La pandémie de Covid-19 est venue mettre en exergue la nécessité pour les universités de développer l’enseignement à distance (E-learning). Or, si de nombreux pays africains ont adopté le E-learning, il n’en demeure pas moins que des difficultés entravent la mise en œuvre efficace de cette nouvelle façon d’enseigner.

Une trentaine d’enseignants prend part à cette rencontre « communauté de pratiques ».

La difficulté majeure demeure la disponibilité d’infrastructures informatiques adéquates et de services avancés pour permettre l’accès aux ressources pour faciliter les processus d’apprentissage et les évaluations. Partant de ce constat, l’Union européenne a délégué des fonds à l’Agence française de développement pour la mise en œuvre de dix projets dans les pays d’Afrique, des Caraïbes et Pacifique. Ainsi est né le projet Africa Digital Campus (ADC), qui est un projet axé sur l’enseignement à distance et la connectivité. D’une durée de deux ans, ce projet vise à permettre l’accès des étudiants d’universités d’Afrique de l’Ouest et du Centre dont l’Université virtuelle du Burkina Faso, à une offre de formation en ligne de qualité et renforcer les usages de la formation en ligne à une échelle locale.

Pr Jean Marie Dipama, président de l’Université virtuelle du Burkina Faso

Pour ce faire, le projet a entrepris de renforcer les capacités des enseignants sur le E-learning. Ainsi 70 enseignants de l’université virtuelle du Burkina Faso sont impliqués dans le projet ADC et sont engagés dans la production de modules de formation en ligne pour enrichir les parcours de formation proposés par cette université en Licence et en Master. Dans le cadre du projet, les enseignants ont bénéficié d’une série de formations sur la scénarisation, la conception, l’implémentation de cours et sur l’évaluation des apprentissages. « Les enseignants ont été formés sur comment faire un enseignement à distance, comment structurer un cours destiné à être délivré à distance, comment scénarisé un cours et comment l’implémenter sur la plateforme pour pouvoir assurer l’appropriation par les étudiants », explique Pr Jean Marie Dipama, président de l’université virtuelle du Burkina Faso. Il précise qu’en ce qui concerne son institution, ce sont 117 cours qui ont été travaillés pour être mis aux normes internationales. « Ce qui veut dire que ce projet ADC a une plus-value pour l’université virtuelle parce que nous aurons des cours de standard international qui vont être implémentés sur la plateforme et accessibles aux apprenants », a laissé entendre Pr Dipama.

Modou Diouf explique que la communauté de pratiques permet aux enseignants de partager leurs expériences sur le E-learning

Après donc la série de formations, les enseignants sont réunis ce 1er mars afin de mettre sur pied une communauté de pratiques sur le E-learning. Selon Modou Diouf, coordonnateur du volet E-learning et responsable principal de projet à la direction régionale Afrique de l’Ouest de l’Agence universitaire de la francophonie, « Cette communauté de pratiques vise à former des enseignants pour qu’ils puissent travailler ensemble et que ceux qui ont plus de compétences puissent aider les autres et qu’ils regardent quels sont les défis auxquels ils sont confrontés vis-à-vis du E-learning afin de déployer une feuille de route pour améliorer le système d’enseignement en ligne ».

A terme, il s’agit à travers cette communauté de pratiques, de professionnaliser le E-learning comme l’explique Didier Ango, ingénieur technologie et multimédia, docteur en didactique et science de l’ingénieur. « La communauté de pratiques, c’est un espace de partage d’expérience où des collègues qui ont beaucoup d’expérience dans le domaine du E-learning accompagnent les autres collègues qui n’en ont pas, pour assurer la professionnalisation ». Une initiative appréciée à sa juste valeur par les enseignants.

Photo de famille

Korotimi Sanou enseignante au département de géographie de l’université Norbert Zongo et à l’université virtuelle salue la tenue de cette rencontre de mise en place de la communauté de pratiques, qui va de son point de vue permettre d’enrichir davantage les modules dispensés aux apprenants. « Quoi qu’on dise les pratiques ne sont plus les mêmes et le Covid-19 nous a révélé qu’il faut travailler à se détacher des cours en présentiel. La formation dans le cadre du projet ADC est vraiment la bienvenue parce qu’elle vient renforcer davantage nos capacités. Et la communauté de pratiques va nous permettre en tant que formateurs, de nous mettre ensemble, de partager nos expériences et aider les autres à mieux s’outiller pour enrichir davantage les modules que nous dispensons à nos apprenants », a-t-elle laissé entendre.

La communauté de pratiques qui sera mise sur pied à l’issue de la rencontre, va soutenir le déploiement de l’enseignement à distance au Burkina Faso et au-delà.

Justine Bonkoungou
Lefaso.net