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Sig-Noghin : Un rasta "rasé" traîne 3 policiers en justice

Publié le mercredi 10 mai 2006 à 06h20min

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Une affaire de dreadlocks oppose MB, un artiste musicien reggaeman, connu sous le nom de Nesta James, à trois policiers, dont deux du commissariat de Sig-Noghin. MB avait juste eu envie de se soulager ce jour-là. Il a choisi de le faire sur le mur le plus proche.

Des personnes s’opposent à son acte. C’est plus tard qu’il se rendra compte que c’était le mur d’un commissariat de police. Et il en paiera les frais : dreadlocks coupées et quelques jours d’inactivité pour coups reçus. L’affaire est passée devant le tribunal le 8 mai 2006.

L’affaire date de septembre 2005. L’artiste musicien est de retour d’un voyage avec un oncle et un cousin. L’oncle les dépose sur la voie afin de pouvoir effectuer rapidement une petite course. Nesta James éprouve l’envie d’uriner. Il se dirige avec son cousin vers le mur le plus proche. Au moment où ils s’apprêtaient à se soulager, ils sont interpellés par trois personnes qui étaient à quelques mètres d’eux, à côté du même mur. Ces personnes leur demandent de changer de lieu et d’aller se soulager ailleurs.

C’est à cette étape que les dépositions des deux camps commencent à diverger. James dit n’avoir pas uriné sur les lieux : " Ils ont dit "on ne pisse pas là-bas".
Alors, nous avons choisi d’uriner dans un coin sale qui était tout juste à côté. Ils nous ont encore dit de ne pas y uriner. J’ai refermé ma braguette et j’ai demandé à mon cousin de me suivre au niveau du maquis qui était tout juste à côté. J’ai fait un mouvement de main pour demander à mon cousin de me suivre."

Dans leurs déclarations, les trois policiers, eux, déclarent et insistent sur le fait que le jeune artiste a uriné sur les lieux. Pour ce qui concerne la suite, on ne saura probablement pas la vérité.

James dit avoir traversé la grande voie et rejoint le kiosque le plus proche en compagnie de son cousin. Ils se sont assis dans le maquis, et quelques minutes plus tard, les trois policiers y ont effectué une descente.

"Ils m’ont trimballé du kiosque au commissariat, affirme l’artiste. Après avoir traversé la grande voie, ils m’ont tenu par les cheveux, et m’ont traîné jusqu’au commissariat. Ils m’ont malmené au commissariat et c’est là-bas finalement que j’ai uriné. Ils m’ont bien chicoté. J’ai été immobilisé, et l’agent a coupé mes cheveux avec un couteau."

Les présumés bourreaux, eux, disent n’avoir jamais brutalisé le jeune artiste. Ils l’ont tout simplement coffré et libéré quelques instants plus tard. Mais la victime a joint à ses dossiers des photos qui attestaient qu’il a été bel et bien coiffé et bastonné. Ses documents contiennent également des ordonnances. C’est le 28 septembre 2005 que le jeune homme a déposé une plainte au commissariat central de Ouagadougou.

Selon les deux camps, il y aurait eu des témoins de la scène. Fallait-il entendre ces personnes ? Le tribubal a écarté cette hypothèse : il pourrait y avoir subordination de témoins.

Le procureur a donc demandé six mois assortis de sursis pour les deux assistants de police BTL et KL du commissariat de Sig-Noghin. Le jeune artiste a demandé 750 000 F CFA pour dommages et intérêts. Et pour cause, il entretiendrait ses dreadlocks à raison de 3500 F par semaine, et aurait subi 15 jours d’impossibilité de travailler. L’affaire a été mise en délibéré pour le 22 mai prochain.

Par Alain DABILOUGOU

Le Pays

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