La population de Sebba connait une situation alimentaire difficile, le marché ne fonctionne plus, les vivres se font rares et pour le peu disponible, l’on manque de légumes pour la cuisson. L’évaluation multisectorielle menée par OCHA dans la localité en août 2022 avait révélé que « la plupart des ménages n’arrivent plus à assurer un repas par jour, d’autres restent plusieurs jours sans manger, les enfants manifestent déjà des signes liés à la sous-alimentation ».

Des recommandations issues de cette mission d’évaluation multisectorielle, une médiation conduite par A2N et la Croix Rouge Burkinabè a permis de négocier un espace pour permettre aux bénéficiaires de faire du maraichage destiné aussi bien à l’autoconsommation qu’à la vente.

Pour une bonne mise en œuvre de l’activité, la Croix Rouge a organisé, au mois de novembre 2022, une formation au profit des bénéficiaires sur les techniques de production maraichère. Au total 75 personnes ont été formées. Ils ont par la suite reçu des semences et de l’argent cash afin de mieux démarrer leur activité. Cette initiative du projet RECOSA semble être bien accueillie par les Sebbalais. C’est ce que nous avons pu constater, le 1er mars 2023, lors d’une sortie effectuée à Sebba. Dans un espace aménagé et clôturé près d’un forage, les hommes et les femmes, jeunes et vieux s’activent, avec un objectif commun : nourrir les plants dans l’espoir de se garantir des légumes.

Aujourd’hui, avoir un jardin de case chez soi, à Sebba est une mode. L’initiative a pris de l’ampleur. Chaque ménage veut avoir un jardin de case car c’est le seul moyen de s’offrir des légumes. L’importance des jardins n’est plus à démontrer.

« Cette crise sécuritaire est à l’origine de notre souffrance. Ils ont cessé d’amener la nourriture et les moyens de transport ne viennent plus. Toute personne qui tente d’aller en brousse à la recherche de quoi se nourrir, est frappée. On ne peut plus aller au marché encore moins dans les villages voisins. Tu ne pars nulle part, toujours dans ta chambre ou sous ton hangar. Nous souffrons de la faim avec nos enfants. Suite à cela, on nous a proposé de faire les jardins dans les concessions. Tous ceux qui ne l’ont pas fait ont beaucoup souffert avant l’arrivée de la nourriture tout récemment. On ne se nourrissait que des jujubes. Cela ne rassasie pas et beaucoup de personnes sont mortes à cause de ça. Le jardin est très important. Depuis qu’on a commencé ces jardins, on ne s’est pas mal nourris. On prépare nos feuilles avec la pâte d’arachide, on mange et on distribue à nos différents voisins. Récemment j’ai enlevé cinq feuilles que j’ai données à quelqu’un. Le jardin est très important. J’ai travaillé cette année, et l’année prochaine je compte faire plus que ça. Notre problème c’est l’eau, il nous manque de l’eau, les pesticides, les produits maraîchers, les arrosoirs. On n’a rien mais on se débrouille, d’autres même percent des boîtes qu’ils utilisent comme des arrosoirs. » indique F.H, bénéficiaire d’un jardin de case Sebba. Il faut noter que les bénéficiaires sont appuyés par un coach endogène qui les aide à prendre soin des jardins.