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Marche meeting des syndicats : Pour une ville morte à Ouaga le 1er juillet prochain

Publié le lundi 12 juin 2006 à 07h44min

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Comme ils l’avaient annoncé et suite à la grève des 23 et 24 mai derniers, les centrales syndicales et les syndicats autonomes burkinabé ont encore marché le samedi 10 juin pour dire non à la vie chère au Faso. C’est une véritable marée humaine qui a parcouru quelques artères de la ville de Ouagadougou, certains marcheurs tenant des sacs de riz ou des casseroles vides.

Qui plus est, c’était une petite répétition au niveau de « Simonville », en attendant la mobilisation générale sur toute l’étendue du territoire national, prévue pour le 1er juillet et à travers laquelle les organisateurs souhaitent une ville morte.

C’est une procession de marcheurs, avec en tête de peloton les responsables syndicaux entourés d’une escouade de bras valides assurant leur sécurité, qui a quitté la Bourse du travail en passant par le rond-point des Nations unies, la Rue Kiendrébéogo N. Didier et bien d’autres, pour revenir à la Bourse du Travail au finish.

Pendant environ deux heures, ces marcheurs en grand nombre ont battu le pavé pour dire non à la vie chère au Faso. Et pour le signifier, certains d’entre eux n’ont pas trouvé mieux que de brandir des sacs de riz, des boites de tomate...et même des casseroles vides. Les derniers objets cités étant essentiellement tenus par les femmes, qui s’en sont servies pour « faire du boucan ». Une façon de se faire entendre par le pouvoir en place et de dire aussi que dans le panier de la ménagère burkinabé il n’y a plus rien.

« L’heure est grave. On ne peut plus rien acheter. Tout est devenu cher dans ce pays », a laissé entendre l’une d’entre elles que nous avons surprise en conversation pendant la marche, l’air abattu et très inquiète. On a scandé des slogans du genre : « Sambissi, Yiki Yan » (mes frères, levez-vous ! en langue mooré) ou encore : « Pour l’augmentation des salaires...mobilisation et lutte ». Une ambiance qui, du reste, a alterné avec celle des parodies de chansons connues telles « Viima Ya kanga » du groupe K-Ravane, qu’on ne présente plus, et chantées à l’unisson.

Le tout accompagné de nombreuses pancartes qu’on brandissait çà et là et sur lesquelles on pouvait lire, par exemple en anglais : « Rice is finished at home ». Entendez par là, le riz est fini à la maison. Après cette marche pacifique qui n’a pas connu d’incidents majeurs, « les camarades syndiqués », comme aime à le dire quelqu’un, sont revenus donc à la case départ dans une ambiance des grands jours de fête.

Une foule en liesse, essentiellement composée des militants restés sur place à la Bourse du travail, a accueilli les marcheurs à leur arrivée. Mieux, la célèbre chanson « Viima Ya Kanga » du groupe K-Ravane a arrosé leurs oreilles et aiguisé leur envie de chanter. Résultat : tout le monde n’avait que le refrain de ce tube aux lèvres et on se serait cru à un concert à la Maison du peuple.

Sur place, on a tout d’abord assisté à des mots de remerciements de quelques responsables syndicaux, qui ont salué avec beaucoup d’enthousiasme la mobilisation de leurs camarades, non sans réaffirmer leur engagement pour la lutte contre la cherté de la vie au Pays des hommes intègre, lutte dans laquelle ils se sont tous lancés avec une détermination sans faille. Après quoi, il y eut deux interventions : celles du secrétaire général de la CGT-B, Richard Tiendrébéogo, et du président par intérim du mois des centrales syndicales, Jean-Mathias Liliou.

Le premier intervenant cité a procédé à la lecture d’une plainte formulée par les centrales syndicales à l’encontre de certaines mesures prises par l’Etat et qui tendent de plus en plus, de leur avis, à limiter le droit de grève au Burkina. A entendre celui-ci, « Nos autorités violent l’article 22 de notre Constitution, qui garantit le droit de grève à tous les Burkinabé ainsi que la convention 87 de l’Organisation internationale du travail (OIT) relative à la liberté syndicale ».

Une situation qui justifie, selon lui, leur plainte contre l’Etat burkinabé, qu’ils ont déposé le mois courant auprès du Bureau international du Travail (BIT) basé à Genève en Suisse, et ce à la lumière des menaces dont ils ont été victimes de la part du gouvernement à la faveur de la récente grève des 23 et 24 mai derniers. A l’endroit de ses camarades, il a terminé son intervention en ces termes : « En entendant la suite de cette requête, je vous invite à défendre pleinement et sans relâche vos droits ».

A la suite de ce dernier, le président par intérim du mois des centrales syndicales, Jean-Mathias Liliou, secrétaire général de la CSB, a livré le message relatif à cette marche meeting. Un message qui, contrairement aux précédents, n’a pas changé dans le fonds : les revendications étant les mêmes avec à la clé obtenir du gouvernement l’application d’une politique sociale des prix des produits de première nécessité au Faso.

Ce faisant, il a rappelé les raisons qui ont conduit à la grève des 23 et 24 mai et au rang desquelles l’augmentation des prix des hydrocarbures figure en bonne place. Toujours parlant de cette grève, il est revenu sur les intimidations dont ils ont été l’objet de la part du gouvernement pour en arriver à la plainte évoquée par son prédécesseur. De ce fait, il dira que le gouvernement, au lieu de prendre à bras-le-corps les problèmes qui minent la société, cherche des poux sur un crâne rasé.

Qui pis est , à l’en croire, nos autorités pillent les deniers publics et se contentent d’avancer des raisons fantoches quand il s’agit de trouver des solutions idoines à des problèmes sociaux comme celui de l’augmentation des prix des hydrocarbures. « Le gouvernement est en panne », a-t-il martelé à ce propos. En guise de conclusion, il a invité les uns et les autres à se mobiliser pour la marche nationale contre la vie chère prévue le 1er juillet prochain, car, a-t-il dit avec conviction, « c’est la lutte qui paye ».

Une marche à travers laquelle ils espèrent une ville morte à Ouagadougou. Par ailleurs, il est à noter, et si on s’en tient à ce que les organisateurs nous ont laissé entendre, que cette marche meeting a été suivie dans d’autres villes du Burkina à savoir Fada, Dori, Ouahigouya et Dédougou.

Kader Patrick Karantao

L’Observateur Paalga

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