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Programme Population au Burkina : Plus d’un million de jugements supplétifs d’actes de naissance enregistrés entre 2018 et 2022

Publié le jeudi 19 octobre 2023 à 10h00min

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Programme Population au Burkina : Plus d’un million de jugements supplétifs d’actes de naissance enregistrés entre 2018 et 2022

Plus d’un million de jugements déclaratifs ou supplétifs d’acte de naissance ont été délivrés entre 2018 et 2022 et 11 000 cas de violences basées sur le genre ont été pris en charge par 539 structures d’accueil et 2 800 agents de santé à base communautaires. Ce sont là quelques résultats atteints par le programme Population dont l’évaluation stratégique et prospective a fait l’objet d’un atelier de validation, mercredi 18 octobre 2023, à Ouagadougou. La cérémonie a été placée sous les auspices de Issa Zongo, directeur des politiques de population, représentant le directeur général de l’économie et de la planification.

« Pour que chaque Burkinabè compte ». Tel est le credo du programme Population. Exécuté du 10 mars 2018 au 9 février 2022, en partenariat avec la direction générale de l’économie et de la planification et financé par l’Union européenne, ce programme vise à renforcer la capacité du Burkina Faso à mieux connaître et maîtriser les dynamiques de sa population, à travers des activités de recherche en population et de renforcement de l’offre et de la demande des services d’état civil et de promotion sociale (planification familiale, santé sexuelle et reproductive, violences basées sur le genre).

Des résultats notables…

Après une première restitution de résultats préliminaires en décembre 2022, l’heure est à la validation de l’évaluation finale lancée en août 2022. Selon Yolanda San José, cheffe de l’équipe gouvernance de la délégation de l’Union européenne au Burkina, le programme population a produit d’importants résultats après cinq années de mise en œuvre.

Vue partielle des parties prenantes au programme Population

Elle a cité entre autres la délivrance de plus d’un million de jugements déclaratifs ou supplétifs d’acte de naissance, la mise en place et la dynamisation de 752 centres secondaires d’état civil au sein des formations sanitaires pour favoriser l’enregistrement systématique des naissances dans les délais légaux de 2 mois.

11 000 cas de violences basées sur le genre ont été pris en charge par 539 structures d’accueil et 2 800 agents de santé à base communautaire, de 942 centres de santé et de 81 organisations à base communautaire ont été également formés sur la fourniture de services de planification familiale.

A cela s’ajoutent la création de 342 écoles des maris et clubs de pères burkinbila ayant sensibilisé 6 000 hommes sur le droit à la santé sexuelle et reproductive et la lutte contre les VBG, et la création de 449 clubs scolaires de prévention des VBG et de promotion du droit à la santé sexuelle et reproductive.

Selon Yolanda San José, le programme a engrangé d’énormes acquis

Selon le directeur des politiques de populations, Issa Zongo, représentant le directeur général de l’économie et de la planification, le programme Population a permis une évolution dans plusieurs domaines. « Le nombre d’enfants ayant des actes de d’état civil est de plus de 80 %. Ce qui n’était pas le cas dans un passé récent. Sur la planification familiale, en 2010, nous étions à une prévalence contraceptive autour de 15%. Et après l’enquête démographique de santé de 2021, nous sommes à une prévalence contraceptive moderne de 32%. C’est un grand bond même s’il reste encore des efforts à faire pour prendre en charge ce que nous appelons les besoins non satisfaits estimés à environ 15% des femmes en union », a-t-il ajouté.

… malgré l’insécurité

La mise en œuvre du programme s’est heurté à plusieurs difficultés liées notamment aux attaques terroristes rendant certaines localités inaccessibles. Même si cela a limité la capacité des évaluateurs, selon l’expert en santé sexuelle et reproductive, Ousmane Ouédraogo, l’équipe d’évaluateurs a pu avoir un échantillonnage assez raisonné pour pouvoir conduire le processus de collecte d’informations et d’analyse des données.

La cérémonie a été placée sous les auspices de Issa Zongo, directeur des politiques

Une recherche documentaire a d’abord été conduite par les évaluateurs qui ont par la suite réalisé des entretiens et des focus groups à Ouagadougou, Bobo-Dioulasso, Kaya. « Nous avons développé des approches pour réaliser des entretiens par visioconférence avec certains acteurs dans des zones difficiles d’accès comme Dori, dans le Sahel », a expliqué Ousmane Ouédraogo.

Des recommandations

Plusieurs recommandations ont été formulées par l’équipe d’évaluation. A l’endroit du gouvernement burkinabè, il a été entre autres recommandé « d’amplifier l’enregistrement des naissances et des décès par la poursuite de la création des centres secondaires d’état civil notamment dans les CSPS ». Il a été également demandé d’appuyer l’élaboration d’une stratégie nationale de lutte contre les violences basées sur le genre.

Le programme s’est heurté à des difficultés liées à l’insécurité

Aux communes, il a été recommandé de prendre en compte la problématique de la santé sexuelle et reproductive et la planification familiale dans les plans communaux de développement.

À la société civile, il leur est demandé d’être des relais des structures étatiques dans les actions de renforcement de capacités sur la prévention des VBG.

Quant au directeur des politiques de population, il a recommandé la poursuite de la collaboration entre les parties prenantes pour accompagner le gouvernement dans la mise en œuvre de ses engagements notamment dans le domaine de la population. « Nous avons pris des engagements au cours des conférences de l’union des chefs d’Etat en 2016 qui est la prise en compte intégrale des questions de dynamique de populations dans tous les secteurs de développement », a-t-il rappelé.

Pour l’avenir

En attendant, la cheffe de l’équipe gouvernance de la délégation de l’Union européenne a annoncé qu’un nouveau programme sur le genre et les violences basées sur le genre est en préparation en partenariat avec les autorités burkinabè. « Du reste, a-t-elle précisé, le suivi de l’état civil est une question qu’on traite de façon transversale dans nos programmes de protection sociale pour lesquels nous continuons d’appuyer le Burkina Faso ».

Selon Ousmane Ouédraogo, des entretiens ont été réalisés par visioconférence

En rappel, d’un coût global de 26 342 105 €, le programme Population est mis en œuvre à l’échelle nationale par des consortia d’ONG dont les chefs de file sont l’Unicef, l’Institut supérieur des sciences de la population (ISSP), Terre des Hommes, Educo, la Fondation ACRA, Save the Children, Plan international Burkina, AMD, ICI Partenaires.

Le programme s’inscrit dans l’Agenda 2030 et contribue principalement à atteindre progressivement les ODD 3 (bonne santé et bien-être), 5 (égalité des sexes) et contribue à l’ODD 16 (paix et justice) et les cibles 16.9 et 17.18, à savoir garantir à tous une identité juridique notamment grâce à l’enregistrement des naissances et la création d’une base de données de qualité, actualisées, exactes et désagrégées.

Fredo Bassolé
Lefaso.net

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