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Election au Barreau : 3 candidats possibles pour un fauteuil

Publié le vendredi 17 mars 2006 à 08h14min

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Le Barreau burkinabè est en effervescence. Ce n’est pas un bouillonnement à la nigériane où les avocats ont enlevé leurs robes pour protester contre le régime de Olusegun Obasanjo qui foule aux pieds, selon les grévistes, les décisions de justice. L’ébullition au sein de l’Ordre des avocats burkinabè est simplement celle qui caractérise les périodes précédant l’élection d’un nouveau Bâtonnier.

En effet, selon les textes de cette structure, le scrutin doit se tenir avant le 30 juin de l’année électorale. Les mêmes règlements stipulent que le Bâtonnier en fonction ne peut se présenter pour un deuxième mandat qui est de 3 ans non renouvelable. Cependant, un ancien Bâtonnier peut revenir à la charge après avoir observé un temps de jachère.

Sans être rude, la pré-campagne n’en est pas moins sérieuse, mettant à contribution tous les arguments tant objectifs que subjectifs. Les camps se forment et les clans refont surface autour de personnes, à l’instar des élections nationales qui mobilisent rarement autour de programmes de société.

Pour l’instant, les supputations vont bon train dans les coulisses du Palais de justice et dans les couloirs de la Maison de l’avocat. Les rencontres informelles s’organisent pour affiner ou peaufiner des stratégies de combat. Au fait, pourquoi tant d’engagement pour un poste qui amène celui qui l’occupe à fermer boutique s’il n’a pas des confrères associés pour la faire fonctionner ?

Nous ne sommes pas dans les arcanes du Barreau, mais il faut reconnaître que le Bâtonnier, grâce à son "bâton" se constitue un important capital de notoriété sur le plan international, ce qui rejaillit inéluctablement sur la bonne marche de son cabinet. Confier son affaire au Bâtonnier n’est pas donné au premier venu. Auprès de l’Etat et des partenaires étrangers, le Bâtonnier est l’interlocuteur privilégié des avocats et sa décision pèse lourd dans la balance.

Tout cela renforce la célébrité du patron de l’Ordre des avocats, et peut se concrétiser par la suite en retombées financières, d’une manière ou d’une autre, sur son activité professionnelle. Pour paraphraser la Grande royale dans "L’Aventure ambiguë", ce que le Bâtonnier gagne vaut-il ce qu’il perd ? La question reste posée, a moins que, comme le dit Lavoisier, "rien ne se perd, rien ne se crée (et que) tout se transforme".

A qui le tour ?

Après Me Titinga Frédéric Pacéré, Me Mamadou Savadogo, Me Benoît Sawadogo, Me Arouna Sawadogo - c’était le règne sans fin des Sawadogo - qui s’installera dans le fauteuil occupé pendant 3 ans par Me Barthélémy Kéré ? Seules les urnes le révéleront, tout comme la fumée blanche qui s’élève à la cité du Vatican, marquant la fin du conclave et une nouvelle ère pour un nouveau souverain pontif. Dans les starting-blocks de la course qui mène au sommet de l’Ordre, on retrouve, en tout cas, de vieilles connaissances, en attendant l’officialisation des candidatures.

Honneur aux dames, commençons par citer Me Antoinette Ouédraogo. Avocate de mérite, après avoir trébuché sur la dernière marche qui menait au trône, il y a 3 ans, elle se remet dans la course. Peut-être que l’heure de celle qui pourrait devenir la Ellen Johnson Sirleaf du Barreau burkinabè, sonnera enfin ! L’ordre des avocats connaîtra ainsi la première présidente de son histoire si ça roule pour Me Ouédraogo. Avant d’arriver à ses fins, la "maîtresse" du Barreau, devra croiser le fer avec Me Issouf Baadhio, avocat de talent qui a été lui aussi, candidat malheureux lors de la dernière élection.

Considéré comme quelqu’un qui n’a pas sa langue dans la poche, Me Baadhio, si sa candidature est rendue officielle, fera jouer une fois de plus son franc-parler et cette fois-ci, l’essai comme au rugby sera peut-être ltransformé. Le troisième mousquetaire non encore officiel bien entendu mais très probable, est Me Bernardin Dabiré. Il est souvent cité en exemple dans la profession. Inscrit le même jour que Me Titinga Frédéric Pacéré au Barreau, si nos souvenirs sont exacts, Me Dabiré serait proposé par la démarche commune de 3 anciens bâtonniers.

Info ou intox ?

La liste des candidats s’allongera peut-être ou sera amputée plus tard. Ça, l’avenir nous le dira. Toutefois, au sein du Barreau se dégage de plus en plus un courant de jeunes avocats qui oeuvre à établir une sorte de tableau de critères bien définis, afin de s’aligner derrière le candidat qui porterait le mieux leurs aspirations. "Notre sort est en quelque sorte lié à l’avenir du Barreau", évoque les adeptes de cette classe qui ne voudraient plus s’embarquer malgré eux dans des aventures dans lesquelles, plus tard, ils se reconnaissent peu ou prou.

Ostensiblement, l’une des questions qui préoccupe aujourd’hui nombre d’avocats, notamment les jeunes, est celle de la modification de l’article 6. Cet article permettait dans le cadre d’une procédure, que la partie qui perd le procès prenne en charge les honoraires de l’avocat de son adversaire. C’est une décision qui contribue à la facilitation de l’accès de la justice à davantage de justiciables qui, bien que certains d’être dans leurs droits, n’ont pas les moyens de payer les services d’un avocat. La suppression de cette disposition constitue un blocage pour les citoyens, de même qu’elle freine plus ou moins l’élan de la justice de proximité, principe cher au ministère de la Justice qui voudrait bien rendre cet outil accessible à toutes les couches.

De même, certains cabinets dits "petits" qui n’arrivent à avoir des affaires que parce que cette disposition existait, se sentent réellement lésés. On avait du reste assisté à une levée de boucliers à l’époque, protestation qui s’était manifestée par la signature d’une pétition remise au Bâtonnier Kéré . Il faut ajouter à cette donnée quelques problèmes auxquels les avocats voudraient bien que des solutions soient apportées, afin de consolider les acquis des bureaux de barreaux qui se sont succédé.

Des informations sur tel candidat copieusement arrosé de billets de banque d’opérateurs économiques pour mener campagne, ou des compétiteurs soutenus par des hommes politiques, etc., défraieront sans doute encore la chronique avec leur part de vérité et d’intox.

Ce ne sont pas les tâches qui manqueront et elles seront plus ou moins ardues selon leur nature. Le nouveau bâtonnier est donc attendu pour donner un plus, pour l’honneur de la profession. "Dura lex, sed lex".

Par Morin YAMONGBE

Le Pays

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