Sur le coup de 8h, la clinique de l’association burkinabè des sages-femmes du Burkina Faso a commencé à recevoir les premières femmes venues se faire dépister. Au nombre de ces femmes, Pauline Konkonbo. Elle en est à son deuxième dépistage et apprécie l’initiative de l’association Zéro cancer féminin qui a organisé cette séance de sensibilisation et de dépistage des cancers du sein et du col de l’utérus. Pour elle qui a été témoin de la détresse de proches victimes du cancer du sein, le dépistage est un impératif et elle ne se fait pas prier pour le faire. « Il ne faut pas vivre dans l’ignorance, il faut savoir ce qui se passe pour prendre ses précautions. Il faut se faire dépister et s’il y a quelque chose qui ne va pas, commencer son traitement pour ne pas avoir de surprises désagréables. C’est toujours mieux de se faire dépister », a-t-elle soutenu.

Les femmes ne se sont pas faites prier pour venir se faire dépister.

Se faire dépister, c’est le bon réflexe à en croire également Assita Zerbo, vice-présidente de l’association Zéro cancer féminin, qui rappelle que la meilleure façon d’éviter les cancers du sein et du col de l’utérus, c’est de se faire dépister régulièrement. « Un cancer dépisté tôt se guérit. Le cancer fait des ravages et ne devrait pas être un sujet tabou. Notre combat premier, c’est de sensibiliser, d’exhorter les femmes à se faire dépister », souligne-t-elle. Elle explique que la séance de sensibilisation et de dépistage vient clore une série d’activités réalisées par l’association dans le cadre d’Octobre rose, mois dédié à la lutte contre le cancer du sein. En plus de la présente activité, l’association a organisé au cours du mois d’octobre, une séance de causerie avec les femmes victimes de cancer et une marche de dix kilomètres à pied.

Pauline Konkonbo est venue se faire dépister pour la deuxième fois.

Comme à l’accoutumée, la marraine de l’association, Dr Emma Kantiono a fait le déplacement à la clinique où se tenait la séance de sensibilisation et de dépistage pour marquer son soutien à l’activité. « Ce dépistage, c’est une activité noble. C’est important d’encourager toutes les femmes qui sont dans l’ombre à se faire dépister afin de connaître leur état de santé. Quand le cancer est détecté tôt, la prise en charge est rapide et elles peuvent guérir. J’invite donc toutes les femmes à ne pas avoir peur, à ne pas se cacher, à se faire dépister », a-t-elle laissé entendre.

Assita Zerbo, vice-présidente de l’association Zéro cancer féminin, qui rappelle que la meilleure façon d’éviter les cancers du sein et du col de l’utérus, c’est de se faire dépister régulièrement.

En 2020, le cancer du col de l’utérus a causé la mort de plus de 800 femmes

Le cancer du sein est celui qui touche le plus les femmes au Burkina Faso. Il représente en effet 55℅ de tous les cancers féminins. Vient en deuxième position le cancer du col de l’utérus qui en 2020 a touché 1132 femmes et causé le décès de 839 d’entre elles. Rosalie Sédogo, sage-femme en service au CHU de Bogodogo et membre de l’association des sages-femmes déplore l’augmentation des cas de cancer au Burkina Faso. Elle souligne que les années antérieures les cas de cancer féminins étaient rencontrés chez les femmes d’un certain âge. Mais ces dernières années, ce sont des femmes de plus en plus jeunes qui souffrent de cancer. « Avant le cancer touchait les femmes de 45 ans en allant. Mais actuellement on voit des jeunes femmes d’à peine 24 ans souffrant de cancer. J’en ai même vu de 21 ans atteinte du cancer du sein », déplore-t-elle.

Dr Emma Kantiono, marraine de l’association a marqué son soutien à l’activité.

Elle rappelle que les cancers n’ont pas de causes précises, mais des facteurs de risque au nombre desquels, l’âge, les infections non soignées, le fait d’avoir des rapports sexuels précoces, l’hérédité et le manque de dépistage. C’est pourquoi elle invite les femmes à se faire dépister régulièrement pour éviter toute surprise désagréable. « C’est mieux de se faire dépister, que de rester comme ça. Quand tu te fais dépister, tu as des chances d’être sauvé. Mais si tu ne fais pas de dépistage et tu viens au stade final, on ne peut plus rien pour toi, sinon t’accompagner à la tombe. Toutes les femmes qui ont 25 ans ou qui ont été très tôt sexuellement actives doivent se faire dépister et ne pas oublier de faire la palpation des seins après les règles », exhorte-elle.

Rosalie Sédogo, sage-femme en service au CHU de Bogodogo et membre de l’association des sages-femmes déplore l’augmentation des cas de cancer au Burkina Faso.

Les dépistages du cancer du sein et du cancer du col de l’utérus se font à partir de 25 ans.

Pour mémoire, l’association Zéro cancer féminin a été créée en 2019 et a pour objectif de contribuer à la prévention et à la prise en charge des cancers gynécologiques. Pour ce faire, l’association mène diverses activités dont la sensibilisation, les causeries thématiques avec les femmes victimes de cancer, etc.

Justine Bonkoungou
Lefaso.net