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Fait divers : Dure est la coutume, mais elle reste la coutume

Publié le samedi 1er avril 2006 à 08h27min

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Les Latins l’ont dit, ,dure est la loi, mais elle reste la loi. Ceux qui ont suivi les procès coutumiers présidés par feu le Larlé Naaba Ambga à la Maison des jeunes et de la culture, savent qu’il ne badinent pas avec la coutume.

Les choses ont évolué, mais de nos jours, il y a de ces pratiques qui demeurent inactivées chez certains clans. Ainsi dans la société des masques du Plateau central, la fille issue du clan est enterrée par le clan. Très souvent, il faut insister pour que le corps de la défunte soit recouvert du linceul et l’enterrement se fait toujours la nuit hors de la vue des autres.

Aussi, René a détourné la jeune épouse de Moumouni. Cette dernière, après une vingtaine d’années de vie commune, décède. C’est alors que René mesura toute la grandeur de la bêtise qu’il avait commise. Moumouni vint avec une délégation prendre le corps, avant d’envoyer dire à la belle- famille que leur fille avait rejoint ses ancêtres. Des vieux furent désignés pour aller l’enterrer.

Autrefois, il y avait les cercles, les préfectures, puis les arrondissements devenus aujourd’hui les départements. Aussi, à la fin de son cycle à l’ENAM, René fut envoyé comme dirait l’autre pour ouvrir un arrondissement. Les bureaux étaient prêts, mais le domicile était en voie de finition. Aussi, il élut domicile chez l’habitant. Dans le village, le gourou était Moumouni.

Il avait une buvette, une boutique et un moulin. Moumouni avait trois épouses. La troisième, la plus jeune de toutes, lui avait été donnée par le chef des masques du village voisin. Cette dernière s’occupait parfois de la boutique ou de la buvette. N’ayant pas encore enfanté, elle avait des formes rondes et aguichantes, ce qui réveilla les instincts de René. Non content de cocufier Moumouni à son insu, il enleva sa femme qu’il confia à un cousin qui travaillait vers Banfora.

En moins d’un an, René réussit dans ses combines à se faire affecter. C’est ainsi que l’élue de son cœur le rejoignit. Quatre enfants naquirent de leur union. A plusieurs occasions, René avait proposé à son épouse, d’aller voir ses parents pour régulariser la situation. Cette dernière n’en voulait pas. Néanmoins, il envoya une délégation qui fut bien reçue. Seulement, on fit comprendre à la délégation, qu’on ne lui avait pas donné la fille et que la famille connaissait Moumouni comme le mari légal. Fin stratège, René trouvera des témoins pour célébrer le mariage civil. Son épouse n’allant jamais au village, voilà qu’un jour, au détour d’un croisement au retour du marché, elle fut renversée par une auto et tomba dans le coma pendant quatre jours, avant de rendre l’âme. C’est alors que les problèmes commencent.

On ne peut enterrer son épouse sans en aviser les beaux-parents. Ce qui fut fait. Au village, il leur fut dit d’aller voir Moumouni car si quelqu’un doit annoncer la mort de leur fille, c’est bien lui. L’arrondissement étant devenu département. Le préfet, l’inspecteur de l’enseignement, le commissaire de police, les personnes ressources, tout ce beau monde fut mis à contribution. Après moults tractations la famille à Moumouni accepte l’aller chercher, le corps. Cela se fit dans la discrétion car le lendemain, les premiers venus pour s’enquérir de l’heure de l’enterrement virent notre René claustré chez lui, prostré.

Moumouni, selon la coutume, envoya annoncer la mort de son épouse. Les beaux-parents vinrent tard dans la nuit, procéder aux rites pour enterrer leur fille. Si on vous dit, en mooré « tipatoin » ou c’est pas possible en français, n’insistez pas car vous récolterez le s pots cassés.

Rakissé

Sidwaya

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