« Les policiers à l’épreuve des risques psychosociaux dans le contexte du terrorisme ». C’est sous ce thème que s’est tenu le panel au profit des policiers. Cette conférence avait trois objectifs bien définis : sensibiliser les participants aux risques psychosociaux auxquels ils sont confrontés dans le cadre de leurs exercices, donner des conseils pratiques et montrer l’importance de la prévention et de la gestion des risques psychosociaux dans le milieu policier dont la fonction sociale est de veiller à la protection des personnes et des biens.

Le conférencier Henri Joël Soubeiga, commissaire de police, psychologue clinicien et psychopathologue

Pendant plus de deux heures, les participants ont suivi avec intérêt la communication donnée par Henri Joël Soubeiga, commissaire de police, psychologue clinicien et psychopathologue. Dans son exposé, il a défini les risques psychosociaux comme des situations liées au travail qui ont des conséquences délétères sur la santé mentale ou physique de l’individu. A l’en croire, les policiers sont confrontés à deux catégories de risques. D’abord, les risques associés à l’organisation du travail dans un contexte d’insécurité, notamment la planification du travail, la surcharge du travail, le manque de clarté, le mode de management et le déficit de communication interne. Ensuite, il y a les risques qui sont inhérents à la nature du travail.

Vue des participants

A ce sujet, le conférencier a démontré que l’exposition à un évènement traumatogène entraîne parfois de grands bouleversements émotionnels en raison de sa durée, son ampleur, son intensité émotive ainsi que l’apparition de certains symptômes. Cela peut se matérialiser par un trouble de stress aigu et un trouble de stress post-traumatique comme les insomnies, les cauchemars, l’évitement, l’irritation, la colère, l’agressivité, l’isolement, la perte de loisirs, l’absentéisme ou présentéisme au travail, mais aussi la baisse de la satisfaction. Toutefois, pour la majorité des policiers, les conséquences sont passagères et se dissipent au fil du temps, sans laisser forcément de séquelles. Pour les autres, l’événement traumatisant a pour effet de bouleverser le cours de leur vie de façon radicale. Pour y faire face, le communicateur a prodigué des conseils pratiques aux policiers qui sont sujets à ces traumatismes. « Il ne faut pas refouler ses sentiments, parlez-en à des personnes de confiance. Également, il faut veiller à se détendre, soignez votre sommeil et votre hygiène de vie, pratiquez une activité physique », a-t-il préconisé. Il proscrit, en outre, la pratique de l’automédication. Au-delà des conseils à prendre soi-même, la hiérarchie a aussi un rôle essentiel à jouer.

Le parrain a salué l’initiative

Les conseils donnés par le conférencier portent principalement sur la mise en place d’un dispositif de prise en charge afin de permettre aux policiers de surmonter leurs souffrances ; assurer une formation continue sur les signes avant-coureurs et les moyens d’intervention ; encourager les activités de bien-être dans les administrations. Dans la foulée, il a abordé les mesures préventives. Ces mesures de prévention reposent sur quatre principes de base. Il s’agit de fournir aux policiers des formations régulières sur la gestion du stress, des techniques de relaxation et des stratégies pour développer leur résilience face aux situations difficiles ; mettre en place un programme d’aide psychologique confidentiel et accessible aux policiers afin qu’ils puissent parler de leurs problèmes sans crainte de stigmatisation ainsi que des protocoles pour gérer les situations traumatisantes auxquelles les policiers sont confrontés.

Le public a également participé aux échanges par diverses contributions. A l’issue de la rencontre, le parrain a exprimé sa satisfaction d’y avoir participé. « Nous avons beaucoup appris du commissaire Soubeiga. Nous encourageons la Police nationale à préserver dans la formation des cadres à même de prendre en charge des policiers qui étaient au front », ajoute Ibrahim Saba. Pour la réussite de cette édition 2023, la direction générale de La poste Burkina Faso a laissé parler son cœur à travers la remise de dons et de livrets d’épargne au profit des orphelins des forces combattantes tombées pour la défense de la patrie.

Pour le coordonnateur des policiers de la promotion 2001-2003, le pari de l’édition 2023 a été relevé.

Pour rappel, cette initiative a vu le jour en 2012 avec la première promotion des officiers de police. « Depuis lors, nous avons toujours organisé des activités. A l’interne, nous faisons des cotisations en permanence pour aider nos promotionnaires qui sont dans le besoin. Maintenant que nous avons 20 ans de service, nous avons décidé de marquer d’une pierre blanche cet anniversaire, malgré la situation sécuritaire peu reluisante du Burkina Faso, pour dresser un bilan. De ce bilan, nous nous sommes rendu compte que nous avons perdu 28 personnes. Ces dernières ont laissé des épouses inconsolables et 61 orphelins. Sensibles à cette situation, nous avons jugé bon d’axer notre fête sur le social. C’est dans ce sens que nous avons offert dix tonnes et demie de vivres à ces veuves et orphelins. Contexte sécuritaire oblige, nous avons aussi organisé ce panel autour d’un thème d’actualité », a expliqué le lieutenant de police Paul Sawadogo, coordonnateur des policiers de la promotion 2001-2003.

Il a saisi cette occasion pour saluer les participants venus des provinces, et remercier la hiérarchie ainsi que le parrain pour leurs appuis constants.

Aïssata Laure G. Sidibé
Lefaso.net