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Journalisme mobile au Burkina : La pratique séduit de plus en plus des journalistes télé

Publié le dimanche 4 juin 2023 à 22h50min

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Journalisme mobile au Burkina : La pratique séduit de plus en plus des journalistes télé

Le journalisme mobile fait son petit bonhomme de chemin depuis quelques années au Burkina Faso. Comme le disent les voisins de l’autre côté de la lagune Ebrié, « il va tous les coloniser ». Il n’est pas question d’asservissement, mais de séduction. Oui, le Mobile journalism (Mojo) séduit de plus en plus les sceptiques qui n’imaginaient pas qu’un smartphone pouvait être un outil de reportage. Au rang de ces « Saint Thomas », il faut compter les journalistes reporters d’images de nos chaînes de télé privées, qui ont décidé de se réveiller. Et c’est tant mieux !

Pour faire simple, le journalisme mobile ou Mobile journalism (MoJo) est une pratique qui consiste à collecter, traiter et diffuser de l’information (texte, image, son, vidéo) à partir ou avec son smartphone. Cette pratique a déjà conquis la plupart des médias en ligne burkinabè qui, il faut l’avouer, ont trouvé l’alternative idéale pour équiper leurs journalistes en smartphones, plutôt que de dépenser une petite fortune pour acquérir des appareils photos.

Si le journalisme mobile a le vent en poupe, c’est en partie grâce à ces formateurs formés par des structures telles que le Réseau d’initiatives de journalisme, la Deutsche Welle Akademie ou encore Canal France international. C’est aussi grâce à tous ces journalistes qui mettent en pratique au quotidien ce savoir acquis, en produisant des vidéos de belle facture qui n’ont parfois rien à envier à celles faites par les chaînes de télé.

Au rang des personnes qui commencent à être séduites par les possibilités qu’offrent ces « couteaux suisses » que sont les smartphones dans la production de contenus, il y a de plus en plus les Journalistes reporters d’images (JRI) de nos télés. Il était temps. L’ouverture vers de nouveaux horizons est un pas de plus vers le professionnalisme. Les journalistes télé s’intéressent davantage aux formations dispensées par leurs confrères de la presse en ligne ou de la presse écrite. Ils ont soif de savoir. Ils savent que les smartphones ne viennent pas remplacer les caméscopes de poing ou les caméras réflex et hybrides. Ils viennent plutôt en complément, comme c’est déjà le cas dans certaines rédactions en Europe qui ont équipé leurs journalistes avec des smartphones et accessoires de qualité.

Il existe une application qui a été développée spécialement pour les journalistes mobiles qui font de la télé. Il s’agit de City Producer qui permet de filmer en haute définition à 25 ou 30 images par seconde et de monter la vidéo directement sur son smartphone ou de l’exporter vers Final Cut X ou Adobe Premiere Pro, via un accessoire. Elle permet au journaliste de gagner du temps, de retour d’un reportage.

Même si le smartphone fait des merveilles, il reste limité par la distance et la faible luminosité. Eh oui ! Il est déconseillé de zoomer lorsqu’on filme avec son smartphone. Faites-le et vous perdrez des pixels, donc de la qualité. Tous les formateurs en Mojo recommandent toujours de filmer en zoomant avec les pieds, c’est-à-dire de s’approcher du sujet ou de l’objet filmé. En cas de couverture médiatique où les journalistes doivent se tenir à carreau loin de la tribune des officiels, le smartphone fera difficilement l’affaire. Il existe certes des téléobjectifs pour smartphones, mais attention aux déformations sur les bords des images. A vous de voir.

La deuxième limite, c’est l’insuffisance de lumière. Que ce soit en photo ou en vidéo, la lumière est primordiale pour qui veut surtout faire des prises de vue la nuit. La plupart des smartphones n’embarquent pas des caméras avec une grande ouverture ou une sensibilité ISO capables de filmer de nuit. Seuls les téléphones de la gamme des Google pixels, les Samsung et les iPhones sortent du lot. Et pour éviter du grain sur les vidéos, l’utilisation d’une lampe externe (surtout n’utilisez pas le flash de votre téléphone) sera indispensable. Attention à ne pas vous surcharger, au risque de ne plus être mobile et réactif avec du matériel lourd.

Toutes ces limites ne doivent pas freiner les JRI à se lancer dans le journalisme mobile. Il est important de souligner que l’intérêt pour le MoJo est manifesté pour l’instant par les journalistes eux-mêmes plutôt que par les télévisions. Certaines sont réticentes et allergiques aux idées nouvelles ou au changement. Difficile de bouleverser des habitudes ou pratiques qui marchent assez bien. L’inconnu fait peur, certes, mais il ne faudrait pas hésiter à se jeter à l’eau. Qui ne risque rien n’a rien, nous enseigne l’adage. Alors, mesdames et messieurs, à vos smartphones !

Fredo Bassolé
Lefaso.net

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