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Accès des personnes vivant avec le VIH aux crédits : l’expérience positive de la MUFEDE-B

Publié le mardi 21 mars 2006 à 06h35min

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Mme Cécile Ki

Les personnes vivant avec le VIH (PVVIH) éprouvent d’énormes difficultés pour accéder aux crédits auprès des banques en général et des institutions de micro finances (IMF) en particulier.

Un atelier national sur les stratégies de renforcement socio-économique des PVVIH et les familles affectées tenu à Ouagadougou en février dernier a révélé que la quasi-totalité des institutions financières de la place ne font pas dans du sentiment quand il s’agit de l’octroi des prêts et des crédits. La situation serait même plus compliquée pour les PVVIH qui se voient refuser tout crédit une fois que leur statut sérologique est connu.

L’expérience de la mutualité femmes et développement du Burkina Faso (MUFEDE-B) en faveur de l’accès des PVVIH au crédit a été un véritable coup de cœur pour les participants à l’atelier. Mme Soré Djamila de la MUFEDE-B revient sur I’historique de cette expérience commencée en 2002 : « Nous avions à l’époque un membre qui avait un compte d’épargne chez nous mais son salaire était viré dans une banque de la place .

Il a demandé un crédit à sa banque qui lui a fait remplir des fiches de renseignements et il avait avoué qu ‘il était séropositif. Sa banque lui a refusé le prêt. Il est venu à la MUFEDE-B expliquer son problème à la directrice, avouant qu’il avait besoin de cet argent pour soigner sa femme alitée. La directrice de la MUFEDE-B a été très sensible et lui a octroyé le crédit en lui disant de faire virer son salaire à la MUFEDE-B. La directrice a trouvé qu’il ne fallait pas s’arrêter à ce seul cas mais qu’il fallait aller vers les PVVIH et faire quelque pour eux ».

Depuis lors, vingt cinq personnes ont bénéficié des crédits auprès de la MUFEDE-B à des conditions exceptionnelles : prêts sans garantie, taux d’intérêt de 5% contre 20% pour les eaux normaux, prêts plafonnés à 250 000 F CFA et étalés sur douze mois avec une souplesse dans le recouvrement. La MUFEDE-B travaille pour cela en collaboration avec une association s’occupant des PVVIH. C’est l’association qui ficelle les projets des activités rémunératrices de revenus avec les PVVIH et introduit le dossier pour financement auprès de la MUFEDE-B.

Cette collaboration permet d’assurer la confidentialité sur le statut sérologique des clients car c’est l’association qui est au devant des choses. La MUFEDE-B ne rencontre pas les PVVIH et seul un de ses agents est intermédiaire pour le déblocage des crédits. Il n’y a pas par exemple un comité de crédit qui siège. Toutes ces dispositions ayant pour objectif de renforcer la confidentialité. Dans le cadre de cette expérience, la MUFEDE-B travaille en partenariat avec Solidarité mondiale/Fonds Belge de survie qui a permis de mettre en place un fonds pour les crédits.

Les PVVIH qui bénéficient des prêts pour mener des activités rémunératrices de revenus sont mieux acceptées dans leurs familles. Elles arrivent à assurer leur prise en charge sanitaire, alimentaire et à subvenir aux besoins de la famille. L’éxpérience de la MUFEDE-B prouve que la PVVIH n’est obligatoirement un poids social. Elle a seulement besoin d’un appui pour s’assumer.

Le taux de remboursement des crédits octroyés atteint 70%. « Nous sommes satisfaits des remboursements. Les PVVIH remboursent sans problèmes. C’est comme s’ils se faisaient un devoir, un point d’honneur à rembourser correctement leurs crédits. C’est un défi pour eux. Il n’y a que les épisodes maladies qui font que les bénéficiaires mettent souvent du temps à rembourser » explique la directrice de la MUFEDE-B, Mme Cécile Ki.

Qu’arrive- t-il en cas de décès ? « Pour l’instant quand une PVVIH décède, nous n’engageons pas de procédures particulières pour recouvrer ce qu’elle doit parce que ce n’est pas la peine de poursuivre sa famille qui est déjà très éprouvée ».

La MUFEDE-B est cependant consciente qu’elle ne peut pas toucher un grand nombre de PVVIH sans fonds de garantie, sans d’autres partenaires.

Coopérative d’épargne et de crédit créée en 1996, la MUFEDE-B est une initiative de femmes déflatées. Elle regroupe actuellement près de 120 associations et groupements et intervient dans les provinces du Kadiogo, du Bam, du Nayala, du Nahouri et de la Tapoa. Le public cible de la mutuelle se compose des populations féminines urbaines et rurales non couvertes par l’offre classiques des banques.

La MUFEDE-B appui ainsi ses membres dans les domaines du renforcement et du développement des activités génératrices de revenus, de l’accroissement de la productivité agricole, de la diversification et de la transformation des produits agricoles.

Hamado NANA

Sidwaya

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