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Burkina/Chikungunya : « Il n’y a pas lieu de paniquer », Dr Lassané Kafando du service de surveillance épidémiologique

Publié le mercredi 11 octobre 2023 à 22h21min

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Burkina/Chikungunya : « Il n’y a pas lieu de paniquer », Dr Lassané Kafando du service de surveillance épidémiologique

Le 3 septembre 2023, le Laboratoire national de référence des fièvres hémorragiques virales (LNR-FHV) a notifié un premier cas confirmé de chikungunya dans le district sanitaire de Pouytenga. A la date du 1er octobre 2023, le Burkina a enregistré 92 cas confirmés et 0 décès rapportés dans les districts sanitaires de Pouytenga, de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso. Devant ces cas, le ministère de la Santé a pris des mesures pour renforcer la surveillance et contenir la maladie. Et à en croire Dr Lassané Kafando, chargé de la surveillance épidémiologique au niveau de la Direction de la protection de la santé de la population du ministère de la Santé et de l’hygiène publique, il n’y a pas lieu de s’inquiéter comme il le souligne dans cet entretien qu’il nous a accordé le vendredi 6 octobre 2023.

Lefaso.net : Qu’est-ce que le Chikungunya ?

Dr Kafando : Le Chikungunya est une maladie dont les symptômes sont un peu confondus avec le paludisme et la dengue. Il se manifeste par la fièvre d’apparition brutale, des douleurs musculaires et des douleurs au niveau des articulations et souvent ça peut être handicapant. Ça veut dire qu’à l’issue de ces manifestations cliniques, vous pouvez avoir des handicaps moteurs par exemple, ça peut aussi faire des tuméfactions, notamment des gonflements au niveau des articulations, des céphalées, des éruptions cutanées, des nausées, des vomissements. Donc quand vous voyez les symptômes, ce sont des symptômes qui peuvent être retrouvés dans le paludisme ou de la dengue.

Le paludisme sévit, il y a également l’épidémie de dengue et maintenant le chikungunya. Comment faire la différence entre ces trois maladies ?
Dans le cadre de la surveillance épidémiologique, lorsque le patient présente des symptômes cliniques suspects de dengue, il y a des prélèvements qui sont effectués et envoyé au laboratoire national de référence basé au Centre Muraz à Bobo. Ce laboratoire de référence lorsqu’il fait le test de la dengue, il recherche aussi d’autres virus notamment celui du Chikungunya et c’est ce qui a permis à un moment donné de se rendre compte qu’on pensait souvent que c’est la dengue, mais il y a des cas de Chikungunya qui ont été notifiés à Pouytenga, Ouagadougou et Bobo-Dioulasso.

Justement quelle est à ce jour, la situation épidémiologique du Chikungunya au Burkina Faso ?

Il faut dire qu’à ce jour, on a enregistré 92 cas confirmés grâce au renforcement du système de surveillance. Sur ces 92 cas, il y a 89 cas confirmés à Pouytenga et deux cas à Ouagadougou et un cas à Bobo-Dioulasso.

Qu’est ce qui est fait au niveau de la surveillance épidémiologique pour contenir la maladie ?

Il faut dire qu’il y a des mesures qui sont prises notamment pour renforcer la surveillance pour que les cas n’échappent pas, pour pouvoir détecter les cas. Et lorsque ces cas sont détectés, qu’ils soient correctement pris en charge dans les formations sanitaires. Il y a également des actions qui sont entreprises pour assainir le cadre de vie des populations et des mesures de communication préventive pour donner les vrais messages aux populations pour qu’elles puissent adopter des comportements favorables à la prévention de la maladie.

Quelles précautions prendre pour éviter le Chikungunya ?

C’est un moustique qui est le vecteur principal de cette maladie. Ce sont des moustiques qui piquent au cours de la journée, notamment dans la soirée et au petit matin, donc c’est de prendre des dispositions comme porter des vêtements longs qui couvrent le corps, utiliser des répulsifs pour éviter d’être piqué et assainir son cadre de vie en détruisant les gites larvaires. Eviter les dépôts d’eau dans les ustensiles au sein des concessions pour qu’ils ne soient pas des lieux de prolifération des moustiques.

Y a-t-il des examens à faire sur place dans les formations sanitaires pour détecter le Chikungunya ?

Comme je l’ai dit ce sont des symptômes confondus à plusieurs maladies. Les agents de santé sont suffisamment formés pour assurer la prise en charge des symptômes développés par le patient et des prélèvements sont effectués pour que des analyses plus poussées. Mais la prise en charge n’attend pas les résultats des analyses. La prise en charge démarre dès lors que le praticien soupçonne qu’il s’agit d’un cas de chikungunya.

La prise en charge est donc symptomatique comme dans le cas de la dengue ?

Tout à fait, la prise en charge est symptomatique. On prend en charge les symptômes cliniques présentés par la personne et aussi on prend un certain nombre de précautions comme la non-utilisation d’anti-inflammatoires non stéroïdiens, car ils peuvent aggraver les risques de saignement. C’est pourquoi on conseille à la population de ne pas s’adonner à l’automédication en prenant systématiquement un certain nombre de médicaments parce que nous avons mal. Il faut toujours se rendre dans une formation sanitaire et les acteurs formés à cet effet vont essayer de faire la part des choses et voir quels sont les médicaments qui sont contre-indiqués et assurer une prise en charge correcte.

Est-ce la première fois qu’on a des cas de Chikungunya au Burkina Faso ?

Oui, c’est la première fois que nous avons notifié des cas de Chikungunya dans notre pays. Cela est dû au renforcement de notre détection des maladies notamment le laboratoire national de référence des fièvres hémorragiques virales à Bobo-Dioulasso et le service de surveillance épidémiologique qui ont essayé de renforcer la détection d’un certain nombre de maladies.

Un appel à lancer à la population ?

Je voudrai rassurer les populations que les acteurs au niveau des formations sanitaires sont suffisamment aguerris pour assurer la prise en charge et fort heureusement, parmi les 92 cas confirmés, il n’y a pas eu de décès. Il n’y a pas lieu de paniquer, il faut consulter lorsqu’on présente des symptômes pour bénéficier d’une prise en charge adéquate.

Entretien réalisé par Justine Bonkoungou
Photo et vidéo : Auguste L. Paré
Lefaso.net

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