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Cheick Aboubacar Doukouré : << Les doa avant ou après le pélérinage ne sont pas obligatoires>>

Publié le vendredi 30 janvier 2004 à 06h58min

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Cheick et Khalife général de la Tidjania, le DR Aboubakar Doukouré est actuellement Iman de Hamdallaye. Sidwaya a rencontré ce grand érudit pour parler du pélérinage et de certaines pratiques qui se greffent à ce 5e pilier de l’Islam.

Sidwaya : Quel est l’importance et le sens du pèlerinage dans l’islam ?

Dr Cheick Aboubacar Doukouré : Le pèlerinage est très important. C’est le 5e pilier de l’islam. Les autres piliers étant la chahada ou profession de foi en un dieu unique avec le prophète Mohamed comme son messager, la prière, la Zakat (l’aumône) et le jeûne du ramadan. Le pèlerinage est obligatoire une fois dans la vie si on en a les moyens. C’est à dire si on a les moyens financiers et les moyens physiques (être en bonne santé et jouir de ses facultés mentales). Il faut réunir toutes ces conditions pour que le pèlerinage soit obligatoire. Malheureusement beaucoup de musulmans ne respectent pas ces conditions. Chacun veut devenir El Hadj coûte que coûte même s’il n’a pas les moyens. On a vu des gens vendre leur cour pour faire le pèlerinage en laissant leur famille dans des conditions difficiles. Certains coutractent des prêts tandis que d’autres harcèlent des parents et des amis pour qu’ils les inscrivent pour le pèlerinage. Tout cela n’est pas recommandé et si on ne respecte pas les conditions, on risque de perdre le bénéfice du pèlerinage.

S : Peut-on faire le pèlerinage au nom et à la place d’une autre personne ?

Dr CAD : On peut effectivement faire le pèlerinage au nom d’une autre personne mais à condition qu’on ait déjà fait le pèlerinage pour soi même.

S : Quel est le sens des cérémonies de doa que les gens organisent avant leur départ et au retour du pèlerinage ?

Dr CAD : Le doa que les gens font avant d’aller en pélérinage ou à leur retour n’est pas obligatoire. Quand nous étions enfants, cela n’existait pas. Ce sont ces dernières années que les gens ont commencé à organiser ces cérémonies et ont fini par se l’imposer comme une obligation. Ce qui fait que maintenant cela est devenu pratiquement une obligation d’aller au village pour faire un doa. On a vu des gens qui résident à Ouagadougou avec leur famille et qui n’avaient jamais été au village, se croire obligés de faire un doa dans leur village. Certains prennent des prêts ou sollicitent l’aide de parents ou d’amis pour organiser ces cérémonies de manière pompeuse. Pour certains, c’est un honneur d’aligner plusieurs voitures pour aller faire un doa au village. Ces pratiques n’ont rien à voir avec le pèlerinage et les gens doivent les abandonner. On sait comment les gens souffrent pour organiser ces doa.

S : Est-ce vrai que quand la tabaski tombe sur un vendredi, cela porte malheur aux responsables religieux ?

Dr CAD : On entend effectivement dire que quand la fête tombe sur un vendredi, cela porte malheurs aux chef religieux et aux chefs en général, c’est à dire les décideurs, les chefs coutumiers ou les autorités politiques. Mais tout ça n’est pas fondé. Ce sont des superstitions qui n’ont rien à voir avec l’islam. La réalité dément ces croyances car on a déjà fêté plusieurs fois la fête un vendredi et on n’a pas enregistré des malheurs comme les gens le prétendent. Bien au contraire. Il existent des textes qui disent que quand le rite d’Arafat tombe sur un vendredi, cela est avantageux.

Propos recueillis par H. NANA et
S. TARBAGDO
Sidwaya

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