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Fait divers : Wend san saké...

Publié le samedi 29 avril 2006 à 08h43min

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De nos jours, les valeurs traditionnelles foutent le camp. Pour un rien, on jure au hasard, on maudit pour des futilités. Avec nos grands parents qui pratiquaient la polygamie à grande échelle, il n’y avait pas de bagarre entre les coépouses ou des médisances.

Avec deux ou trois épouses de nos jours, certains couples vivent de vives empoignades. Pour une cane tuée à l’aide d’un bâton, Tipoko a dit à sa coépouse après une altercation verbale : « Wend san saké, fo nan gnindé ». Ce qui veut dire littéralement que « Dieu te punira pour ton geste. »

Au village, il est rare voire impensable de trouver une cour sans volailles. La plupart du temps, ces volailles appartiennent aux femmes qui les vendent pour acheter des condiments. Il arrive que le chef de famille y puise pour honorer ou échanger ou pour d’autres besoins.

Ainsi, dans la cour de Kouka, il y avait de la volaille. Une de ses épouses possédait deux canes. Quand les canes pondaient et couvaient et que Kouka trouvait des œufs de pintade, l’échange était fait sans autre forme de procès et les œufs des canes servaient à améliorer le quotidien. Kouka avait quatre épouses.

La deuxième et la troisième se regardaient comme chien et chat et ne manquaient d’occasion de s’invectiver. La deuxième possédant les deux canes. Un jour, la troisième était allée à la pompe chercher de l’eau. A son retour, elle versa le contenu de son canari et entra dans sa case pour en ressortir dix minutes plus tard.

C’est ainsi que la cane de sa coépouse plongea la tête dans l’eau et s’ébroua. Le sang lui monta à la tête. Elle se saisit d’un bâton qu’elle balança sur le volatile. Atteinte à la tête, la bête battit des ailes et rendit l’âme. Effarés par les débats de la cane, les autres volatiles firent du bruit qui alerta la deuxième épouse qui constata les dégâts.

Les explications furent acérées et la deuxième dit à la troisième « Wend sansaké, fo nan gnindé. » Elle entra dans sa chambre. La cane fut déplumée et remise à la dernière qui était de cuisine pour agrémenter la sauce du mari. Ce dernier en mangea, la nuit tombée, en revenant du marché et ne posa pas de question.

Un après-midi, la troisième épouse, voulut prendre une noix de cola dans le sable où trônait le canari d’eau servant de boisson. Le lieu était frais. Les doigts caressèrent la vipère qui y planta ses crocs. Elle cria , affolée et rejoignit la première épouse. Des passants accoururent et tuèrent la vipère.

La première épouse demanda à un des garçons, âgé d’environ quinze ans d’aller appeler le père qui était allé au marché voisin. Ce dernier en cours de route, vit des enfants de son âge qui jouaient au ballon. La commission fut avalée comme dirait l’autre. Au village il n’y avait pas de dispensaire. Appelé, un tradipraticien avait procédé à des scarifications en badigeonnant les doigts d’une poudre noire.

Quand le chef de famille revint, ce furent les gémissements de son épouse qui alertèrent ses sens car tout était calme. Il assista impuissant à l’agonie de son épouse qui dira à la deuxième : « Tu avais raison de dire que si Dieu le veut, je serai punie. Ton vœu a été exaucé ». Après l’enterrement sans coutume comme le veut la coutume, le mari appela les autres épouses et demanda des explications qui lui furent données. Deux jours plus tard, il enfourcha son vélo pour aller consulter un célèbre devin qui se trouvait loin de là.

Revenu dans la nuit, il appela les autres épouses et leur dit : « Je suis allé en consultation. Le devin a dit que la cane s’est vengée, car on ne tue pas une cane avec un bâton, encore moins une femme. Donc faites attention ! » Triste histoire. Qu’aurez-vous fait à la place du mari ?

Rakissé

Sidwaya

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