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Affaire Dima de Ouargaye : Les prévenus condamnés à douze mois de prison dont six ferme et une amende de 1 million FCFA

Publié le mardi 12 septembre 2023 à 22h45min

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Affaire Dima de Ouargaye : Les prévenus condamnés à douze mois de prison dont six ferme et une amende de 1 million FCFA

"L’auteur de la fake news qui me fait le complice des terroristes doit savoir qu’il aura le temps de le prouver devant les instances compétentes." Tels étaient les propos du dima de Ouargaye, Naba Sanem, en réaction aux accusations faites contre sa personne. Ce mardi 12 septembre 2023, les accusés Evance Nikiéma et Moumouni Sinaré, poursuivis pour diffamation et mise en danger de la vie d’autrui, ont été entendus par la justice. Cette dernière les a condamnés à une peine d’emprisonnement de douze mois dont six mois de sursis, une amende de 1 million fcfa ferme, et un franc symbolique à payer à la victime.

Des explications fournies par les prévenus, les faits remontent à juin 2023 plus précisément à la date du 12. Grosso modo, Evance Nikiéma recevait ce jour un message relatif au chef de Ouargaye, qui serait de mèche avec les terroristes. Choqué par le contenu du message, celui-ci le transfèrera à Moumouni Sinaré qui, à son tour, le balancera dans un groupe whatsApp dénommé "Coalition Burkina-Russie." C’est de ce groupe que l’information se répandra comme une traînée de poudre pour atteindre les proportions que l’on connait, ce qui a d’ailleurs conduit au procès de ce jour. Pour ce qui est des faits qui leur sont reprochés, les prévenus les ont tous reconnus.

Selon Naba Sanem, le préjudice qu’il a subi depuis l’avènement de cet incident est grand. De ses dires, tout son entourage a été choqué et jusqu’à présent, la douleur est encore profonde. Toutefois, dit-il, "je suis un roi. Et l’une des qualités d’un roi, c’est le pardon". "Quand j’ai été appelé à cette fonction, j’ai prêté serment. Et prêter serment veut dire que j’ai juré de défendre les intérêts des populations de Ouargaye et je suis tenu de diriger les habitants avec honneur. Ce que ces hommes ont fait ne m’ont pas du tout plu. Ce sont des actes à ne pas commettre. J’ai été sérieusement blessé. Ma famille a été touchée. Et en tant que chef, je peux vous dire que mon peuple est malade. Ils peuvent d’ailleurs le témoigner vu qu’ils sont là (puis s’exprimant en mooré pour leur dire de se signaler, plus de la moitié de la salle se mit debout pendant quelques secondes avant de se rasseoir). Nous avons été blessés. Mais quand je regarde ces jeunes, ce sont mes enfants. Ce sont des pères de familles eux aussi. Ils ont un avenir devant eux. C’est la première fois que je les vois. J’apprends même aujourd’hui que l’un d’ eux est enseignant. Tout ce que je peux dire c’est qu’on a assez parlé de cette affaire. M. le président, pardonnez-leur car ils ne savent pas ce qu’ils font (applaudissements dans la salle, alors que ce geste est interdit)" demandera t-il au tribunal.

Selon le procureur, l’infraction commise par les prévenus est extrêmement grave. Pour lui, la spécificité du Droit pénal c’est qu’il doit permettre de dissuader tous ceux qui seraient tentés par la même aventure. Aussi, les affaires qui tendent à porter atteinte à la vie des autorités coutumières sont légions car, hier encore, c’était l’intégrité du Mogho Naba qui était mise en cause. De ses dires, c’en est de trop et il faut faire de ce procès un exemple qui servira de leçon aux autres. "Pour ce qui est de nos réquisitions , nous demandons à votre tribunal de les sanctionner à 1 an de prison dont six mois ferme, avec une amende de deux millions ferme" a-t-il requis.

Pour Me Kanyili, conseil des deux prévenus, la loi donne la possibilité en l’espèce au juge, de prononcer un sursis au cas où le prévenu comparaîtrait pour la première fois devant le tribunal. Ce qui est le cas pour ses clients. Mais au delà de tout, elle dit avoir été saisie par les propos du chef. Et à sa suite, elle implore la clémence du tribunal. "En lisant la plainte de M. Zombré, il disait que beaucoup de gens lui en veulent. Beaucoup veulent son poste (de chef). Les deux prévenus ne sont pas de Ouargaye. S’ils étaient de ce village on aurait pu dire qu’ils convoitent le fauteuil du chef. Mais ce n’est pas le cas. Je l’ai bien écouté et j’ai été émue par les propos qu’il a tenus. Il a dit une phrase qui m’a profondément touchée : "Pardonnez leur car ils ne savent pas ce qu’ils font". M. le président, je ne le connais pas, mais c’est un vrai chef ! C’est un vrai chef ! Parce que pour avoir le courage de pardonner après ce qu’il a subi, il faut avoir un coeur de père. C’est ce cœur là qu’il a. Et c’est sur la base de ces propos là que je vous demande de pardonner mes clients. M. le président, regardez comme la salle est pleine ! La victime elle même a demandé de les pardonner et elle est accompagnée par toute sa communauté. Si vous leur pardonnez cet acte, les gens ne vous tiendront pas rigueur prétexte pris de la gravité des propos qui ont été tenus. Mais ils retiendront que leur leader, le chef lui-même a demandé de pardonner et ne veut plus qu’on en parle" a t-elle plaidé.

Après une suspension d’une trentaine de minutes, le tribunal a reconnu les deux présumés coupables des faits qui leur sont reprochés. Pour ce qui est de la peine, ils écoperont de douze mois dont six ferme, une amende de 1 million fcfa ferme, et un franc symbolique à payer à la victime.

Erwan Compaoré
Lefaso.net

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