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Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Urbain Méda, un juge taquin et serein

Publié le vendredi 11 février 2022 à 23h02min

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Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Urbain Méda, un juge taquin et serein

Après quatre mois de débats, le procès de l’assassinat de Thomas Sankara et de douze de ses compagnons tire inexorablement vers sa fin, après la phase des réquisitions du parquet militaire, mardi 8 février 2022. S’il y a bien une personne qui a marqué les esprits durant cette période, c’est bien le patron de la police de l’audience, le président de la Chambre de jugement du tribunal militaire, Urbain Méda.

« Qui juge lentement, juge sûrement », disait le philosophe grec Sophocle. Dès les premiers jours, le procès de l’assassinat de Thomas et de ses compagnons, débuté le 11 octobre 2021, il cristallisait l’attention des Burkinabè, surtout des familles des victimes qui ont dû attendre, 34 ans après les faits.

Si l’intérêt des Burkinabè pour ce procès s’est amenuisé avec le temps, situation politique et sécuritaire oblige, notons que les journalistes, eux, continuent de rendre compte des débats qui ont cours à la salle des banquets transformée pour l’occasion en tribunal militaire. Pas toujours avec la même ferveur, mais toujours avec le souci de rendre compte fidèlement des propos des différentes parties à chaque audience dont la police est assurée par le juge Urbain Méda.

Durant ces quatre mois, ce magistrat a su équilibrer les débats, décoincer accusés et témoins, apporter des éclats de rire dans la salle. En pédagogue, il a réussi à faire de chaque audience, un moment unique d’apprentissage.

D’ailleurs, Me Prosper Farama, lors de ses plaidoiries dira que « ce procès est un grand livre d’histoire qui représente 100 tomes de l’histoire du Burkina Faso ». L’Agent judiciaire de l’Etat, lui, regrette juste que la Chambre n’ait pas autorisé l’enregistrement de ce procès historique, ce qui aurait servi de cas d’école dans la formation des futurs magistrats.

Le parquet a exprimé sa satisfaction pour l’objectivité, la sérénité et la transparence du juge Méda dans le respect des principes sacro saints de la courtoisie. Et au nom de cette courtoisie, le présent de la Chambre de jugement n’hésite pas, parfois sur un ton enjoué, à rappeler aux avocats d’être précis dans leurs interrogatoires et de réserver leurs observations pour la phase des plaidoiries. Il faut aller à l’essentiel.

Lorsqu’un témoin se présente à la barre pour dire ce qu’il a vu ou entendu lors des événements du 15 octobre 1987, il arrive que des murmures se fassent entendre sur le banc de la défense. Mais vite le président Urbain Méda ramène les concernés à l’ordre. Il se veut également rassurant envers les accusés lorsque ceux-ci sont chargés par des témoins. « Ce n’est pas parce qu’il est témoin et qu’il vous charge que nous croyons plus en ses déclarations qu’aux vôtres. Ne vous en faites pas », a-t-il plusieurs fois lancé à des accusés.

L’on se rappelle également le jour où il a rejeté la requête du témoin Ismaël Diallo de voir les journalistes quitter la salle parce qu’ils n’auraient pas fidèlement rapporté ses propos. Après avoir émis l’hypothèse que la qualité du son pourrait expliquer les erreurs de notes des journalistes, Urbain Méda a rappelé aux hommes et femmes des médias la nécessité d’être fidèles dans leurs comptes-rendus. Du point de vue de la sérénité dans les débats, Urbain Méda rappelle un certain Seidou Ouédraogo, le juge du procès du coup d’Etat de septembre 2015.

L’autre spécificité de juge Méda est sa capacité à créer une bonne ambiance dans la salle d’audience, tirant certains de leur sieste causée par les questions répétitives ou les envolées lyriques des parties au procès.

Par exemple, après le témoignage de Issa Dominique Konaté, conseiller spécial de l’ex-président du Faso, Roch Kaboré, le juge lui a demandé de rester dans la salle d’audience pour la suite des débats, à l’instar des autres témoins. Mais Issa Dominique Konaté explique à la Chambre qu’il lui sera difficile de participer à toutes les audiences au regard de ses obligations professionnelles. « Votre patron (Roch Kaboré, ndlr) vous confie-t-il des dossiers tous les jours ? » « Non, répond le conseiller spécial qui tente d’expliquer que son emploi de temps est fonction du type de dossier à lui confié. Pour clore la discussion, Urbain Méda lâche « Dites à votre patron que nous avons besoin de vous ici ». Loin d’être impertinent, Urbain Méda ne fait que son job. Et il le fait bien. Jusqu’à présent.

HFB
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Crédit photo : L’Événement

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Vos commentaires

  • Le 11 février 2022 à 11:59, par Gwandba En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Urbain Méda, un juge taquin et serein

    Bravo donc à monsieur Méda. Comme les dit ce sont le médiocres qui provoquent l’histoire mais ce sont les grands esprits qui la font. Encore merci pour la disponibilité.
    Espérant que lorsque le jugement des détourneurs du MPP et affiliés va commencer, on aura des hommes de sa nature pour permettre à la lumière de jaillir surtout pour les ouagalais qui attendent de comprendre comment on peut obliger la mairie à louer des voiture à une société dont la famille du maire est actionnaire pendant que les voiries de la ville ressemblent à des pistes d’un village abandonné.
    Peut être pour permettre à la société dont la famille du maire est actionnaire de se faire des choux gras aussi pour les entretiens de voitures dont la ville n’a nullement besoin.

  • Le 11 février 2022 à 20:10, par Etirev En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Urbain Méda, un juge taquin et serein

    Fasonet = journal partisan ? Vous voila en train de faire de la publicite et le verdict final n’a pas encore ete prononce.
    Laissez la justice faire son travail. Alors existe-t-il des juges mediocres au Brukina ?

  • Le 12 février 2022 à 10:48, par SOME En réponse à : Procès « Thomas Sankara et douze autres » : Urbain Méda, un juge taquin et serein

    Il faut déjà se poser la question : pourquoi rédiger un tel article ? Que vise cet article ? Que recherche cet article laudateur qui s’apparente à un panégyrique ? A-t-on besoin de ça surtout dans énergie affaire de justice, juste avant les délibérations et le verdict ? D’autant plus que certaines questions qui auraient dû être posées tant aux témoins qu’aux accusés n’ont pas été posées. D’autant plus que certains qui auraient dû être inculpés ne l’ont pas été. Maintenant on vient louer taquin et enjoué du président du tribunal ! En quoi cela relève du droit ?

    Si l’intérêt des Burkinabè pour ce procès s’est amenuisé avec le temps, situation politique et sécuritaire oblige,..
Non monsieur le journaliste, les burkinabe ne se sont pas désintéressés pour une question de sécurité . Si tel était le cas ils ne se seraient jamais déplacés si nombreux des îles premiers jours du procès où justement il pouvait y avoir tentative d’obstruction pour ouvrir ce procès. Les burkinabe se sont détournés de ce procès car ils ont vite vu la tournure que ça a appris : le sort est déjà joué car les dés étaient déjà pipés. Il ne fallait pas attendre grand chose de ce procès qui n’estrieln d’autre qu’un deal politique. Pas pour arriver à la vérité.

    Le refus contre toute logique, d’enregistrer ce procès nous en donnait le signal et en posait le cadre. Il est plus dommage que « ce procès [qui] est un grand livre d’histoire qui représente 100 tomes de l’histoire du Burkina Faso » ne soit pas conservé pour la mémoire collective et constituer une psychothérapie collective dont l’Afrique a besoin. Ce devrait être le début de la réconciliation nationale. Je crains que ce ne soit le contraire.

    Malheureusement tout semble converger vers ce que je disais dès le début du procès : la vérité n’en sortira pas. Et le vaillant peuple burkinabe l’a vite compris. Votre article me le confirme après les réquisitions du procureur.
SOME

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