Ibrahima Maïga, membre fondateur du mouvement « Sauvons le Burkina Faso » : « Je n’ai absolument rien à voir avec l’arrivée du MPSR »
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Même s’il refuse le qualificatif d’activiste, Ibrahima Maïga fait partie de ceux qui sont très prolifiques sur les réseaux sociaux burkinabè. Il est, par exemple, président d’honneur et membre fondateur du mouvement « Sauvons le Burkina Faso » qui a été à la pointe des contestations qui ont sans doute contribué à l’avènement du Mouvement Patriotique pour la Sauvegarde et la Restauration (MPSR). Lefaso.net l’a interrogé en ligne pour en savoir un peu plus sur son parcours et ses motivations.
Rappelez-nous votre parcours
J’ai précédemment travaillé comme journaliste et propriétaire du bimensuel Sahel info jusqu’en 2014. Arrivé aux États Unis avant l’insurrection de 2014, je me suis concentré sur des études en sciences politiques, relations internationales et cyber sécurité. Je suis actuellement en poste au département du Trésor des États Unis.
Vous êtes actif sur les réseaux sociaux à propos de la situation au Burkina Faso ; de quand date cet activisme ?
Ce n’est pas de l’activisme mais l’expression de la révolte et de l’amour pour ce pays. J’ai toujours été actif depuis 2010, mais mon engagement sur les réseaux sociaux a pris une véritable tournure en 2017.
Qu’est-ce qui a déclenché et quelles sont les raisons de cet engagement ?
La situation sécuritaire du pays, les déplacés, les morts et la négligence des autorités m’ont forcé à sortir de mon silence et dénoncer les manquements.
Quelles sont les différentes initiatives que vous avez lancées dans ce sens ?
Nous avons au départ essayé de partager avec les dirigeants des approches plus adaptées, mais malheureusement ils étaient dans une position qui ne favorisait pas l’ouverture. Nous avons ensuite, avec des camarades, mis sur pied le Mouvement sauvons le Burkina Faso pour aider à imposer un changement.
Parlez-nous un peu plus du mouvement "Sauvons le Burkina" ; comment est-il né ?
Il est parti du constat que pour être efficace face à un régime qui n’écoute pas, il fallait aller au-delà de la critique. Ainsi, nous avons décidé de convertir les abonnés Facebook en force de changement. De là est né d’abord un groupe Telegram qui a fédéré les révoltés pour ensuite se convertir en force sur le terrain.
Quelles sont les grandes difficultés que vous rencontrez ?
La difficulté majeure c’est le fait qu’il y a très peu de sincérité de certains acteurs de la société civile qui nous approchent soit disant pour lutter à nos côtés, mais avec des agendas. Cette pratique mine les efforts de ceux qui luttent sincèrement pour la patrie.
Quel bilan faites-vous de votre engagement ?
Le bilan est satisfaisant puisque nous arrivons à maintenir le cap et c’est le plus important parce que la lutte elle est permanente.
Avez-vous d’une manière ou d’une autre participé à l’avènement du MPSR ?
Ça sera prétentieux de ma part de le dire et je ne peux le dire parce que je n’ai absolument rien à voir avec l’arrivée de ce mouvement, même si je partage leur vision.
Qu’attendez-vous du MPSR ?
Des résultats, des résultats et encore des résultats. Ils doivent éviter les pièges de leurs devanciers en faisant des résultats une priorité. Ils doivent aussi éviter un quelconque type d’exclusion en prenant le soin d’identifier des compétences et de travailler avec eux.
Peut-on voir le mouvement "Sauvons le Burkina Faso" se structurer en parti politique ?
Le mouvement Sauvons le Burkina Faso n’est pas dans cette dynamique même si les orientations du mouvement peuvent évoluer avec le temps selon le vouloir de ses membres, mais pour moi, ça sera une erreur puisque ça va définitivement limiter l’efficacité et la capacité à fédérer de l’organisation.
A votre avis, quelles sont les perspectives du Burkina Faso dans les années à venir ?
Nous allons traverser des moments difficiles, mais nous allons réussir à réinventer notre histoire si vraiment le peuple fait le choix de faire du destin du pays une priorité.
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