LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Avec de la persévérance et de l’endurance, nous pouvons obtenir tout ce que nous voulons.” Mike Tyson

Grève dans le privé : Les syndicats répliquent au DG du Travail

Publié le mardi 23 mai 2006 à 05h29min

PARTAGER :                          

Dans cette lettre ouverte au directeur général du Travail et de la Sécurité sociale, les syndicats l’accusent de vouloir remettre en cause le droit de grève.

Les négociations gouvernement/syndicats entamées le 4 mai 2006 ont été rompues dès le lendemain par la faute du gouvernement. En effet, alors que les premiers responsables des centrales syndicales et des syndicats autonomes examinaient les réponses du gouvernement, ils apprenaient l’augmentation des prix des hydrocarbures et autres huiles moteur de 5 à 39%.

Pourtant, ce point figurait en bonne place dans la plate-forme minimale des organisations syndicales, objet des grèves de 2005, et sur la liste des préoccupations soumises au gouvernement pour les négociations des 4 et 5 mai 2006.

En réaction à ce manque de considération de la part du gouvernement, les organisations syndicales ont quitté la table de négociation et ont lancé un mot d’ordre de grève pour les 23 et 24 mai 2006.

Après le dépôt du préavis auprès du président du Faso, président du Conseil des ministres, " nous vous avons adressé, comme à l’accoutumée, une notification vous informant que nos organisations syndicales appelaient aussi à la grève les travailleurs du privé, du parapublic et du secteur informel.

En réaction à cette notification, et faisant écho aux commentaires faits dans l’accusé de réception du secrétariat général du gouvernement et du Conseil des ministres, vous nous avez adressé, en date du 18 mai 2006, une correspondance dans laquelle vous nous livrez une interprétation très contestable du code du Travail, particulièrement du droit de grève.

Ainsi, pour vous, les organisations syndicales n’ont pas le droit d’appeler les travailleurs du privé à la grève parce que, selon le code, « est illicite tout arrêt de travail qui ne correspond à aucune revendication professionnelle », et « sont interdits tout lock out et toute grève avant épuisement des procédures de conciliation et d’arbitrage ».

Monsieur le Directeur général,

Le même code du Travail que vous citez dit ceci :

Article 271 : « Les syndicats professionnels régulièrement constitués peuvent librement se concerter pour l’étude et la défense de leurs intérêts professionnels. Ils peuvent se constituer en unions au niveau local, régional ou national. »

Question : si pour vous les syndicats ne peuvent pas appeler tous leurs militants à la grève, comment concevez-vous la défense des intérêts professionnels au niveau des unions de syndicats ?

Article 272 : « Les droits et devoirs des syndicats professionnels tels que fixés par la présente loi sont reconnus aux unions de syndicats. » Selon vous, à quel niveau s’exercent les droits reconnus ?

Si on devait s’en tenir à votre interprétation, les syndicats ou les unions de syndicats, qui ont vocation d’organiser la solidarité entre les travailleurs, ne pourraient pas appeler tous les travailleurs à

une grève autour de revendications générales concernant plusieurs entreprises, voire l’ensemble des secteurs d’activités.

Par ailleurs, lorsqu’on considère une revendication comme celle portant sur les hydrocarbures, quelle responsabilité un employeur d’une entreprise privée assume-t-il, et quelle réponse peut-il donner à la question des taxes ?

Monsieur le Directeur général,

L’Etat a des devoirs vis-à-vis des agents publics, mais aussi vis-à-vis des travailleurs du

privé, qui restent des citoyens burkinabè soumis aux mêmes conditions générales de vie, aux mêmes impôts et taxes que ceux du public. Et lorsque les deux groupes de travailleurs se retrouvent dans une même centrale syndicale, c’est qu’ils ont des intérêts communs à défendre ensemble.

Monsieur le Directeur général,

Sous les mêmes dispositions dans les différents codes du Travail depuis 1960, les centrales syndicales ont toujours organisé des grèves nationales mobilisant les travailleurs de tous les secteurs d’activités. Il n’y a pas de raison qu’il en soit autrement aujourd’hui.

En tout état de cause, les organisations syndicales ne sauraient accepter une remise en cause aussi grave de la liberté syndicale, particulièrement du droit de grève, reconnu et garanti par la Constitution de notre pays, et par les conventions internationales ratifiées par le Burkina.

Nous déplorons qu’une interprétation aussi restrictive soit le fait d’un inspecteur du Travail, censé être un protecteur du droit du Travail. Qu’à cela ne tienne, les travailleurs et leurs organisations se donneront les moyens, comme ils l’ont toujours fait, de défendre les libertés syndicales, condition préalable à la défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs.

Veuillez agréer, Monsieur le directeur, l’expression de notre forte détermination à défendre nos droits.

Ont signé :

Pour les centrales syndicales :

CGT-B

Tolé SAGNON

Secrétaire général

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique