Les experts répondent par la négative. "Je n’ai jamais rencontré ce type de matériel de toute ma carrière", ajoute l’expert Ilboudo. Et Me Yanogo d’indiquer que M. Yonli, dans son expertise, n’a pas procédé par échantillonnage mais plutôt par des prélèvements parce que le matériel utilisé ne lui permettait pas de procéder ainsi. Il fera également noter qu’au niveau de IAMGOLD Essakane SA, il y a deux niveaux de récupération du charbon fin avant de poursuivre son interrogatoire.

"Quel est l’intérêt de mettre en place deux systèmes de récupération du charbon fin ? "Il n’y a pas d’intérêt mais c’est le procédé mis en place par la société minière. Ce n’est pas le tamis qui fait la différence. Il n’a pas d’importance". Mais pourquoi avoir utilisé un tamis de 860 microns plutôt qu’un autre plus petit ?

Cheikh Yoness, le métallurgiste de IAMGOLD Essakane SA a été rappelé à la barre pour répondre à cette question. Il précisera que l’utilisation d’un tamis de 860 microns répond au désir de IAMGOLD Essakane SA de ne pas perdre le "charbon grossier" avant de reprendre sa place.

"Qu’est ce qu’on incinère dans l’incinérateur ?"
"Les produits qui sont dérivés du charbon fin". Me Yanogo conclut en affirmant que c’est le traitement du charbon fin qui génère tout ce qu’on appelle les scories, les briques réfractaires, la pulpe et la cendre.

À la suite de Me Yanogo, Me Coulibaly prend la main. "En quoi a consisté échantillonnage ?" "Disons que quand on a une grande quantité de matières prélevées de façon disparâtre, il a été question de vérifier si dans les sacs, il y avait des choses qui se ressemblent afin de les homogénéiser pour pouvoir les analyser en procédant à des échantillonnages", explique l’expert.

"Savez-vous en quelle année les cargaisons que vous avez expertisées ont été collectées ? "
"Non. On n’a pas eu cette information"

"Il ressort que c’est entre 2016 et 2018 que ces corps ont été collectés. Est-ce des délais raisonnables ?
"Oui".

"Est-ce que la teneur en or du charbon fin déclaré de 63g/t par Essakane est une norme générale ?"
"Non. Il y a en de 50g/t et d’autres qui dépassent les 63g/t".

"Comment on détecte des matières précieuses dans un corps ?"
"Par la production d’échantillons représentatifs".

"Avoir des résultats différents veut-il dire que les résultats sont faux ?"
"Non. On ne peut pas avoir les mêmes résultats. Les résultats sont valables tant que les marges ne dépassent pas un certain niveau".

En conclusion, Me Coulibaly affirme qu’il s’agit bel et bien d’exportation de résidus de produits dérivés du charbon fin et la procédure était celle en vigueur au Burkina Faso.

Avant les conseils de la défense, Me Farama, avocat du REN-LAC
a demandé aux experts si on pouvait calibrer une balance de telle sorte qu’il soit favorable à celui qui le fait ? Les experts ont répondu par l’affirmative. Ensuite il demande si la pulpe est un minerai ?
"Oui", répondent les experts.

Mais est-ce qu’au moment des faits on pouvait traiter toute la cargaison au Burkina Faso ? A cette dernière question de Me Farama, la réponse des experts est sans ambages. Ils répondent par l’affirmative.

L’audience est suspendue pour reprendre demain 9 novembre 2023.

Obissa Juste Mien
Lefaso.net