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Moïse Sanon, délégué du Niger des Burkinabè de l’étranger : “Nous vivons en grande symbiose avec les Nigériens”

Publié le samedi 14 janvier 2006 à 10h07min

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Moïse Sanon

En marge du Sommet de l’Union économique et monétaire Ouest africaine (UEMOA), tenu le 23 décembre 2005 à Niamey, Sidwaya a rencontré M. Moïse Sanon, délégué du Conseil supérieur des Burkinabè de l’étranger (délégué du Niger). Il nous fait la génèse de l’association des ressortissants burkinabè résidant au Niger.

Outre les relations entre Burkinabè vivant dans ce pays, M. Sanon nous parle des relations que l’association entretient avec les autorités nigériennes.

Sidwaya (S.) : Comment les Burkinabè sont-ils organisés au Niger ?

Moïse Sanon (M.S.) : L’association des Burkinabé résidant au Niger existe depuis 1964. Mais à cette époque, c’était d’une façon informelle car, les affaires se réglaient traditionnellement selon les us et coutumes de notre pays. Il n’y avait pas un document auprès des autorités nigériennes qui formalisait l’existence de l’association. Les membres tranchaient les différends qui survenaient entre eux, en s’appuyant sur les coutumes pour régler telle ou telle question.

C’est finalement depuis septembre 1980 que nous avons décidé de créer une association de type moderne en introduisant en bonne et due forme un dossier auprès de l’administration nigérienne. Cette dernière a donné une réponse positive autorisant les Burkinabè à se regrouper en association. Cette reconnaissance officielle a donné lieu à la rédaction de statuts qui ont été soumis à l’Etat nigérien qui les a ensuite acceptés. Le règlement intérieur a aussi été rédigé et permet désormais aux membres de l’association de s’organiser et éventuellement réglementer les activités et la conduite à tenir. Depuis lors, l’association des ressortissants burkinabé résidant au Niger marche bien.

S. : A combien estime-t-on le nombre des Burkinabè résidant actuellement au Niger ?

M.S. : En 1987 - 1988, un recensement a été effectué et on dénombrait plus de 370 000 Burkinabè vivant au Niger. Depuis lors, nous n’avons pas pu faire un recensement. Aujourd’hui, il sera très difficile de vous donner un chiffre exact.

Il faut peut-être ajouter à l’ancien nombre, entre 48 et 52%. Même avec les nouvelles arrivées depuis 17 ans, ce chiffre n’a pas doublé. On estime actuellement les Burkinabé vivant au Niger à environ 500 000 personnes

S. : Qu’est-ce que vous faites concrètement en tant qu’association ?

M.S. : Notre association n’est pas une entreprise, ce n’est un pas établissement non plus. Son objectif principal est de permettre à tous les Burkinabè qui vivent ici, d’avoir un repère et de pouvoir se regrouper. Quand nous avons un problème, qu’on puisse se réunir et le régler. Evidemment, cela permet aussi à nos compatriotes qui viennent du Burkina d’avoir un repère. C’est un peu le but de l’association.

Dans cette association, chaque membre a une activité professionnelle qui lui permet de se nourrir, de prendre en charge sa famille, de participer aux activités de l’association, sinon ce n’est pas la peine d’aller à l’étranger. Donc, nous sommes tous des travailleurs, et l’association, c’est un autre esprit.

S. : Dans quel domaine les Burkinabè excellent-ils généralement ici ?

S.M.  : Moi par exemple, j’ai un établissement qui opère dans le transit et les déménagements internationaux. Nous faisons par ailleurs le transfert de certains biens que les clients nous demandent. Notre président actuel est commerçant. Il a sa boutique au grand marché. Le vice-président est entrepreneur comme moi. Tous les autres Burkinabè qui vivent ici sont soit des jardiniers, des cuisiniers, soit des gardiens, des cultivateurs...

S . : Est-ce que vous arrivez (membres de l’association) à envoyer, à rapatrier des fonds au Burkina ?

S.M. : C’est difficile pour moi de me prononcer sur cette question, car il n’est pas facile d’approcher les moyens de tout un chacun. C’est suffisamment privé et chacun évolue comme il peut.

Je crois que les uns et les autres tentent même si ce n’est pas de façon régulière, d’envoyer des subsides aux parents restés au pays. Ces fonds sont généralement destinés à la construction de bâtiment ou à aider à payer des scolarités des enfants ou encore à monter des projets à long terme.

S. : N’avez-vous pas une idée du montant des sommes d’argent que les ressortissants d’ici envoient chaque année au Burkina ?

S.M.  : je vous le répète, c’est très difficile. Vraiment, pour répondre définitivement à votre question, je vous dirais que moi par exemple, je vais régulièrement au Burkina, à Ouagadougou et à Bobo-Dioulasso. Mais je ne peux pas vous dire que quand j’y vais, j’emmène des millions de F CFA. Peut-être, j’ai juste de quoi pour mon séjour, de quoi faire des cadeaux à mes parents...

S. : Est-ce que vous avez des difficultés particulières ici avec les autorités nigériennes ?

S.M.  : Non, je vous le dis très franchement. Ce n’est pas par peur et je vous le dis d’une façon sincère. Nous n’avons vraiment pas de problème. Nous avons toujours eu de bonnes réponses aux problèmes que nous posons aux responsables nigériens. On a évoqué à un moment d’instituer des permis de séjour, des cartes de séjour pour les étrangers. J’ai toujours dit à mes compatriotes que je trouve cela très normal. Chaque pays a le droit d’instituer une organisation propre qui peut le protéger. Le Burkina peut faire quelque chose de ce genre, personne n’a le droit de se plaindre. Si ça vous convient, vous vous installez et si vous n’êtes pas d’accord, vous ne venez pas. C’est dans cet esprit qu’il faut comprendre l’organisation au niveau du Niger avec l’institution d’une carte de séjour. Personnellement, je ne trouve pas d’inconvénient à ce document, parce que ça ne nous fatigue pas.

S. : Cette carte de séjour coûte combien exactement ?

S.M.  : Bon euh, un minimum de 33 000 à 35 000 F CFA toutes taxes confondues, tous les deux ans. Vous la prenez, et chaque deux ans, vous la renouvelez pour 5 000 F CFA de timbre. Nous n’avons vraiment pas de problème au Niger, nous vivons en grande symbiose avec les Nigériens.

Entretien réalisé par Issa SOMA à Niamey
Sidwaya

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