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Education : Le conflit ivoirien et l’éducation dans les pays limitrophes

Publié le lundi 12 décembre 2005 à 09h08min

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La question de l’éducation en situation de pré conflit, de conflit et de post conflit, soulève nombre d’interrogations sur les stratégies éducatives des populations déplacées et migrantes (rapatriées et réfugiées) sur les politiques d’éducation à proposer ainsi que sur les évolutions récentes et le devenir des systèmes éducatifs perturbés.

Dans le contexte d’une Afrique de l’ouest agitée, le centre d’Etude, de Recherche et de Formation pour le Développement Economique et Social (CERFODES) a initié une étude intitulée : " Education et conflit en Afrique de l’ouest : conséquences du conflit ivoirien sur l’éducation dans les pays limitrophes ". La présentation des résultats de cette étude s’est déroulée le 09 décembre 2005 au Juvénat Saint Camille Garçon, secteur 29 (Dagnoe).

Dans le contexte burkinabè, les conditions de réinsertion scolaire des rapatriés ne peuvent pas faire l’objet d’une appréciation systématique compte tenu de l’inexistence de statistiques fiables. Néanmoins, les étudiants et les élèves représentent 3% de la population des rapatriés et des migrants de retour.

Pendant l’année 2003-2004, on a recensé 17.169 enfants de rapatriés scolarisés au Burkina Faso. Pour accueillir l’ensemble des élèves et étudiants, il aurait fallu construire 214 à 357 nouvelles classes. Si on suppose qu’une classe construite et équipée est de l’ordre de 5 millions de FCFA, un budget allant de 1.070.000.000 à 1.785.000.000 FCFA était nécessaire.

Cependant, l’offre éducative de l’Etat reste limitée. De manière générale, l’étude a relevé quelques problèmes auxquels le système éducatif burkinabè et les rapatriés scolarisés sont confrontés : les problèmes de fournitures, de manuels scolaires et de frais de scolarité, le manque de pièces administratives, les charges de fonctionnement et la perturbation pédagogique, l’inexistence de certaines filières et un suivi scolaire inexistant.

On note que de nombreux enfants ne sont pas scolarisés ou ne le sont plus. Le conflit ivoirien a eu un impact négatif sur les revenus de la migration, et donc aussi sur la scolarisation d’enfants burkinabè, restés au pays et qui dépendaient de ces revenus.

Cet état des lieux relève un besoin de connaissances, nécessaires pour l’élaboration et la mise en œuvre de politiques appropriées, qui débouche sur des propositions que formule le rapport final de la recherche :
- Un dénombrement exhaustif et un suivi des élèves et étudiants venus de Côte d’Ivoire, pour les trois niveaux d’enseignement (primaire, secondaire, supérieur) ;
- Une enquête, quantitative et qualitative, auprès d’un échantillon de familles ou de personnes venues de Côte d’Ivoire (rapatriées ou réfugiées) ;
- Une étude sociologique sur le phénomène des élèves et étudiants "diaspos " : représentations qu’en ont les Burkinabè restés au pays ; vécu des " diaspos " eux-mêmes et leurs rapports avec les autres et les acteurs du système scolaire ; etc. ;
- Une étude auprès d’un échantillon d’écoles, afin de documenter de manière plus approfondie la manière dont est " gérée " la scolarisation des enfants venus de Côte d’Ivoire, les problèmes rencontrés (classes surchargées, discipline, rapports entre élèves, etc.) ;

- Une évaluation de l’impact du conflit ivoirien sur la scolarisation des enfants et jeunes de familles burkinabè non migrantes, à travers la question du rôle des revenus issus de la migration dans la scolarisation au Burkina Faso ;
- Une investigation sur le devenir des enfants et jeunes Burkinabè, partant en Côte d’Ivoire pour travailler (via des réseaux...), et le risque d’un recrutement au sein des mouvements armés.

Cet état des lieux permet ainsi de disposer d’informations et de données générales sur la situation et les conditions de vie des rapatriés et des migrants, mais aussi de comprendre de façon spécifique ce que cette crise a pu induire comme effets sur la scolarisation des enfants rapatriés mais aussi des enfants restés au pays. L’école burkinabè devra donc tenir compte de la dimension de crise ivoirienne en termes d’offres et de demandes sociales d’éducation.

Bendré

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