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Rapatriés de Côte d’Ivoire : Une « sale affaire » d’escroquerie ?

Publié le vendredi 6 janvier 2006 à 04h31min

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La présidente de l’association Teeg-taaba des femmes pour la
survie des rapatriés de Côte d’Ivoire, Sabine Nana, jure, la main
sur le cœur, qu’on ne l’y prendra plus. Elle est en colère contre
des individus, une Blanche et un Noir, qui sont, dit-elle, en train
de s’enrichir sur le dos des pauvres. Ils sont venus un matin de
l’année 2003, « ont filmé des scènes de misère, pris un tas de
photos, puis sont partis ».

Avec, au préalable, une ferme
promesse : « Grâce à ces images, nous allons collecter des
fonds en Europe pour vous ». Ils ont été clairs : « Pour avoir des
appuis financiers et matériels, il faut absolument qu’on ait des
photos. Il faut que les gens, là-bas, sachent comment vous vous
débattez pour survivre », auraient-ils déclaré aux femmes
rapatriées.

Ce jour-là, raconte Sabine Nana, « ils ont remis à
l’association douze verres correcteurs et 20 euros ». Gage de
sincérité ? L’espoir s’est plutôt défait à vive allure. En tout cas,
aujourd’hui, les 400 membres de l’association Teeg-taaba
déchantent. Ils croient mordicus que les « bons samaritains »
étaient plutôt animés de « mauvaise foi ». La preuve ? « Ils sont
revenus d’Europe, ont outrepassé le Conseil national de
secours d’urgence et de réhabilitation (CONASUR) qui était
pourtant notre intermédiaire », se désole un groupe de femmes
rapatriées. « Ils nous ont dit que pour mieux mobiliser les fonds,
ils ont créé une fondation. Et que, pour le moment, ils n’ont pu
mobiliser que 1000 euros.

En plus, ils ont acheté du matériel
maraîcher et 15 machines à coudre. Ils nous ont dit que tout
cela nous sera remis très bientôt », raconte Sabine Nana. « Mais
jusqu’à présent, rien ». Et comme pour calmer la tension de plus
en plus vive du côté des rapatriées, les « bons samaritains », en
Père Noël, organisent, le 23 décembre 2005, une fête en faveur
d’enfants démunis. Essentiellement ceux des femmes
rapatriées. Ils distribuent des « bonbons, des sifflets et des
compas pour écoliers », témoigne une vieille femme. Mais
l’atmosphère n’est pas pour autant décrispée.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) avait offert 32 tonnes
de vivres à l’association Teeg-taaba. Les rapatriés avaient
besoin d’un magasin pour les stocker. Il leur fallait « environ 500
euros pour s’acheter un bon local ». Une rapatriée suggère alors
de frapper à la porte de la « fondation ». Mésentente. La tension
monte d’un cran. Le 31 décembre, l’association convoque ses
« samaritains » à la gendarmerie de Bogodogo. Près de trois
heures de confrontation. Mais la pomme de discorde demeure.

La Ligue pour la défense de la justice et la liberté (LIDEJEL)
entre en scène. Une rencontre est envisagée avec le CONASUR
et les services de l’Action sociale. Où sont passés les 1000
euros et les machines à coudre ? La « fondation » a-t-elle
mobilisé d’autres fonds ? A quoi ont réellement servi le film et
les photos des femmes rapatriées ? Pourquoi des promesses
non tenues ? C’est peut-être « une sale affaire » d’escroquerie,
affirme une femme.

Nous avons à maintes reprises contacté le couple de
« samaritains » pour avoir sa version des faits mais il a décliné
notre invitation. Même le "ferme engagement" pris par la
Blanche et le Noir de nous rencontrer le 4 janvier dernier, n’a
pas été respecté. Nous avons tenté, encore et encore, jusqu’à
cette phrase, dernière du journal à avoir été écrite.

Par Hervé D’AFRICK
Le Pays

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