différentes communautés d’être mieux aguerries, bien situées pour contribuer à la préservation de l’environnement et de ses ressources. Dans ce sens aussi, il faudra mener des actions qui permettent de restaurer ou de réhabiliter ce qui est dégradé. Je crois qu’il faut mettre en place des mesures ou des techniques qui permettent de recycler les déchets, de gérer les effluents liquides, de valoriser certains déchets.

Il y a beaucoup d’actions à initier avec les communautés surtout dans la gestion des déchets et la préservation de la qualité de l’espace public. Il faudra aussi les encourages à embellir leur cadre de vie. Au lieu de jeter même l’eau sale dans les rues, si l’on creuse des puisards, on peut collectionner ces eaux et éviter les pollutions. En même temps qu’on crée ces conditions, le cadre de vie est assainie et on pourra même en balayant tous les jours devant sa cour, en plantant des arbres, contribuer à embellir notre environnement.

Nous voulons amener tout citoyen à se comporter favorablement vis-à-vis de l’environnement. Dans nos systèmes de production, il y a certaines pratiques qui contribuent à la dégradation des ressources environnementales. Il faut amener les gens à abandonner de telles pratiques, à savoir les feux de brousse, l’agriculture sur brûlis, le surpâturage, la coupe abusive du bois. Il faut créer une chaîne de liens en faisant

savoir aux jeunes gens que pour des conditions de vie meilleures qui préservent l’environnement, il faut une action collective. Nous allons, de ce fait, créer un site web pour que chaque enfant puisse rendre compte à son correspondant, de l’évolution de l’arbre qu’il a planté pour lui.

S. : Cette année, les Journées des communautés se tiennent à Gaoua. Qu’est-ce qui sera concrètement fait dans cette région quant à la question de l’environnement ?

D.L : A Gaoua, nous aurons un symposium, le jeudi matin à l’ENEP de Gaoua, sur le thème « l’Environnement, une problématique pour toutes les communautés ». Autour de ce grand thème, il sera abordé la politique nationale en matière d’environnement en faisant l’état avec les spécialistes du département en charge de la question au niveau gouvernemental principalement le CONEDD.

Nous aurons des communications autour des Engagements nationaux et des conventions internationales en matière d’environnement. Nous aurons des exposés sur le droit de l’environnement parce qu’avoir un environnement sain est un droit plus qu’une exigence .Il est également prévu une communication sur la contribution des sociétés traditionnelles et civiles à la gestion des ressources environnementales.

Sur cet aspect, il y a eu récemment un colloque qui a pu démontrer que les sociétés traditionnelles avaient des pratiques qui leur permettaient de mieux gérer les ressources naturelles dans les conditions et les règles par elle édictées Dans le cadre de ces journées, nous pensons réaliser un bosquet de l’amitié, de la solidarité et de l’intégration. Nous allons mettre l’accent sur les espèces fruitières, qu’elles soient locales ou exogènes ou des plantes médicinales. Nous allons lancer deux chaînes. La 1ère est baptisée chaîne d’amitié et de solidarité environnementale. « J’ai planté et entretenu un arbre pour toi » au niveau des scolaires de la sous-région. Cela devrait permettre aux enfants de réaliser cet idéal commun de solidarité.

Il faut créer une chaîne de liens en faisant savoir aux jeunes gens que pour des conditions de vie meilleures qui préservent l’environnement, il faut une action collective. Nous allons, de ce fait, créer un site web pour que chaque enfant puisse rendre compte à son correspondant, de l’évolution de l’arbre qu’il a planté pour lui. Une autre chaîne sera lancée. Il s’agit de la chaîne de découverte des potentialités alimentaires intitulée « Que manges-tu ? Tô, foutou, escargo... » Nous voulons là, attirer l’attention des uns et des autres sur le fait que nous avons des ressources alimentaires qui sont méconnues mais qui peuvent être consommées, rejetées ici mais prisées ailleurs.

S. : Les Journées des communautés, c’est aussi un partage des cultures. Qu’est-ce qui est prévu comme activités dans ce sens ?

D.L : Généralement, et ce depuis quelques années, nous avons privilégié les aspects thématiques. Il faut réfléchir. On dit souvent que l’Afrique aime danser et nous avons trop dansé, il faudrait travailler. Notre contribution pour laisser quelque chose aux générations futures, c’est de leur apporter des choses qui demeurent. Nous pensons que les aspects thématiques sont capitaux. L’intégration est un processus de longue haleine. On ne peut pas, par un coup de baguette magique, établir la libre circulation partout, etc. Mais nous pensons qu’à travers les frottements, on se rend aussi compte que la culture n’a pas de frontières, et que les expressions culturelles sont toujours nécessaires aux genres de rencontres comme celles-là. Dans le domaine du culinaire, il y a beaucoup à partager.

Le « tièpdjen » n’est plus l’apanage du Sénégalais, le « ndonte » renferme un mets prisé, le manioc, etc. C’est la raison pour laquelle nous avons pensé lancer cette chaîne de découvertes, des potentialités alimentaires. Nous avons aussi des expressions, des pas de danse de certaines communautés qu’il sera donné aux invités d’apprécier. Nous aurons des expositions vestimentaires, la médecine traditionnelle. Nous prévoyons d’organiser un concert avec un orchestre cosmopolite, le samedi nuit. Nous sommes heureux de constater qu’au-delà du Burkina Faso, d’autres pays veulent partager notre expérience. Pour cette présente édition, nous recevrons des ministres des pays voisins qui veulent partager avec nous ces instants d’intégration, de culture, de réflexion et d’amitié.

Entretien réalisé par Ismaël BICABA (bicabi@yahoo.fr)

Sidwaya

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